C’est devenu une habitude, qu’il pleuve ou qu’il vente : Jean-Pierre Pernaut, sans jamais se vanter, se rit des saisons, surtout médiatiques. Et le voilà une fois de plus, une fois encore, plébiscité comme le présentateur préféré des Français, pour son fameux journal télévisé de 13 heures de TF1 ; lequel tient la rampe tout en caracolant en tête des audiences depuis trente ans. Y aurait-il donc un mystère Pernaut ? En fait, non.

Interrogé par le site Ozap.com, le principal intéressé assure que cette reconnaissance est simplement due à ceux qui s’acquittent de la redevance : "Quand c’étaient les professionnels qui votaient, je n’ai jamais eu de prix et à partir du moment où ça a été ouvert au public, j’ai eu quatre 7 d’or !" Le public aime donc Jean-Pierre Pernaut. Il est bien le seul, sachant que nombre de ses confrères ont tendance à se pincer le nez au simple énoncé de son nom.

Pour résumer, l’homme ne serait regardé que par des ploucs d’un âge avancé. Cliché ? Oui, à l’en croire : "Mon journal est de plus en plus regardé par les jeunes. Il est largement leader par rapport à tous les autres journaux télévisés sur le public des 25/49 ans." Son tropisme provincial ? "L’Île-de-France est, pour moi, une région comme une autre, même si elle est plus peuplée et si elle est parfois plus importante en matière d’actualité institutionnelle."

D’ailleurs, Emmanuel Macron ne s’y est pas trompé : "J’ai été très content de faire l’interview du président de la République. Il y a longtemps que j’avais proposé à différents Présidents de venir dans un 13 heures et Emmanuel Macron a été le premier à accepter." Malin, le Manu…

On remarquera que, dans ce registre, mieux valait un Jean-Pierre Pernaut s’entretenant avec un Emmanuel Macron dans une maternelle, assis sur des boîtes de Lego et de crayons de couleur qu’un Laurent Delahousse trottinant après le premier des Français dans les couloirs élyséens, tel le courtisan s’empressant de ramasser les déjections abandonnées par le chien du monarque. Ou que le duo Plenel/Bourdin, l’indicateur de police et le beauf flamboyant, qui se sont comportés avec le Président comme des Fouquier-Tinville alors qu’ils n’étaient que des Bouvard et Pécuchet.

Alors oui, il y a un style Pernaut qui plaît à tous et ce n’est pas un mystère. Ne serait-ce que parce qu’il nous parle de cette France ayant le mauvais goût de persister à vivre au-delà du périphérique et des mégapoles à vocation européenne. On a le droit de préférer le dernier savetier du Rouergue à Mark Zuckerberg, le petit salé aux lentilles au tofu et le petit vin blanc sous les tonnelles au jus de gland. Pis : il arrive parfois au bougre de se faire le porte-parole de ceux auxquels on ne donne jamais la parole, justement.

Quand ses confrères se lamentent sur les « migrants » mal logés, lui se penche aussi sur le sort de ces Français qui, même travaillant, en sont réduits à dormir dans leur voiture, si ce n’est dans la rue. D’où le scandale qui s’en est suivi, évidemment, sur fond de lepénisation télévisuelle des esprits. Un débat qui ne vole pas haut ? Notre époque non plus, ça tombe bien.

Après, sans trancher l’épineuse question consistant à savoir si Jean-Pierre Pernaut est le meilleur animateur de journal télévisé ou non, on se bornera à dire qu’un type portant un nom d’apéro ne saurait être foncièrement mauvais.

À la tienne, Jean-Pierre !

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21 juin 2018 à 18:17

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