Yasmine Benzelmat : « Il y a un cumul de mesures qui incitent à l’immigration irrégulière »

Yasmine Benzemat

La loi Mobilités, en discussion à l'Assemblée, prévoit des réductions tarifaires dans les transports pour les étrangers en situation irrégulière.

Au micro de Boulevard Voltaire, Yasmine Benzelmat, élue à la région Île-de-France, dénonce « l'injustice » de cette mesure.

Les députés du Parti socialiste et de La République en marche ont voté la réduction tarifaire dans les transports en commun pour les sans-papiers. Cela représente un montant de 42 millions d’euros, en 2017, en Île-de-France, soit l’équivalent de 53.000 abonnements gratuits donnés aux clandestins. Qu’en pensez-vous ?

C’est injuste pour les travailleurs et les personnes présentes sur le territoire français de façon régulière. Eux ne bénéficient pas de la gratuité et, pour certains, se payer les transports en commun est parfois très difficile. Il serait plus utile d’utiliser ces fonds pour développer la formation de ces personnes dans leur pays d’origine. Cela éviterait de déplacer les populations sur des milliers de kilomètres.

Dans l’Hémicycle, Christian Jacob a affirmé que cette tarification sociale entraînerait un appel à l’immigration irrégulière. A-t-il raison, selon vous ?

La gratuité des transports en commun fait partie d’un tout : gratuité des transports, des soins, de l’accueil. L’ensemble de ces mesures constituent une sorte d’appel et d’incitation à l’immigration irrégulière. On a l’impression qu’il est plus facile d’arriver en situation irrégulière, de se faire aider puis de se faire régulariser ensuite, plutôt que d’arriver en situation régulière, en suivant toutes les démarches administratives. On peut aussi se demander si le droit d’asile n’est pas dévoyé par rapport à son esprit initial.
Tout cela favorise le business des passeurs, de la traite des êtres humains, plutôt que d’accompagner les pays d’origine. Il ne s’agit pas de donner une subvention et de les laisser se débrouiller dans leur pays, mais au contraire d’accompagner la formation des populations sur place pour qu’elles puissent travailler sur place. On leur promet monts et merveilles en France pour, ensuite, les retrouver dans des camps insalubres, entassés dans des tentes. Ils sont ballottés d’un endroit à l’autre et les maires se renvoient la balle pour ne pas les accueillir.
Cela crée un sentiment d’injustice au sein de la population et l’immigré clandestin devient l’ennemi tout trouvé. Lui a le droit à des choses que les travailleurs français n’ont pas. Les gilets jaunes parlaient de leur reste à vivre parfois limité. En l’occurrence, quand on travaille, on a l’impression de ne pas être récompensé, on est juste bon à payer des impôts, alors que lorsqu’on ne respecte pas la loi, on a tout d’offert.
Il faut, évidemment, aller plus loin et dépasser cette dichotomie, mais au quotidien, cela peut créer un ennemi tout désigné alors qu’il faudrait plutôt travailler avec les pays d’origine pour le développement local.

Au travers de ce débat se pose la question des pouvoirs des collectivités locales. Faut-il leur laisser cette possibilité ou faut-il interdire cette tarification spéciale sur l’ensemble des transports ?

Pour moi, une tarification sociale devrait être une tarification pour les gens qui ont des difficultés à joindre les deux bouts à la fin du mois. Je pense, notamment, aux retraités qui ne bénéficient pas de ces réductions. Je suis donc pour interdire aux collectivités territoriales la possibilité de donner la gratuité des transports à des gens qui ne respectent pas la loi.

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