[VIVE LA FRANCE] Ces jeunes qui veulent toucher le public par la beauté
Ils sont une trentaine, étudiants ou jeunes actifs, âgés entre 18 et 24 ans, la plupart d’anciens amis lycéens. Tous répètent avec joie et professionnalisme depuis des mois pour devenir ces « instruments de la grâce » et « toucher le public par la beauté », selon les mots de Rogatien Despaigne, chef de ce chœur Ephata, fondé il y a six ans. Les 15, 16 et 20 mars à 20h30, dans l'église Saint-Roch (Paris, Ier arrondissement), ils présenteront ce chef-d’œuvre incontestable qu’est l’émouvante Passion selon saint Jean, de Bach, avec une scénographie originale à ne pas manquer.
Apogée d'une très ancienne tradition remontant au Moyen Âge consistant à chanter la Passion du Christ pendant le carême, il s'agit d'une des œuvres majeures de Bach. Composée durant la première année où Bach était devenu cantor de l'Église Saint-Thomas de Leipzig, sa Passion selon saint Jean a été jouée dans le même lieu pour la première fois le Vendredi saint 1724. Nous fêtons donc, cette année, le tricentenaire de la création de ce chef-d'œuvre grandiose.
« On ne peut sortir indemne d’une telle expérience »
En plus de se laisser bouleverser par la qualité et le message de cette musique qui transcende, le public pourra admirer le Chemin de croix tout aussi émouvant de l’artiste Bruno Desroche. « L’image va permettre de mieux comprendre ce que Bach a voulu dire par sa musique, et mieux appréhender ce mystère de Dieu qui s’est fait homme et meurt pour nous sur la croix », nous confie Rogatien Despaigne, joint par téléphone. Un Chemin de croix représentant le Christ entouré de personnes contemporaines qui témoigne de « l’actualité de l’Évangile et son intemporalité », ajoute le chef de chœur. D’ailleurs, ce dernier abonde. « Bach a fait la même chose : il interrompt régulièrement le récit de saint Jean en faisant parler un soliste ou le chœur, en commentant au présent le récit historique. Voilà pourquoi les deux œuvres artistiques se marient bien ensemble. »
Il aura fallu trois années à l'artiste peintre, passionné et inspiré par Le Caravage, pour réaliser ces quinze huiles sur toile que l'on peut admirer dans l'église Saint-Nizier de Lyon. « On ne peut sortir indemne d’une telle expérience : après des centaines de journées au chevalet faites de méditation et d’écoute d’enregistrements de la Bible et de messes de Bach, on devient plus conscient de sa condition de pécheur », témoigne-t-il. Pour ce concert sur toiles, les œuvres de Bruno Desroche ont été numérisées et seront donc projetées derrière le chœur.
Rendre le répertoire sacré accessible à tous
En outre, afin de pouvoir diffuser le plus largement possible les richesses du répertoire sacré, le chœur Ephata tient à ce que les entrées restent libres. Ainsi, constate Rogatien, « c’est une grande joie que de plus en plus de jeunes viennent découvrir ce répertoire ». Et ce dernier de conclure : « Même si j’ai plusieurs exemples autour de moi de personnes transformées par la beauté de la musique et converties grâce à cela, Bach a écrit la musique la plus belle possible pour toucher tous les cœurs, elle ne laisse personne indifférent, que l’on soit croyant ou pas. »
Un message qui résonne comme une bonne nouvelle en ces temps difficiles, et qu’on ne saurait une fois encore que trop recommander comme baume apaisant contre l’ensauvagement de notre société puisque, selon la formule de Dostoïevski, « la beauté sauvera le monde »...
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Iris Bridier
Journaliste à BV
8 commentaires
je signale aussi la messe en C de Mozart (+ Zadok the priest, de Haendel) le jeudi 21 mars 20h45, toujours à l’église Saint Roch (plus court que la Passion, mais très beau aussi…)
Pour un neophyte comme moi , votre article est une façon de m’informer sur l’actualité culturelle mais aussi d’en savoir un peu plus sur Bach . Le fait par exemple qu’il ponctuait chaque étape du chemins de croix par le récit d’un soliste ou du choeur .
Cela donne plus de force au message qu’il soit pictural ou musical.
Dommage! J’habite en province et l’entrée est libre. Donc les franciliens qui ont la chance de bénéficier de la proximité culturelle de Paris ne devraient pas se priver de se rendre dans l’église St Roch . Il faut aussi que les artistes qui ont produit cet heureux mariage soient récompensés par le succès de cette entreprise . J’espère que celui permettra de répéter l’expérience . Nous avons cette immense chance de profiter de la beauté des cathédrales ainsi que des oeuvres musicales dédiées à la religion chrétienne, sans que cela nous coûte énormément, qui témoignent de l’immense dévotions par l’incroyable travail accomplit pour les réaliser en rapport avec les moyens techniques limités de l’époque . Cela participe aussi au mystère de cette religion .
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Pour ma part, le chef d’œuvre absolu est la Passion selon Saint Matthieu. Mai c’est un choix personnel.
J’ai chanté ces deux Passions et cela reste un souvenir unique .Allez y ce spectacle doit être superbe .
( suite… au propos ci-dessous)
Je n’invente rien. On a entendu ça sur France Culture ( service public paraît-il ) où une intervenante de France Culture ou France Musique a raillé Radio Classique, beaucoup trop « blanche » selon cette personne.
« Parodie de wokisme » ( je précise )
» Oh, mais c’est d’extrême droite ça » ! Et puis, la preuve ! Beaucoup de chanteurs zé chanteuse Blancs ; et la meilleure preuve ! Bach hein ? etc
_Magnifique, bien sûr… !
Quelle que soit ses idées on ne peut être insensible devant la beauté, la dérive de notre pays, pour le moins, face à l’ignominie de l’actualité encouragé tant pas le gouvernement que par la gauche il nous reste encore quelques îlots de beauté. Pour combien de temps encore, peut être nous ne le verrons pas.
Magnifique ces jeunes , toutes ces petites actions que l’on voit un peu partout nous redonnent espoir que tout n’est pas perdu dans ce pays . Chez nous dans quelques villes et villages il y a de telles traditions qui existent depuis de nombreuses années et beaucoup de jeunes prennent le relai des anciens pour que ces manifestations continuent .