"#NOiussoli", peut-on lire sur la twittosphère italienne, vent debout contre la réforme du Code de la nationalité. Après avoir été votée par les députés, l’introduction du "droit du sol" dans la législation italienne est actuellement débattue au Sénat, alors que l’Italie subit une vague migratoire sans précédent depuis déjà plusieurs années, le chaos libyen ayant entraîné une transhumance massive d’individus subsahariens vers l’autre rive de la Méditerranée, via notamment Lampedusa. Chauffés à blanc, les élus de la Ligue du Nord ont déployé des banderoles "Stop à l’invasion" au Sénat, renforcés par une opinion publique semblant ne pas vouloir de cette réforme du Code de la nationalité.

Deux camps se sont formés : la droite s’oppose à la réforme, la gauche y est favorable et le Mouvement 5 étoiles prévoit de s’abstenir, ce qui équivaudrait presque à un rejet, eu égard aux équilibres électoraux que connaît la chambre basse transalpine. Depuis le 25 juin dernier, date du second tour des élections municipales partielles, la droite italienne semble ragaillardie. L’alliance entre Forza Italia et la Ligue du Nord, prometteuse sur le papier, se sera révélée concluante, permettant à la droite de remporter la victoire dans treize chefs-lieux, sur fond de lutte contre l’accueil des "migrants" qui est devenue le cheval de bataille du gouvernement de gauche au pouvoir. Gênes, ville de gauche par excellence, a ainsi basculé, de même que Livourne, ancien bastion communiste.

C’est dans ce contexte politique tendu que Matteo Renzi essaye d’introduire le principe du "droit du sol", clairement étranger à l’habitus italien. Il faut dire que l’Italie est d’abord un pays d’émigrés - vers les États-Unis, la France, le Canada, l’Australie ou l’Allemagne - avant d’être un pays d’immigration. Déjà divisée en régions parfois antagonistes, au moins fort différentes, du Nord industriel au Sud plus anarchique, l’Italie n’a pas une tradition d’accueil, y compris d’étrangers proches. Le multiculturalisme récent, qu’on peut observer à Rome où des cohortes de "migrants" vivent d’expédients tels que la vente de contrefaçons ou la prostitution, ne va pas sans son lot de tensions.

Pour le Corriere della Sera, journal d’une droite modérée, voire centriste, les Italiens étaient de "braves gens, exempts de racisme, tant que les seuls étrangers étaient les touristes. Puis sont arrivées les migrations des vingt dernières années. Les dégâts de la crise économique et le terrorisme islamique en de si nombreux endroits d’Europe ont fait le reste." D’autres journaux, comme Il Giornale, vont plus loin, dénonçant l’émergence d’une "Italafrique" et ces immigrés qui ne reconnaîtraient pas les "valeurs de liberté, d’égalité, et l’ensemble des droits inscrits dans la Constitution et enracinés dans la culture occidentale".

La gauche, pour justifier son projet, qui entraînerait la naturalisation automatique d’au moins 800.000 étrangers, quand l’Italie est déjà le pays à accorder le plus facilement sa nationalité en Europe, sans ius soli, joue la petite musique de chambre de l’humanisme, de l’ouverture, et réduit la portée de la loi à une simple régularisation de situations tangentes… Pourtant, après le scandale des ONG mafieuses complices des passeurs, une telle loi donnerait un signal dramatique aux candidats au départ, encouragés à vite s’installer en Italie. Une situation problématique pour la France, l’espace Schengen leur donnant automatiquement la possibilité de circuler librement…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:33.

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03 juillet 2017 à 22:40

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