À, Birmingham, une sculpture sur « la force du hijab »

Birmingham est une ville du centre de l’Angleterre. Elle était jusque-là connue pour avoir été l’une des villes emblématiques de la révolution industrielle… et pour avoir abrité le désormais célèbre gang des Peaky Blinders, ces malfrats tirés à quatre épingles qui ont fait l’objet d’une très bonne série Netflix. Le grand public ne pourra plus ignorer, désormais, que Birmingham n’est pas seulement ce vestige de ce que fut la Grande-Bretagne des usines et du charbon, des bandits et des maisons de brique : c’est aussi une ville à l’avant-garde du multiculturalisme – c’est-à-dire aux avant-postes du « Grand Remplacement », pour appeler les choses par leur nom. La ville britannique est une de celles qui accueillent une très forte population musulmane – comme beaucoup de villes britanniques, me direz-vous. Cependant, cette fois, donc, le grand public le saura et même le verra, car une statue baptisée La Force du hijab va être installée dans un quartier à majorité musulmane de Birmingham. Et ce visage de métal, qui représente donc une femme voilée, suscite de nombreuses réactions.

Birmingham (GB) : "la force du hijab", première sculpture au monde célébrant les femmes portant le foulard islamique, sera installée au sein d'un quartier à forte majorité musulmane le mois prochain pic.twitter.com/2tmNg5qCi7

— Jean-Robert (@Jean_Robert_29) September 19, 2023

Dans le camp favorable à l’invasion migratoire, on se réjouit du fait que les femmes, jusque-là « sous-représentées », comme le dit l’artiste Luke Perry (« Birmingham to unveil sculpture celebrating women who wear hijab ») qui a réalisé l’œuvre, puissent avoir une représentation symbolique, qui plus est au cœur de la vieille Europe. Pas une fois, d’ailleurs, on ne se demande pourquoi les pays musulmans n’ont pas eu cette brillante idée plus tôt : peut-être parce qu’eux-mêmes se soucient comme d’une guigne de la condition de leurs propres femmes. Ce serait une piste à creuser. Peu importe, après tout : le Royaume-Uni, vieux pays occidental, franchit ainsi une nouvelle étape dans la soumission, en totale cohérence avec le discours hallucinant du Secrétaire général des Nations unies, António Guterres : « Dans certains pays, les filles sont punies parce qu'elles portent trop de vêtements ; dans d'autres, parce qu'elles n'en portent pas assez. Des terrains de sport aux écoles […] les filles défient le patriarcat et triomphent », qui renvoie dos à dos les pays qui veulent voiler les femmes et ceux qui veulent leur interdire l’abaya. C’est à croire qu’il y a, chez tous ces amis du genre humain, un programme politique commun. Ce serait complotiste, évidemment, mais c’est rudement bien imité.

La commande de cette statue a été faite par la fondation Legacy West Midlands, sans doute une de ces bienveillantes organisations de charité qui décident de ce que les braves gens doivent penser. Comme dans les dictatures soviétiques d’autrefois, cette monumentale statue métallique de cinq mètres, pesant une tonne, sera donc mise en place pour faire « évoluer les mentalités ». Il est d’ailleurs intéressant de regarder attentivement ce monument de réalisme humaniste, comme il y eut autrefois un réalisme socialiste. Ce sont les mêmes formes anguleuses, les mêmes matériaux industriels, les mêmes traits grossiers et la même hauteur monumentale que sous le règne généreux du camarade Staline. Il y a mieux : les yeux de cette femme sculptée, porte-étendard de la « force du hijab », sont d’une profonde tristesse. Elle ne semble pas rayonner d’une tranquille certitude d’être aimée par cet Allah auquel elle croit. C’est peut-être la seule concession de l’artiste et de ses commanditaires à la bonne foi.

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