Dr Bertrand Legrand : « Les vaccins ne sont tout simplement pas disponibles là où ils devraient l’être : dans nos cabinets médicaux ! »

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La stratégie vaccinale du gouvernement ne cesse de changer. Est-ce dû à la mutation du virus ou, tout simplement, à l'incompétence de l'État ?

Réponse du Dr Bertrand Legrand, qui réagit également au tirage au sort des 35 citoyens chargés de suivre la campagne vaccinale.

Il ne faudrait plus vacciner uniquement les personnes à risque, mais bien l’intégralité de la population. Ce vaccin empêcherait la contamination. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette étude ?

Cette étude de suivi Moderna est sortie le 2 janvier. Elle nous montre que, dans sa branche placebo, il y a eu 35 infections sur les 14 premiers jours, contre 2 seulement, une fois vacciné. Ce qui veut dire qu’en début de traitement, entre le 1er jour et le 14e jour de l’injection, il n’y a eu que 2 infections contre 35. C’est énorme. Ensuite, il y a eu zéro infection entre les deux doses. Cela tend à nous dire qu’une fois vacciné, nous ne sommes plus contaminateurs. Cette donnée est importante et va se conforter au fur et à mesure du temps. Cela nous pousse à changer complètement de stratégie. La première stratégie choisie par la France était de protéger les plus faibles, ceux qui ont le plus grand risque de mortalité. Aujourd’hui, les chiffres nous prouvent que non seulement on empêche la mortalité mais on empêche l’infection. Cela change complètement la stratégie vaccinale. Il faut se retrouver sur la stratégie vaccinale adoptée par l’Angleterre, Israël et les États-Unis. Ces trois pays ont facilement de bons renseignements. Ils ont une vaccination de masse dans le but de couper complètement la contagion. Les vaccins ont prouvé qu’ils empêchaient la contagion. Il faut absolument changer de stratégie très rapidement.

On a l’impression que la politique vaccinale change à peu près toutes les quatre heures ou avons-nous douze trains de retard. Et ne parlons évidemment pas du peu de personnes vaccinées jusqu’à présent. À quoi cela est-il dû ?

Le changement de stratégie et les multiples mails que l’on reçoit sont dus à une mutation du gouvernement. Sur les dernières 24 heures, j’ai reçu trois ordres et contre-ordres dans la même journée. Cela commence à faire beaucoup. La France ne vaccine pas ou en dehors de la communication et des caméras, parce que les vaccins ne sont tout simplement pas disponibles là où ils devraient l’être, c’est-à-dire dans nos cabinets.

On en arrive toujours au même constat : l’incompétence de l’État…

L’État a saisi qu’il fallait laisser passer les fêtes avant de commencer à organiser le transport des vaccins. Le transport des vaccins n’est pas très compliqué. Ils sont conservés dans des frigos à -70 °C, et à partir du moment où on les décongèle, on a 5 jours pour les injecter à température de l’ordre du frigo. Tous les médecins ont des frigos dans leur cabinet. Tous les transporteurs sont capables de transporter un flacon de 5 doses de quelques millilitres dans un carton réfrigéré. Si vraiment l’État ne sait pas faire, Amazon nous les livrera 10 par 10 tous les jours. Si on nous les livre 10 par 10 dans chaque cabinet, 500 000 doses par jour seront injectées. À un moment donné, il faut arrêter les conneries !

La dernière décision de l’État est de tirer au sort 35 citoyens pour suivre et proposer à l’égard de la campagne vaccinale. En tant que médecin et citoyen français, qu’en pensez-vous ?

Je change totalement ma pratique médicale et, maintenant, je tire au sort les médicaments que je donne à mes patients comme pour être sûr de ne pas me tromper !

Dr Bertrand Legrand
Dr Bertrand Legrand
Médecin généraliste à Tourcoing, fondateur de l'observatoire du Tiers payant, secrétaire général CSMF 59-62, fondateur de Vitodoc

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