Le MacronLeaks n’en finit pas de révéler des secrets. Rappelons qu’il s’agit d’un fatras d’emails de l’équipe de campagne d'Emmanuel Macron, détournés par WikiLeaks, cette « organisation » un peu trouble qui se fait une spécialité de craquer les boîtes aux lettres électroniques des puissants de ce monde et d’en dévoiler leur contenu. Le MacronLeaks avait éclaté en pleine campagne électorale 2017, mais la pêche avait été jugée, sur le coup, maigre et aucun scandale n’avait suivi ces révélations, car personne n’avait eu le temps (et le courage) de parcourir le millier de messages qui, le plus souvent, n’avaient aucun intérêt.

Certains de ces messages refont surface et viennent d'être publiés. Il s'agit d'échanges entre Alexis Kohler et Laurent Martel, deux personnages qui avaient un rôle essentiel de conseiller du candidat Macron durant sa campagne et qui, depuis lors, l'ont suivi à l'Élysée, l'un comme secrétaire général, l'autre comme conseiller fiscalité. Daté de novembre 2016, un échange de mails débat de la possibilité d'une convergence entre les prix de l’essence et du diesel. Une convergence qui rapporterait un peu moins de sept milliards d’euros (en comptant une augmentation de 13 à 15 centimes le litre de ce carburant). Ces recettes fiscales devaient permettre de financer une baisse des cotisations patronales pour les salaires allant jusqu’à 1,6 fois le SMIC.

Dans cet échange, Alexis Kokhler note bien que "le financement d’une baisse de cotisations patronales par une hausse de la fiscalité diesel est potentiellement progressive sous la réserve forte de faire fi des règles d’incidence (et qu’en gros, on considère que la baisse des cotisations patronales bénéficiera à l’emploi ou aux salaires)". "On considère que..." On reste donc au niveau de l'hypothèse de travail. Rien n'est moins certain.

Dans cet échange, Laurent Martel explique à Alexis Kohler que la bascule de cotisations patronales (pour les salaires allant jusqu'à 1,6 SMIC) vers la fiscalité diesel aurait pour conséquence de peser pour 50 % sur les six premiers déciles de la population qui financerait cette mesure. Mais qu'en retour, cette population "bénéficiera" (le conseiller met lui-même les guillemets) de cette mesure "soit parce qu'ils sont déjà salariés, soit parce que leur employabilité sera accrue". En clair : paye ton carburant plus cher pour garder ton emploi ou trouver du boulot !

On appréciera à sa juste valeur ce passage du mail de Laurent Martel : "Mais d'autres histoires peuvent se raconter, bien sûr, pour justifier une convergence partielle gazole/essence qui rapporterait ce que l'on cherche." Il ne s'agissait donc, dans cette tête bien faite, que de trouver la bonne fable qui permettrait de faire passer la pilule ? L’écologie avait donc bon dos !

Les Français ont eu raison de se révolter.

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27 décembre 2018 à 13:13

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