"Vacances, j’oublie tout. Plus rien à faire du tout..." Tout le monde connaît ce tube du groupe Élégance. C’était en 1982 : ce qui ne nous rajeunit pas. Sera-ce le tube de l’été 2018 pour Emmanuel Macron et La République en marche ? Après une quinzaine torride, les vacances sont enfin là. Pouce ! Comme de grands enfants qu'ils semblent ne jamais avoir cessé d’être, les députés ont applaudi, mercredi soir, le décret annonçant la clôture de la session extraordinaire. « Vive les vacances, les cahiers au feu, la maîtresse au milieu », chantait-on naguère.

Et mercredi soir, dîner de fin d’année scolaire à l’Élysée pour les membres du gouvernement. Mme Buzyn expliquait candidement devant les caméras, avant d’aller se pomponner pour la soirée, qu’on parlerait plus des vacances des uns et des autres que de politique. L'art de nous prendre pour des buses. Et les vingt-deux millions de Français – dont trois millions d’enfants - qui ne partent jamais en vacances, selon une information donnée par RTL en avril dernier, ont dû en être ravis. On enchaîne donc sur les lieux de vacances des ministres dont tout le monde se moque comme de sa première bouée-canard et le tour est joué. Les poissons rouges que sont les Français, après deux ou trois tours de bocal, auront bien vite oublié l’affaire Benalla. Vous verrez. C’est, en tout cas, ce qu’on doit se dire en Macronie. Bon, le pédalo du Président a bien pris un petit coup dans la coque en juillet, si l’on en croit les derniers sondages, mais Emmanuel Macron a dû apprendre de ceux qui font de la politique comme avant que c’est justement lorsqu’on est au fond de la piscine que l’on remonte. Enfin, en principe. D'ailleurs, il va aller tester cette loi d'Archimède à Brégançon. Les travaux doivent être terminés.

"Vacances, j’oublie tout." Pas certain, quand même. "Je m’regarde dans le miroir. Pas beau à voir", chantait Élégance, toujours dans ce chef-d'œuvre estival. Pour sûr, la République irréprochable a vu son rimmel fondre par ces grandes chaleurs et les bas nylon ont filé sur l’édredon, pour reprendre un autre tube de ces années-cultes où nous étions jeunes et insouciants.

Et puis, il semblerait qu’on n’ait pas épuisé le sujet. Que Benalla ne serait, en fait, que l’arbre qui cache la forêt. Très certainement, il faudra se pencher sur le cas de ces chargés de mission au cabinet du président de la République et qui n’apparaissent pas dans le Journal officiel de la République mais sont néanmoins rémunérés avec nos impôts. Rien d’illégal, certes. Mais pourquoi ont-ils omis d’adresser, lors de leur nomination, une déclaration de situation patrimoniale et une déclaration d’intérêt à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, comme l’a révélé l’association Anticor ? La loi (de 2013) prévoit, pour les contrevenants, des sanctions pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.

Pourquoi le Président se serait-il agacé, selon Le Canard enchaîné de cette semaine (information relayée par Valeurs actuelles), que Gérard Collomb livre à la commission parlementaire de l’Assemblée le nom d’un de ses conseillers de l’ombre, le dénommé Vincent Caure, en charge du suivi des réseaux sociaux ? "Collomb n’avait aucune raison de citer son nom", aurait déclaré le Président. On croyait qu’il n’y avait rien à cacher dans la République irréprochable. On a dit « rien ». Pas « personne »… Vincent Caure ? Ancien vice-président de Terra Nova Sciences Po Paris, marcheur de la première heure. Un homme d’expérience puisqu’on le vit même, à l’automne 2017, participer à des discussions de cuisine électorale sur l'île de Beauté, selon Corse-Matin. L'homme a 23 ans. Certes, la valeur n’attend pas le nombre des années. La preuve par Benalla, pas encore 27 ans.

En attendant :
« Vacances j’oublie tout
Plus rien à faire du tout
J’m’envoie en l’air ça c’est super
Folie légère. »

Et on reparle de tout ça en septembre...

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02 août 2018 à 22:19

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