[ANIMAUX] Rillette sauvée en référé : la mobilisation populaire a payé

Rillette et Elodie. D.R.
Rillette et Elodie. D.R.

Le combat paraît gagné, pour Rillette, cette sympathique laie sauvée par Élodie, à Chaource, et que l’OFB, la préfecture et le procureur de Troyes voulaient euthanasier ou, si on les empêchait de commettre ce funeste projet, séparer de sa maîtresse. Élodie et Rillette ont trouvé une oreille juridique attentive, humaine et raisonnable auprès du tribunal administratif de Chalon-sur-Saône. Saisi en référé, il a rendu sa décision il y a quelques jours.

Le préfet de l’Aube avait, par trois fois, notifié à Élodie son refus de régulariser l’animal au motif que l’animal, « directement prélevé dans la nature, n’a pas d’origine licite et ne pourra jamais en disposer ». En parallèle, Élodie se voyait notifier une menace d’euthanasie de Rillette (courrier du préfet, 24 juillet 2023), puis une menace de la voir confisquer (communiqué de presse du procureur de la République de Troyes, 17 décembre 2024). Et cela, alors que, comme Élodie le racontait à BV, Rillette vit dans des conditions adaptées à sa nature de Sus scrofa (sanglier, NDLR), tout en se conduisant comme un animal domestique, affectueuse, joueuse, en parfaite entente avec les humains et les chiens de la famille, au sein de la ferme de chevaux qu’Élodie dirige.

La décision préfectorale suspendue

Le tribunal estime qu’Élodie respecte l’article L412-1 du Code de l’environnement, qui veut que « les conditions d’hébergement des animaux [soient] de nature à satisfaire à leurs besoins et ne portent atteinte ni à la santé, ni à la sécurité, ni à la tranquillité publiques » - et cela, sans que l’article n’y mette d’exigence de licéité, contrairement à ce que prétendait la préfecture. Par ailleurs le « prélèvement » de Rillette (en fait, son sauvetage) ne va pas à l’encontre de « la préservation de l’espèce en cause », une espèce qui, on le sait, prolifère en France.

La légalité de la décision préfectorale étant mise en doute, les menaces d’euthanasie et de confiscation de Rillette - et de poursuite pénale pour Élodie, qui encourait trois ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende - ont été suspendues. Et « il est enjoint au préfet de l’Aube de réexaminer la demande déposée par [Élodie] le 12 novembre 2024, dans un délai d’un mois à compter de la notification de la présente ordonnance ».

Rillette attend maintenant sa régularisation

Jointe par BV, la maîtresse de Rillette interrompt son travail à l’écurie, où un cheval vient d’être opéré par le vétérinaire, pour nous répondre : « Je me réjouis, bien sûr, de cette décision. Mais j’estimerai qu’on a gagné lorsque j’aurai l’autorisation de la préfecture en main. » Une méfiance de bon sens, même si, « au vu de l’ordonnance, la préfecture perdrait toute crédibilité en ne régularisant pas Rillette ». Élodie prévient : « Si la préfecture me donne de nouveau tort, ce serait de l’acharnement avéré. La prochaine étape serait alors le Conseil d’État : je ne baisserai pas les bras. »

Il en faut, des attendus et des considérants, des courriers et des audiences, pour prendre une décision de bon sens ! Que de papiers timbrés échangés, que de fonctionnaires, hauts et petits, occupés à compliquer une affaire fort simple. On apprend dans le même temps que le procureur de Troyes, dont l’attitude a engendré une mobilisation massive de Français anonymes ou connus (dont Brigitte Bardot), quitte le tribunal. Elle rejoint le cabinet du directeur général de la gendarmerie nationale en tant que conseillère justice. Pourvu que ce directeur n’élève pas en secret quelques sangliers : il lui en cuirait.

Le préfet de l’Aube, Cécile Dindar, a elle aussi quitté son poste à l’automne dernier pour devenir directrice de cabinet de Françoise Gatel, ministre chargé de la Ruralité. Souhaitons, pour le bien de la ruralité, qu'elle s'y assouplisse. Son successeur à la préfecture, Pascal Courtade, s’honorera en régularisant la laie. Moralité de l’histoire ? Les préfets passent. Les procureurs s’en vont. Rillette reste !

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Quid des cochongliers et sanglochons ? la législation dans ce domaine me semble bien plus laxiste que la détention illégale d’un bébé sanglier , qui a première vue ne présente pas de danger pour la société et l’environnement .

  2. Rillettes est devenue un animal Domestique rien à voir avec des hordes de sangliers qui détruisent des cultures. Nous n’avons plus d’hiver et les sangliers se reproduisent car il n’y a plus de sélection naturelle et maintenant il faut faire des chasses administratives pour pouvoir réguler .si rillette s’était sauvée pour rejoindre ses congénères la situation était différente. Dans la ruralité il y a des nuances et quand l’administration comprendra cela les poules auront des dents !!!

  3. On oublie dans cette affaire que, la prolifération des sangliers est d’abord le résultat d’une politique d’agrainage qui consiste à fabriquer du sanglier à tuer pour le plaisir des chasseurs, et que de tels animaux ne sont pas, en fait, des animaux sauvages, mais à moitié des animaux domestiques. Donc dans l’affaire Rillette, dont je me réjouis de la conclusion en tant que Défenseur des Animaux, je dirais : beaucoup de bruit pour rien. Rillette est un animal domestique, point barre.

    • Entièrement d’accord avec vous (je m’investis dans la protection animale). De plus ces animaux ont été importés car les vrais sangliers sauvages n’étaient plus assez nombreux — ils adaptent leur reproduction à la surface réduite de leur territoire — pour les chasseurs assoiffés de sang. La maman de cette petite Rillette avait probablement été tuée et elle n’aurait pas survécu seule.

  4. Il y a des gens, comme ce préfet qui sous prétexte de préserver la nature est prêt à euthanasie un animal, vivant heureux, en pleine santé, sans faire prendre de risques à personne, simplement parce que la loi dircwu’on ne doit avoir d’animal sauvage chez soi… Ça rejoint la grande subtilité des gendarmes qui on mis un PV à un automobilste qui payait au peagecavec son telephone parcexsue

    • Oh oui ! Et les préfets font moins de tralala quand il s’agit de régulariser les clandestins qui sont vraiment dangereux, eux !

  5. Des rillettes de sanglier, c’est délicieux pourtant. L’homme ne fait qu’un avec la nature depuis ses origines et il en sera ainsi jusqu’à la nuit des temps. Désolé Rillette, il n’y a rien de personnel.

  6. Il est vrai que la justice française est communément reconnue comme oisive et cherche, pour tuer le temps, à prendre en charge des causes essentielles à la préservation de la tranquillité publique. Le calme sécuritaire qui règne sur le territoire, caractérisé par l’atmosphère sereine, débarrassée des oripeaux du trafic de drogue, du banditisme, du terrorisme islamique, de l’extension des territoires perdus de la République, est l’occasion idéale de se saisir de faits divers dramatiques comme la détention d’un sanglier domestiqué. Heureux sommes-nous en France de ne souffrir que de si anodines billevesées ! Le monde entier s’extasie de tant de concorde citoyenne.
    Seule l’Algérie s’indigne de la survie d’un animal aussi diabolique .

  7. Que cette dame ait un sanglier comme animal de compagnie, pourquoi pas, à la condition expresse qu’elle ne mette pas un seul sabot à l’extérieur de la propriété. Le sanglier est une espèce qui fait par ailleurs de nombreux ravages. Personnellement, alors que je roulais dans une forêt en normandie, un sanglier a jailli du fossé juste devant ma voiture et je me suis retrouvée dans le fossé de l’autre côté de la route, heureusement aucune voiture n’arrivant en sens inverse. Je m’en suis bien tirée mais ça aurait pu très mal finir. Avec des chiens et des chevaux, avoir en plus un sanglier comme animal de compagnie…….

    • Pour le cas où vous ne l’auriez pas compris, il s’agissait du sauvetage d’un tout petit bébé marcassin. Cette petite laie, qui n’aurait pas survécu seule, aurait alors connu une mort atroce.

  8. Mais pour une Rillette sauvée d’un terrible destin combien de porcs meurent chaque jour à l’abattoir avant de terminer dans nos assiettes ? Quelle insupportable injustice !

    • C’est la triste réalité. Mais c’est la loi de la nature de tuer pour se nourrir. Nous humains, nous possédons la loi de l’étourdissement avant l’abattage. Les porcs devraient tous en bénéficier, mais qu’en est-il des autres animaux ?

      • Il n’est plus indispensable de tuer pour se nourrir, nous n’en sommes plus à la dernière glaciation ! la terre et les arbres regorgent de fruits, graines, plantes et racines, pour peu que les abeilles et les oiseaux soient laissés en paix..

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