Annulation de la conférence de Marine Le Pen à l’ESCP : les associations de gauche interdisent le débat d’idées

Escp-Paris

L’association Tribunes ESCP, qui organise des conférences des candidats à la présidentielle au sein de la prestigieuse école de commerce, avait invité Marine Le Pen. La direction de l’école vient de faire savoir que cette conférence était reportée, essentiellement pour des raisons d’ordre public. Les associations de gauche, pourtant ultra-minoritaires dans l’établissement avec 700 étudiants, soit 3,5% des effectifs selon Valeurs actuelles, ont donc eu la peau du débat d’idées à l’ESCP, connue comme la plus vieille école de commerce du monde. En France, à quelques encablures de la Sorbonne, la disputatio n’a plus droit de cité. La méthode du chantage à la violence et au chaos, méthode anarchiste tout autant que mafieuse, a fonctionné. À l'ESCP, l’association Tribunes propose en cette année présidentielle d’inviter tous les candidats à venir s’exprimer devant les élèves : fin septembre, Jean-Luc Mélenchon est venu parler sans heurts ni tapage. Comme nous l’explique Hippolyte Vérac, cofondateur de l’association Les Grandes Écoles avec Zemmour, pas un membre de cette association n’aurait eu l’idée d’interdire un candidat de s’exprimer. Au contraire, nous dit-il, nous avons, courtoisement mais fermement, participé au débat. Un autre invité a pu s'exprimer. Vendredi 10 décembre, il est un peu plus de 13 heures quand le nom de cet invité spécial de l’association Tribunes de l'ESCP est dévoilé : il s'agit d'Éric Zemmour. Le candidat à l'élection présidentielle interviendra le soir-même devant les étudiants, ceux qui formeront demain les bataillons de l’élite financière et entrepreneuriale française. Zemmour ? Stupeur et tremblements ! Les associations gauchistes, woke, féministes et LGBT du campus ont à peine le temps de s’organiser : si elles peinent à troubler la conférence, qui a bien eu lieu, elles entendaient faire suffisamment « le buzz » pour interdire l’expression de tout candidat portant une parole dérangeante, comme le fut celle d’Éric Zemmour abordant, ce jour-là, la propagande des associations LGBT dans l’Éducation nationale.

Franck Bounois, le directeur de l'ESCP, a tenu à envoyer à ses élèves une vidéo où il prend ses distances avec les propos d’Éric Zemmour : « Je réitère ma condamnation ferme de ces propos […] je tiens à la neutralité partisane de l'ESCP et les valeurs qui nous engagent ne sauraient être déconnectées de nos décisions. » Puis, évoquant « la question extrêmement brûlante des limites à la liberté d’expression », il affirme vouloir « maintenir ce cycle de débats en renforçant les mesures destinées à garantir la sécurité de notre communauté, la sérénité des débats et le respect de nos valeurs […] ces rencontres organisées par et pour les étudiants ont vocation à développer leur esprit critique et leurs capacités de discernement […], nos valeurs de diversité et, j’insiste, de pluralisme, seront explicitement rappelées au début de chaque rencontre de ce cycle présidentiel. » Le directeur de l’ESCP a, semble-t-il, été dépassé par sa gauche…

En 2011, il y a dix ans donc, Marine Le Pen avait déjà dû renoncer au dernier moment à tenir une conférence à l’université de Paris Dauphine à l’initiative de l’association Dauphine Discussion Débat. Un de ses membres disait alors à un journaliste du Point : « L'association est apartisane, on n'est pas du tout pro-Front national, mais comme on croit au débat et à la démocratie, on est tout à fait prêt à recevoir Marine Le Pen. » Dauphine avait reçu, à l’époque, Jean-Pierre Chevènement et Dominique de Villepin. Là encore, c’est par la violence que le débat avait été empêché : un membre de Dauphine Discussion Débat avait même reçu un coup de poing en pleine figure. Tout un symbole.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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