On apprend par l’agence Reuters que Zineb El Rhazoui, ancienne journaliste de Charlie Hebdo, est proposée pour se voir décerner le prix Nobel de la paix. Au même titre que Donald Trump, Greta Thunberg, l’OMS, Alexei Navalny, Julian Assange… ou encore Black Lives Matter, candidature proposée par un parlementaire norvégien. Que du beau monde, ou presque !

Dans ces quelques noms, celui de Zineb El Rhazoui détonne un peu : on ne s’attend pas à trouver cette journaliste franco-marocaine, petit-fille d’un militant algérien du FLN, cette militante anti-islam, cette ex-journaliste de Charlie Hebdo, sur laquelle pèsent de nombreuses fatwas et qui paie au prix fort une insolente liberté de ton (elle vit sous protection policière depuis plus de cinq ans), cette lauréate du prix Simone-Weil… aux côtés de Black Lives Matter.

Mais de cette liste de candidats au Nobel, de ce fatras de noms sans continuité jetés pêle-mêle à la presse, ressortent les profondes divisions de la gauche contemporaine et, au-delà, de toute la classe politique française.

À la gauche qui, par veulerie, idéologie et électoralisme, adopte sans broncher toutes les thèses indigénistes et décoloniales, pratiquant un néo-racisme qui n’est que la voie royale à l’entrisme islamiste, s’oppose une gauche qui n’a pas renoncé à ses racines, exclusivement laïcistes et athées, où le mot République a remplacé celui de France. C’est là que se situe Zineb El Rhazoui, dont le franc-parler, le courage physique et la flamboyance du verbe ont fait souvent grincer des dents les partisans de son propre camp.

Mais aussi rallié à elle bien des personnalités politiques et médiatiques ancrées plus à droite : sur le thème de la montée de l’islamisme et de son implantation sur le territoire français, de son empreinte expansive sur la société française, le clivage droite/gauche n’a plus lieu d’être. Elle renvoie, d’ailleurs, dos à dos les politiques des deux camps, évoquant une trahison des clercs aux origines de la montée de cet islamisme : « Certains députés ont fait la courte échelle aux pires formes du sectarisme islamiste, tout cela pour avoir quelques votes supplémentaires. Certains partis politiques aussi. On ne peut que constater la dérive d’une partie de la gauche qui n’est laïque que lorsque l’on parle du vieux christianisme. Cette gauche s’est fourvoyée, la droite est moins attaquable dans le discours mais les compromissions électorales locales n’y manquent pas non plus. Donc, oui, il y a eu trahison et on assiste à une fuite en avant des représentants de l’État », affirme-t-elle à Anne Fulda, dans Le Figaro.

Ce matin, quelques jours à peine après l’hallali médiatique contre la jeune Thaïs d’Escufon, médias et réseaux sociaux ne bruissaient que d’éloges et de félicitations, de tous bords politiques, pour la proposition de son nom comme prix Nobel de la paix : gageons que Zineb El Rhazoui n’est pas forcément dupe d’une unanimité bien tardive, et paradoxale.

En effet, par un curieux détour dont l’Histoire a le secret, il aura fallu, aussi - car ce n’est évidemment pas la seule-, la voix de cette militante venue de la gauche, musulmane apostate, pour déciller les yeux de cette droite qui ne s’attaquait au problème de l’islamisme qu’à coups de rodomontades sarkoziennes, et dénoncer « l’ampleur de cette lame de fond de l’islamisme qui monte, au point de devenir visible partout, dans toutes les strates de la société. Dans la rue, dans les endroits chics, populaires, dans les transports, les musées, à la plage, dans les administrations, l’école, la police, l’armée, l’hôpital, l’université. Partout. »

Dans le camp d’en face - les islamistes du CCIF, de BarakaCity, et les idiots utiles qui servent leur cause -, on manie l’insulte et la menace plus souvent qu’à son tour envers la militante de la laïcité. Ainsi Yassine Belattar souhaitait, il y a un an, qu’elle disparaisse en 2020. Récemment, Idriss Sihamedi, président de l’ONG BarakaCity récemment dissoute, était jugé pour cyber-harcèlement… et relaxé. Il avait envoyé près de 80 tweets haineux à Zineb El Rhazoui en l’espace de quelques jours. Il est à nouveau poursuivi pour injures publiques à son encontre.

Comme dit Zineb : « Plus nous attendrons pour agir, moins il sera facile de vaincre le problème. »

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01 février 2021 à 20:10

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