2020 : Macron veut échapper au présent en surfant sur les commémorations de De Gaulle

DEGAULLE

Quand on n'est pas très populaire, on cherche à l'être par procuration. Nicolas Sarkozy l'avait fait, pour essayer de faire oublier son image de Président « bling bling » ; puis François Hollande qui, de Flanby à Pépère, accumulait les sobriquets les plus ridicules. Cette fois, c'est Emmanuel Macron qui va s'y mettre : selon RTL, notre Président aura, en 2020, un agenda particulièrement chargé en commémorations. Il multipliera, notamment, les hommages au général de Gaulle. Notre petit Emmanuel voudrait-il s'inscrire dans les pas du grand Charles ? Il aura beaucoup à faire, car il ne suffit pas de rendre hommage à des hommes qui ont marqué l'Histoire pour entrer soi-même dans l'Histoire.

On apprend, ainsi, qu'il célébrera à Lille, au mois de novembre, les 130 ans de la naissance du général de Gaulle, mais aussi, à Colombey-les-Deux-Églises, les 50 ans de sa disparition. Ce n'est pas tout ! Le 18 juin, à l’occasion du 80e anniversaire de l’appel de Londres, il se rendra dans la capitale britannique pour décorer la ville de la Légion d'honneur. Il irait même à Montcornet, dans l'Aisne, sur les lieux où le colonel de Gaulle avait résisté à une offensive allemande, avant de devoir se replier. Le journal L'Opinion ajoute qu'il pourrait aussi faire « un geste » à la mémoire des 80.000 tués au cours de la défaite de 1940 et célébrer le 150e anniversaire de la proclamation de la Troisième République par Gambetta, le 4 septembre 1870.

On imagine sans peine à quelle sauce suave notre Président accommodera ces épisodes de l'Histoire, n'en gardant que les aspects positifs et oubliant que les hommes sont plus complexes que ce qu'on en retient, avec la lumière qui les auréole et l'ombre qui les obscurcit. Il montrera comment ces personnalités ont tracé pour la France un chemin qu'il faut suivre. L'homme de la repentance, celui qui a dénoncé la colonisation comme « un crime contre l'humanité », nous donnera ces grands hommes en exemple, espérant partager leur gloire posthume. Mais se rend-il compte qu'en rendant hommage aux grands, il n'en apparaît que plus petit ?

RTL rapporte le propos d'un visiteur de l'Élysée qui se demande, en soupirant « Quand est-ce qu'on s'occupe de ce qui se passe maintenant ? », ajoutant avec ironie : « Oui, mais pour ça, il faudrait créer une année de l'année... » Des proches du Président expliquent que l'objectif de ces commémorations est de « valoriser un héritage commun à tous les Français », dans « une France travaillée par des démons identitaires ». On a compris : Macron a commencé sa seconde campagne électorale. À défaut de pouvoir se targuer d'avoir rassemblé les Français et réformé la France dans l'intérêt général, il commémore à tour de bras. Il ne se rend pas compte qu'en se glissant dans la peau des autres, il souligne encore plus les stigmates de sa propre incapacité.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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