À Notre-Dame-des-Landes, pour Macron, c’est « je fais ce que j’ai dit », vraiment ?

Relisons les déclarations d’Emmanuel Macron au sujet de Notre-Dame-des-Landes. Le 17 décembre dernier, le chef de l'État l'assurait : "Je fais ce que j'ai dit. Ça étonne peut-être, ça en contrarie d'autres, ça fait peut-être longtemps que ce n'était pas arrivé."

Pourtant, quelques mois avant, il affirmait, en avril : "J’ai dit et rappelé qu’il y a eu une consultation publique de type référendaire, qu’elle s’est exprimée et qu’elle a dit oui au projet. Donc, je ne peux pas, aujourd’hui, être dans une situation où je déchire, j'arrive et je dis “Avec moi, il n’y aura pas Notre-Dame-des-Landes”, parce qu’à la fin des fins, ça envoie deux messages qui sont très négatifs : le premier, on ne respecte pas les consultations publiques quand elles ne nous arrangent pas, ça va pas, et le deuxième, ça veut dire qu’on ne peut plus avoir quelque projet que ce soit dans le pays parce que vouloir le bloquer suffit, en quelque sorte, à tout empêcher de manière durable."

Hugh ! J’ai dit. Donc, l’aéroport ne se fera pas : c’est, selon Hulot, la meilleure des mauvaises solutions ; pareil son de cloche du côté de Philippe. Mais non, il n’y a pas de contradiction, c’est logique, humain, démocratique. Où va-t-on, si on se tient lié par ses promesses et déclarations ?

Rappelez-vous les grands hommes : "La France de Dunkerque à Tamanrasset" ; et Mitterrand candidat à la présidence qui promettait le droit de vote aux étrangers établis depuis cinq ans dans le pays, pour mieux reculer une fois élu. Parce que, n’est-ce pas, les gens n’étaient pas prêts. Les croyait-il prêts au moment des promesses électorales ? Comme disait André Maurois (ironiquement ?) : "Il est absurde et injuste de rendre les êtres comptables de leurs promesses."

Où allons-nous, effectivement, si les hommes politiques deviennent comptables de leurs promesses de candidats ? Autant demander à Don Juan de respecter les engagements du mariage et aux enfants d’éviter de toucher aux confitures, ou plutôt, aujourd’hui, aux écrans. Le candidat et l’élu sont deux êtres différents, et le second est illuminé par la grâce de l’isoloir, à défaut de l’ampoule du sacre.

Ce qui choque ou devrait choquer, ce n’est pas la question de l’aéroport en soi : les discussions sont telles, les camps si composites (y compris dans les commentaires relatifs aux articles des médias traditionnels et alternatifs) et les empoignades si féroces qu’il est difficile, à un observateur n’habitant ni ne connaissant la région, de trancher entre les deux camps.

Une fois de plus, la légèreté des politiques est en cause : justement parce que l’aéroport est en balance depuis cinquante ans, que les études, examens, engagements sont innombrables, les devis fixés et l’entreprise choisie, la consultation (même contestée) réalisée officiellement…

Les candidats à l’élection de 2017 auraient dû être prudents ou annoncer le revirement qui vient d’être opéré.

Il n’en est rien, et Jupiter a cédé aux zadistes, écologistes et autres groupes de pression, sachant qu’il ne risquait rien d’une opposition divisée, assommée, quasiment en soins palliatifs. Il n’a pas hésité à se contredire à un mois d’intervalle, il sait bien que ce sera souligné et critiqué, mais il s’en moque, fort de sa montée dans les sondages, de ses effets de style (visuels et verbaux), du soutien de ceux qui n’existent que par lui et de ceux qui, ici même, considèrent que la fin justifie les moyens.

Quant à ceux qui seraient tentés de résister dans leur village gaulois, une belle loi renforçant les pouvoirs déjà étendus des magistrats est concoctée au nom de la lutte contre les bobards (dits, en langue impériale, "fake news").

Mais ôtez-moi d’un doute : ne pouvons-nous signaler comme "fake" les mâles déclarations citées plus haut ? Pour leur contenu, naturellement !

Olga Le Roux
Olga Le Roux
Professeur

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