François Fillon a déçu, une fois de plus, les Français qui lui firent confiance. Non content de s’être présenté à l’élection présidentielle avec un talon d’Achille, non content de s’être précipité pour appeler à voter en faveur d’Emmanuel Macron au second tour, il vient de lâcher les troupes de Sens commun, qui lui ont pourtant permis de remporter la primaire.

Samedi, il s’est confié à un journaliste du Parisien : "Par rapport à Sens commun, j’ai sûrement fait une connerie. Je n'aurais pas dû leur donner autant de place dans ma campagne." Et pourtant, il était bien content qu’ils fussent venus en nombre le soutenir au Trocadéro, quand il était contesté au sein de son propre parti. Une semaine avant le premier tour, il assurait encore qu’il pourrait, en cas de victoire, nommer ministres des membres de ce mouvement.

Il paraît qu’il prépare sa reconversion dans le privé et envisage de faire l’ascension de l’Annapurna. Il aura beau savoir grimper à 8.000 mètres, il aura du mal à remonter la pente dans l’esprit des Français qui ont cru pouvoir lui donner leur confiance.

Henri Guaino, lui, reste fidèle à ses principes. Il va défier Nathalie Kosciusko-Morizet dans la 2e circonscription de Paris, celle de Fillon, précisément, qui ne se représente pas. Sans doute ses chances sont-elles réduites, puisque vingt-quatre candidats s’affronteront dans ce fief acquis à la droite, dont un dissident LR, bien implanté, le maire du 6e arrondissement.

Il reste que l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy va donner du fil à retordre à la candidate officielle LR-UDI, qui a signé l’appel d’élus de droite et du centre à saisir « la main tendue » d’Emmanuel Macron, espérant sans doute que La République en marche la paierait de retour et ne lui opposerait pas de candidat. Peine perdue ! Macron a jaugé la donzelle et son manque de fiabilité. Mais, en cas de besoin, n’en doutons pas, le marcheur lui tendra la perche.

Quant à la droite, elle n’en finit pas de feindre l’union dans l’espoir de conserver à l’Assemblée nationale un groupe LR important. François Baroin appelle au rassemblement et tente de démontrer que Les Républicains ne sont pas de simples marcheurs et savent courir de l’avant : "Nous sommes Les Républicains, et Les Républicains ne marchent pas à genoux", a-t-il lancé hier, au Parc floral de Vincennes. Mais ses candidats risquent de se voir offrir plus de chrysanthèmes que de couronnes de victoire.

À qui fera-t-on croire que la droite et le centre sont soudés ? Quoi de commun entre Alain Juppé et Henri Guaino, entre Nathalie Kosciusko-Morizet ou Christian Estrosi et Laurent Wauquiez ? Jean-Pierre Raffarin n’avait-il pas déclaré qu’il travaillerait volontiers avec Manuel Valls ? Alors, avec un Édouard Philippe, c’est du gâteau ! Le bloc LR est plein de fissures : à la moindre occasion, il éclatera en morceaux.

Après le premier tour des législatives, on verra donc des candidats LR se désister sans vergogne en faveur d’un candidat de La République en marche, voire d’un socialiste – et réciproquement –, pour faire barrage au Front national ou à La France insoumise.

Les politiciens qui, à droite, ont appelé sans réserves à voter Macron au second tour se sont déconsidérés. Ceux qui ont refusé de se soumettre, comme Henri Guaino, Laurent Wauquiez ou Éric Ciotti, ont sauvé l’honneur de leur parti. Mais il leur reste à sauter le pas pour construire une union des droites qui défende vraiment des valeurs de droite : ce ne sont pas celles de « la finance d’abord ! », de l’utilitarisme à outrance ni de la dissolution de la France dans le multiculturalisme. Ce n’est pas gagné d’avance mais, sait-on jamais, le mouvement peut s’enclencher.

Cette union, c’est ce que souhaitait Marion Maréchal-Le Pen, qui a montré qu’en matière de prospective politique, la valeur n'attend point le nombre des années.

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21 mai 2017 à 11:06

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