Alors, la Hongrie, homophobe ou pas ?
On se souvient de la violence des réactions de certains dirigeants européens lors du vote, à la mi-juin, par 157 des 199 députés hongrois, d’une loi de protection de l’enfance interdisant la promotion des théories LGBT dans les écoles, que ce soit par les enseignants ou par des associations extérieures, ou dans les médias s’adressant aux mineurs.
Une loi tout à fait contraire à nos valeurs et à notre droit, d’après Macron. Un scandale, selon son secrétaire d’État Clément Beaune. Une honte, pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte allant même plus loin en déclarant que la Hongrie n’a plus rien à faire dans l’Union européenne.
La loi, qualifiée d’homophobe, suscite aussi un torrent d’indignation dans les médias occidentaux qui y voient une atteinte aux droits des homosexuels. Sans aller jusqu’à soutenir que l’endoctrinement des enfants par les théories LGBT est un droit pour les homosexuels, les journalistes progressistes affirment que les homosexuels sont brimés en Hongrie. France Info arrive même à dénicher huit citoyens LGBT qui racontent comment le régime de Viktor Orbán les traite en ennemis.
Mi-juillet, la Commission européenne annonce avoir lancé une procédure d’infraction contre la Hongrie à propos de cette loi. L’exécutif européen estime que la Hongrie n’a pas réussi à lui expliquer en quoi l’exposition des enfants à des contenus LGBT serait préjudiciable à leur bien-être. Il s’agit de la première étape d’une procédure qui peut mener à la saisine de la Cour de justice de l’Union européenne, puis à des sanctions financières.
Une semaine plus tard, Orbán réplique en annonçant la tenue prochaine d’un référendum pour vérifier si les Hongrois soutiennent bien sa loi sur la protection de l’enfance. Cinq questions leur seront posées sur ce qui est présenté comme des exigences de l’Union européenne : la promotion des théories LGBT dans les jardins d’enfants et les écoles ainsi que les traitements de changement de sexe pour les mineurs. L’Union européenne n’aime pas du tout les référendums. Le premier sondage d’opinion annonce un rejet massif des exigences bruxelloises.
Surprise ! Le week-end dernier avait lieu la traditionnelle Gay Pride à Budapest. Les homosexuels brimés ou traités en ennemis pourraient donc parader librement. 15 à 20.000 participants, un succès, d’après la presse hongroise d’opposition, qui y voit une réponse à la loi homophobe. Il est vrai que toute l’opposition - socialiste, écolos, libéraux et même le Jobbik, ancien parti d’extrême droite qualifié de conservateur depuis qu’il a abandonné sa rhétorique antisémite et anti-tzigane - avait appelé à participer à cette marche. Peu de femmes à barbe ou d’hommes en string et bas résilles dans le cortège, mais beaucoup de militants politiques. À l’issue du défilé, les marcheurs ont pu entendre plusieurs allocutions dont celle du premier député européen transsexuel ainsi que celle du maire de Budapest, une sorte d’Hidalgo masculin.
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