« Zemmour Président » : campagne d’affichage massive la nuit des élections

Zemmour

Le secret de l'opération avait été bien gardé et l'effet de surprise réel, ce lundi matin. Alors que le Français (pardon : l'abstentionniste) moyen écoutait vaguement les résultats des régionales, la seule surprise (oui, je me répète, mais c'est peut-être cela qui manquait à cette élection et qui explique ces résultats...) venait de cette action : des milliers d'affiche « Zemmour Président » recouvrant les panneaux électoraux. Une opération de communication bien pensée et réussie qui soulignait l'échec, les échecs de cette élection, où personne n'a vraiment gagné et où beaucoup ont réellement perdu, et imprimait un peu plus dans les esprits l'évidence d'une candidature et d'une offre nouvelles. Avec une action nocturne stylée façon « Z » comme Zemmour.

Évidemment, les partisans de l'éditorialiste buvaient du petit lait, comme Jacques Bompard : « Ce matin, j’ai vu cela dans Orange en me rendant en mairie, et on me dit qu’il n’y en aurait pas que chez nous... Si c’est vrai, voilà un lendemain d’élection qui chante. » Mais effectivement, l'opération n'a pas concerné qu'Orange. Le HuffPost a constaté qu'elle s'était déroulée dans 86 départements, avec des actions particulièrement remarquées à Chambéry, à Agen et dans tout le Lot-et-Garonne, mais aussi à Paris, Montpellier, Abbeville, dans les Landes.

Le HuffPost a immédiatement déployé l'arsenal habituel destiné à caricaturer l'opération. Dès son titre : « Qui se cache derrière etc. ? » C'est bien connu, la droite ne peut être qu'obscure, anonyme , masquée. Et puis, évidement, cette opération d'apparence massive ne reposerait que sur des groupuscules : « L’action est également relayée sur d’autres comptes de soutien, comme "l’Union pour Zemmour" ou le mystérieux "les Femmes avec Zemmour", dont il est difficile de connaître l’influence au-delà des cercles concentriques zemmouristes. » Mystérieux, obscurs, concentriques : on en viendrait presque à prendre Le HuffPost pour un canard complotiste.

Pourtant, dans 20 Minutes, tout nous était révélé de la logistique et des commanditaires de l'opération : « Dans la nuit du 27 au 28 juin, la France entière s’est recouverte d’affiches "Zemmour Président". 500 militants se sont mobilisés, 90 départements et plus de 1.000 communes ont été touchés », selon un communiqué de l’association "Les Amis d’Éric Zemmour". Le journal donnait même la parole à son porte-parole, le LR Antoine Diers, directeur de cabinet du maire du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) : « "L’opération de cette nuit est un cri de ralliement" pour qu’Éric Zemmour "déclare sa candidature" à la présidentielle et mette "fin à 40 ans d’inefficacité politique", soutient l’association. Son porte-parole est le LR Antoine Diers, directeur de cabinet du maire du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), qui aimerait voir en 2022 le "remake de Sarko en 2007, qui met le FN à 10 %". »

Toujours est-il que l'équipe Zemmour a, en tout cas, su saisir une fenêtre de tir intéressante, au moment où LREM et RN voient leur position de leaders pour 2022 démonétisée par ces élections, où LR va s'aventurer vers une guerre des chefs qui fait tout son charme et où les Français se cherchent un avenir. Incontestable, aussi, que cette stratégie à la Zorro ou à la Du Guesclin 2.0 ringardise les autres machineries politiques, y compris celle d'Emmanuel Macron.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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