Contribuables associés vient de publier un article sur les ambassadeurs thématiques. Ils sont douze, ces ambassadeurs sans ambassade. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Que coûtent-ils ? Au micro de Boulevard Voltaire, Benjamin Izarn répond à ces questions.

On parle depuis quelques jours des ambassadeurs thématiques. Plusieurs personnes ont soulevé ce sujet. Qui sont ces gens-là ?

Contribuables associés a rédigé un article sur le coût des ambassadeurs thématiques. Ces ambassadeurs thématiques sont payés par le ministère des Affaires étrangères, c'est-à-dire par nos impôts.
Ils peuvent gérer une zone géographique élargie. C'est le cas, par exemple, de la mer Noire, la Méditerranée, la coopération dans la zone Antilles-Guyane. Ils peuvent aussi gérer un enjeu spécifique. C'est le cas, par exemple, de la lutte contre le VIH (SIDA), la protection de l'environnement, la lutte contre le terrorisme.
Un ambassadeur thématique est un ambassadeur sans ambassade, mais payé comme ambassadeur.

Vous parlez de la lutte contre le SIDA, la lutte contre le terrorisme, le réchauffement climatique. On a vu le cas de Ségolène Royal, qui est ambassadrice des pôles. Est-ce que ce ne sont pas des missions qui incombent déjà à d'autres gens ?

Ces missions ne sont pas l'apanage d'un ambassadeur. On se demande pourquoi l'État rémunère des ambassadeurs pour ces missions. Ségolène Royal est ambassadrice des pôles. Elle n'aura pas une ambassade dédiée là-bas, elle ne sera pas chef de mission diplomatique. C'est un titre ronflant et prestigieux attaché à une rémunération assez opaque.
Par cette nomination, Emmanuel Macron a donné ce titre à Ségolène Royal.

Vous l'avez dit, il s'agit du ministère des Affaires étrangères, donc d'argent public. A-t-on une idée du prix que coûtent ces ambassadeurs ?

C'est difficile d'établir un coût pour les ambassadeurs thématiques. Je peux simplement vous dire qu'en 2013, un sénateur socialiste a déposé un amendement au projet de loi de finances qui leur alloue 725.000 euros, hors rémunérations. L'ambassadeur aux droits de l'homme, chargé de la mémoire et de la Shoah, par exemple, avait une enveloppe de 160.000 euros. Il est difficile d'évaluer les sommes exactes dévolues aux ambassadeurs thématiques.
Ce qui est sûr, c'est qu'il y a douze ambassadeurs thématiques payés par l'argent des contribuables, dont les missions sont financées par l'argent des contribuables. C'est un gaspillage d'argent public et payé par nos impôts.

Vous avez donné le nom de Ségolène Royal, mais il y en a d'autres. Quand on pense Ségolène Royal, on se dit qu'Emmanuel Macron a peut-être voulu tout simplement recaser une amie. Est-ce que ce n'est pas un peu l'idée qui est derrière ces ambassadeurs thématiques ?

Effectivement, Ségolène Royal souhaitait avoir un poste au gouvernement. Comme elle ne l'a pas obtenu, Emmanuel Macron l'a nommée ambassadrice des pôles. Elle succède à Michel Rocard, décédé en 2016, dont le poste a ensuite appartenu à des diplomates.
Il n'y a pas qu'elle. Par le passé, Xavier Darcos et Gilles de Robien ont été ambassadeurs thématiques. Actuellement, Jean-Bernard Nilam, ancien directeur de cabinet du ministre des Outre-mer, est devenu ambassadeur thématique.
Il y a un certain nombre de recasages pour des politiques, mais c'est aussi un recasage doré pour des diplomates.
Le statut de la fonction publique empêche de licencier quelqu'un dont on n'aurait plus besoin ou qui ne travaille pas suffisamment bien. Les licencier est réellement difficile. Cela permet de recaser un certain nombre de diplomates en fin de carrière pour les mettre sur des missions moins prestigieuses, mais très bien rémunérées.

Vous avez égrainé les différents thèmes de ces ambassades. Y a-t-il du travail à faire sur ces sujets-là ? Sait-on ce qu'ils font très concrètement ? Des rendez-vous, des voyages ?

Vous pouvez trouver la liste cachée des douze ambassades thématiques dévoilée sur le site Internet de Contribuables associés. On sait qu'il y a des frais de missions et des voyages d'effectués. On imagine que Ségolène Royal va sans doute saluer quelques pingouins. On ne sait pas exactement quelle est leur mission, quelle est l'utilité de l'argent public qui est ainsi dévoyé.
Une chose est sûre, c'est de l'argent public, c'est l'argent de nos impôts, c'est l'argent de nos contribuables.
Est-ce que nous avons besoin d'avoir des ambassadeurs thématiques dévolus à la protection de l'environnement alors qu'on a déjà un ministère dédié à cela ? Est-ce qu'on a besoin d'avoir des doublons de cette façon, qui sont payés par le ministère des Affaires étrangères, c'est-à-dire par nos impôts ? Ces ambassadeurs thématiques semblent être, pour nous, un gaspillage d'argent public qui n'a pas lieu d'être.

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16 juillet 2017 à 23:34

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