Affaire Griveaux : foutez-moi ça dans l’avion !
Bruno Questel, vous connaissez ? Vous avez dû le voir si vous êtes accro des interminables débats commentant l’actualité, les commentaires de l’actualité, voire les commentaires des commentaires de l’actualité. Jusqu’à récemment, l’homme n’était connu que de ceux qui s’intéressaient à la vie politique de l’Eure. C'est-à-dire pas grand monde, si on n’habite pas dans l’Eure… Et encore. Après avoir vagabondé du Parti radical de gauche au Parti socialiste, il entend l’appel de Macron, rejoint La République en marche et décroche la timbale en se faisant élire député, en 2017, dans l’élan que l’on sait. Depuis 2018, il vice-préside le groupe de La République en marche à l’Assemblée nationale et se coltine régulièrement les plateaux télé pour apporter la bonne parole, non sans talent.
Vendredi dernier, mission délicate : Questel était dépêché sur LCP après le renoncement de Benjamin Griveaux à briguer la mairie de Paris pour les raisons que l’on sait. La meilleure défense étant l’attaque, le député de l’Eure n’y va pas par quatre chemins et s’en prend vigoureusement à Piotr Pavlenski par qui, dit-on, le scandale serait venu. « Qu'on foute ce mec dehors ! Il est réfugié politique, il se comporte comme un salopard. S'il y a une première chose à faire, c'est de le mettre dans un avion direction la Russie et il verra avec M. Poutine s'il peut faire ce genre de connerie. » Disons-le tout net, le Piotr Pavlenski n’inspire pas spontanément la sympathie. Pourtant, début 2017, il était venu se réfugier en France avec sa famille. Paraît qu’il était persécuté par Poutine. « Artiste performeur », entre autres excentricités, l’homme s’était cloué les choses de la vie sur la place Rouge. Faut reconnaître, un, qu’il faut en avoir, deux, en vouloir.
Aussitôt arrivé en France, il avait tenté d’incendier la porte d’une succursale de la Banque de France à Paris. Les gens ont de ces idées, parfois ! Depuis 2017, il semblerait qu’on n’entendait plus trop parler de l’artiste. C’est donc un retour en fanfare qu’il nous fait. Jusque-là, l’homme était un persécuté de l’odieux régime de Poutine. Un a priori sympathique entourait forcément le personnage. Mais voilà que ce galeux crache dans la soupe en jetant l’opprobre sur l’un des premiers apôtres d’EM ! Ça, ça ne passe pas. On est quasiment dans le crime de lèse-majesté. Ravaillac et Damiens, à côté, on est au niveau de l'incivilité, de la contravention de 4e catégorie, au pire, du rappel à la loi. Bourreau, fais chauffer les tenailles. Remarque, il aimera peut-être, le Piotr... Deux sacralités s’entrechoquent, du coup. Celle qui touche, de près ou de loin, à Emmanuel Macron - or, ne l'oublions pas, Griveaux tenait le dais le jour du sacre. Celle du droit d’asile qui, tout d'un coup, devient beaucoup moins sacré et négociable.
Alors, extrapolons. Élargissons la problématique, comme on dit. Prenons au mot les recommandations de Bruno Questel. Foutez-moi ça dans l’avion ! Direction ? Où vous voulez, mais ailleurs. Loin. Tiens, chez eux. Ils verront si, là-bas - chez eux, quoi -, on peut faire ce genre de connerie, si on a ses trois repas et la télé en prison. Précisons qu’outre politicien, Bruno Questel fait aussi avocat, comme métier.
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