Il est de notoriété qu’en briguant, en 2015, la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez savait qu’il allait devenir président de la République ; un peu comme Louis de Funès qui complote d’épouser le roi pour devenir reine dans La Folie des grandeurs. Touché par la grâce, il eut une idée de génie : (1) se faire élire président de région et (2) s’en servir comme faire-valoir en vue de la charge de Premier ministre, suivie sans couture de l’apothéose de la présidentielle. Imparable. À se demander pourquoi personne n’y avait pensé avant. Il voyait un chemin sans pierre et, au bout, une grande lumière.

Nous, conseillers régionaux du Rassemblement National, avons assisté, interloqués les premiers mois, à cet envol, ce sentiment de toute-puissance, la béatitude irradiant le cercle de ses vice-présidents qu’il allait tirer avec lui, les ministères à portée de main.

La stratégie définie, passons à la tactique. Tout prédateur, tout guerrier sait intuitivement que s’il réitère en tout point une attaque, il risque, comme on dit dans la Coloniale, d’en prendre plein la gueule au deuxième passage. C’est sans doute en raison d’un manque d’intuition qu’il a envisagé de refaire le coup de Sarkozy auprès des électeurs du Rassemblement national, avec le succès que l’on sait désormais.

Pour le reste, tout dans Laurent Wauquiez est mise en scène et duplicité. Sa présidence à la région Auvergne-Rhône-Alpes est tout entière dédiée à son image : glorification de résultats financiers résultant, pour l’essentiel, de reclassements comptables et, pour le reste, de mesures élémentaires succédant à des lustres de gestion socialiste dispendieuse, constitution d’un fief au Puy-en-Velay sous une avalanche de subventions, vote de l’essentiel du budget en commission permanente échappant à toute supervision effective en assemblée plénière, alors que rien n’a changé sur le fond, qu’il s’agisse de la destination des dépenses ou de leur pertinence : augmentation de la masse salariale, subvention à l’immigration et à des associations culturelles délétères, abandon de l’agriculture, etc.

Alors qu’il pouvait, s'il était sincère, peser implicitement sur les dérives de la financiarisation et du mondialisme, il ne s’est attaqué à aucun des fondamentaux, au contraire, comme en témoigne son soutien implicite au gigantesque projet Amazon de l’aéroport Saint-Exupéry.

En se privant du soutien du Rassemblement national en cohérence avec le fond de sa pensée et des intérêts qu’il sert, Laurent Wauquiez s’est enfermé dans une voie sans issue, entraînant avec lui ses élus qui lui faisaient confiance. Le 26 mai, au soir, les électeurs l’ont renvoyé tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux.

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04 juin 2019 à 21:20

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