À court d'idées, le réalisateur Mathieu Kassovitz ? Aussi, est-ce lui qui se chargera de la récupération politico-cinématographique de l'affaire Traoré ? Dans une interview fort aimablement accordée au Parisien, le 4 août, le réalisateur a dit toute l'émotion qu'il éprouve pour le comité Vérité pour Adama, et que faire un film sur l'histoire d'Assa Traoré serait un très bon sujet.

À 100 % contre les gilets jaunes dont il avait traité les revendications de « bourgeoises » mais plutôt du côté des casseurs qui « cassent pour obtenir des choses » ; à « 100 % » avec Assa Traoré mais bien silencieux face aux yeux éborgnés et autres mains arrachées quand il s'agit du « peuple qui se bat pour protéger son confort et n'a aucune conviction », rien d'étonnant à ce que Kasso qui, depuis des années, question long métrage, n'a plus rien à se mettre sous la dent, pense peut-être, grâce à la délicieuse famille Traoré, se refaire une santé.

Il faut dire que le « combat d'Assa Traoré » a tout pour lui plaire, à Kasso. Pensez, en plus d'être issue de la diversité, elle accuse « les policiers d'avoir tué volontairement son frère ». Car, on ne sait pas trop pourquoi, les policiers, il ne les « kiffe » pas, le réalisateur de La Haine. Il en réduirait volontiers les effectifs et les verrait bien « désarmés ». Il est vrai que la caste politique appelant désormais « incivilités » des tentatives d'assassinat, nul besoin de porter un pistolet...

Mais quelle aubaine, le combat d'Assa, quand on est en mal d'inspiration depuis son dernier film (L'Ordre et la Morale), un bide, en 2012 ! Une super occasion de montrer « la violence étatique autour de cette histoire », dit-il. Quelles violences, en effet, de la part de l'État d'avoir autorisé le clan Traoré à manifester à peine déconfiné, d'avoir laissé dessiner, dans l'espace public, les gigantesques fresques de George Floyd et d'Adama. Enfin, quel manque de respect à l'égard de la sœur, qui a écumé les établissements scolaires pour faire la promotion de son bouquin et marteler le thème des violences policières...

Ah, Kassovitz, son sens du réel et sa subtilité ! S'il réalisait un film sur les malheurs des Traoré, on verrait bien la polygamie du père transformée en amour pour les femmes ; les trafics et les condamnations de certains de ses fils ou le « passé judiciaire particulièrement lourd d'Adama » (Marianne) revus et corrigés en difficultés économiques et financières pour cause de racisme systémique des Gaulois réfractaires. Et dans les agressions sexuelles qu'aurait commises Adama Traoré sur son codétenu (indemnisé par la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions), un insoutenable manque psychoaffectif...

Un sacré partisan de la liberté, aussi, le « narcissique et prétentieux » Kassovitz (c'est lui-même qui le dit) ! Il déplore qu'en France, contrairement aux États-Unis, « on ne [puisse] pas obliger pas obliger les gens à en engager d'autres parce qu'ils sont noirs […] ». Et le revoilà, avec ses vieilles lunes : « De toute façon, la France est métissée : les racistes ont perdu leur combat, leur discours est obsolète. » Après avoir dit cela, Kassovitz se sent mieux.

Kassovitz caresse-t-il l'idée de dépasser, avec les Traoré, le succès (Les Misérables) de son adorable ami Ladj Ly ? Eh bien, qu'il rêve, celui qui « enc... le cinéma français » !

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05 août 2020 à 14:30

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