À défaut de nains, les médias voient des nazis partout

Se faisant l’écho d’un nombre grandissant d’Allemands éreintés par le flux migratoire qui leur a été imposé, un élu d’outre-Rhin, Manfred Weber, de la CSU (Union chrétienne-sociale en Bavière, classée au centre droit), aurait eu, selon les médias, une phrase malheureuse sur les ondes de la radio publique bavaroise : "En 2018, le thème central européen est la solution définitive de la question migratoire" (Valeurs actuelles).

De prime abord, pas de quoi fouetter un chat, mais il s’agit d’un député allemand, et cette phrase a été rapprochée d’une autre, plus funeste, "la solution finale de la question juive", dont les modalités ont été fixées le 20 janvier 1942 : "Dans une villa réquisitionnée dans la banlieue de Berlin, au bord du lac de Wannsee, une réunion est organisée par Reinhard Heydrich à laquelle prennent part quinze hauts fonctionnaires du Parti nazi et de l’administration allemande" (Mémorial de la Shoah).

Si l’on ajoute à cela que Manfred Weber a soutenu la participation du Premier ministre hongrois Viktor Orbán à une réunion de son parti, le tableau est complet. Sauf que l’élu allemand en question se défend d’être un nostalgique du régime nazi et déclare qu’il n’a eu aucune arrière-pensée en utilisant cette expression, que des journalistes malintentionnés n’ont pas manqué de transformer pour la rendre plus conforme à la reductio ad hitlerum : "Migrants. Manfred Weber parle de “solution finale” et crée la polémique", a ainsi titré Ouest-France, toute honte bue.

La chasse aux sorcières nazies, qui avait sa raison d’être lorsqu’il s’agissait de traquer Adolf Eichmann entre autres, devient franchement malsaine quand elle s’immisce insidieusement là où elle n’a pas sa place. Certes, il serait vain d’ignorer la fascination qu’exerce encore le IIIe Reich sur certains esprits détraqués, mais de là à sortir le monstre du placard à tout va, c’est à la fois malhonnête et outrageant pour ses victimes d’hier.

Qu’importe, on en use et on en abuse. Par exemple, en France, lors de la campagne présidentielle de 2012, dans la sinistre émission "On n’est pas couché", une image avait été diffusée représentant l’arbre généalogique de la candidate Front national en forme de croix gammée. On peut reprocher beaucoup de choses à Marine Le Pen, mais elle a fait la preuve de son dégoût pour le nazisme.

Même le président turc s’en donne à cœur joie, évoquant, en mars 2017, des "pratiques nazies", "au sujet d’une série d’interdictions de meetings électoraux pro-Erdoğan en Allemagne" (Le Point).

À force, on banalise ce qui ne devrait jamais l’être et on brouille les cartes, car le nazisme répond à une idéologie précise qu’on ne saurait voir là où elle ne se trouve pas. Par contre, les crimes de masse perpétrés contre la Vendée par les révolutionnaires pourraient sans problème être comparés à la folie meurtrière nazie. Et, comme l’explique Michel Chamard – Les Guerres de Vendée pour les nuls –, ils relèvent bien du génocide selon la définition de Raphael Lemkin.

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