Vie chère à la Martinique : la lutte dérive vers un populisme « anti-békés »

Rodrigue Petitot Martinique
capture X

De la lutte contre la vie chère à une rhétorique « anti-békés », il semble n’y avoir qu’un pas, pour certains. En métropole comme à la Martinique, l’extrême gauche exploite cette vague qui transforme le débat sur le coût de la vie en une lutte à connotation décoloniale. Cette posture, bien que prévisible de la part de certains partis de gauche, est pourtant loin de la réalité de nombreux Martiniquais, qui souhaitent que les échanges restent centrés sur les enjeux économiques.

Vie chère, anticolonialisme, même combat pour la gauche

« Les békés aux ordures ! », a fièrement lancé, sur X, Ritchy Thibault, l’attaché parlementaire de l’insoumise Ersilia Soudais, interdit d’accès au palais Bourbon pour avoir appelé à l’intifada lors d’une manifestation pro-Palestine. Ceux qu’il vise avec subtilité, ce sont les Blancs, descendants des colons arrivés aux Antilles à partir du XVIIe siècle. En tenant de tels propos, le militant, qui fait déjà l’objet d’une plainte par le ministre de l’Intérieur pour incitation à la haine, alimente une vision « anti-békés » du mouvement de contestation. Une perspective promue par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC), qui supplante progressivement les revendications initiales portant sur le coût de la vie élevé dans les Antilles. Et qui commence peu à peu à perdre le soutien des Martiniquais...

En effet, depuis sa création en juin dernier, le RPPRAC a joué un rôle majeur dans les affrontements avec la police et les nombreuses dégradations, voire destructions, d’infrastructures. Son leader « autoproclamé », Rodrigue Petitot, surnommé le « R », multi-condamné pour trafic de drogue, appelle à kidnapper les patrons de la grande distribution.

L’Antillais, arrivé de métropole il y a un an seulement, est accusé d’avoir monopolisé le mouvement contre la vie chère pour en faire une lutte sociale indépendantiste, voire « anti-békés », après avoir appelé à brûler les maisons de ces derniers. « Si nous en perdons un vous en perdrez 10, si nous en perdons 10, vous en perdrez 100, et quand nous en aurons perdu 100, on vous éliminera », a déclaré, sur ses réseaux sociaux, celui qui a refusé de signer un accord visant à faire baisser de 20 % les prix de milliers de produits alimentaires sur l’île. Ces violences lui valent aujourd’hui d’attirer la méfiance, voire la colère, des Martiniquais qui souhaitent prendre part au débat sur la vie chère mais qui refusent de se faire représenter par un groupe dont ils « ne partagent pas l’ensemble des opinions ».

La contestation populaire face à un mouvement « populiste »

« Nous demandons que nos élus reprennent les choses en main et qu’une délégation citoyenne représentative du peuple soit constituée pour débloquer cette situation qui divise les Martiniquais. » Extrait d'un communiqué signé « des Martiniquais jusqu’alors silencieux », ce texte, de nombreuses fois relayé sur le réseau social WhatsApp, résonne comme un ras-le-bol dans l’esprit des habitants du département qui dénoncent la responsabilité du RPPRAC dans l’escalade des violences depuis septembre. Lassés de la monopolisation du débat par ce « groupuscule », dont ils contestent la légitimité dans les discussions avec les leaders de la grande distribution, certains appellent « au courage, à l’unité et à l’action » pour que la Martinique ne bascule pas « dans un chaos définitif ».

Femme politique martiniquaise et conseillère municipale de la commune du François, Karine Mousseau a lancé une pétition intitulée « Martinique, Réveille-toi ! » pour faire face au RPPRAC, dans lequel beaucoup ne se reconnaissent pas, ou plus. « Je signe parce que le RPPRAC m’a mis au chômage ! », peut-on lire sur le site de la cagnotte. Ou encore : « Il est temps pour la majorité silencieuse de faire savoir qu’elle ne soutient pas ce terrorisme. » Certains souhaitent même que ce qui est en train de se transformer en un nouveau mouvement aille plus loin : « Une pétition ne suffira pas. Il nous faut faire des contre-manifestations afin que l’on voie le nombre de personnes qui ne partagent pas le point de vue de RPPRAC... » Des commentaires qui résonnent comme un cri du cœur de la part de ces citoyens qui entendent bien faire porter leurs voix plus haut que celle du RPPRAC.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/11/2024 à 2:15.

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Je suis pour que l’on se débarrasse de toutes ces anciennes colonies qui vivent beaucoup d’aides sociales

  2. Il faut reconnaitre que payer un yaourt presque 3 euros, alors que Lactalis va laisser des milliers de litre de lait sur le carreau a nos agriculteurs .Ne serait il pas temps que nos grandes têtes bouffies d’orgueil et de bien vivre se posent les bonnes questions serait il possible d’affréter des bateaux usines qui chargeraient le lait ,transformé en Yaourts , beurre, crème et fromage frais durant le voyage vert nos iles qui paraissent paradisiaques a nos yeux mais qui sont en vérité que des glauques pour une parti
    e de leur population .

  3. Calédonie, Antilles, et on attend les autres. Comment ces gens qui nous gouvernent ont-ils réussi l’exploit de faire détester la France à ce point ? L’idée macronienne lumineuse de modifier le corps électoral en Calédonie a certainement ouvert la voie. L’Accord de Nouméa, il s’en souvient ?

    • L’accord de Matignon signé par les socialistes en 1988 ne faisait pas de distinction entre les habitants de la NC pour le droit de vote et une telle distinction n’a jamais existé sur le territoire de la Vème république. L’accord de Nouméa en 1998 prévoyait, par une première injustice, le droit de vote aux élections territoriales après 10 ans de résidence pour tous les citoyens français. C’était un cas déjà unique sur le territoire français. C’est Chirac, qui parmi ses multiples bourdes, a figé le corps électoral à ceux arrivés avant 1998, à la demande unilatérale d’une poignée de radicaux kanaks en 2007 en méprisant la volonté de la majorité des habitants de NC. Néanmoins, à l’issue du 3ème référendum, si la NC avait choisit de rester dans la France, les accords de Nouméa prenaient automatiquement fin et le corps électoral devait revenir à la normale. L’injustice dure maintenant depuis 26 ans. Comment peut-on accepter cela et même le défendre d’autant que ceux qui sont interdit de droit de vote sont majoritairement la NC qui travaille dur, paie des impôts et fait tourner le territoire : professions médicales, professions techniques et scientifiques en déficit sur le territoire et entrepreneurs.

  4. J’ai vécu un peu en Martinique tout comme en Guadeloupe. Comment exprimer mon désarroi en voyant que le lait de coco en vente au supermarché, venait de Thailande! Et si l’on parle de l’eau qui est absente régulièrement au robinet, comment ne pas etre surpris quand on sait que la soufrière reçoit 10 mètres d’eau par an…qui se déversent dans l’océan! Avant de parler de vie chère, parlons d’aptitudes à gouverner…

  5. Je ne crois pas que majorité silencieuse soit contre les événements actuels en Martinique.
    Il n’y a qu’à regarder le résultats des dernières législatives.
    Ensuite, le racisme anti-blanc qui, contrairement à la Guadeloupe, n’existait pas il y a encore peu, c’est développé depuis une dizaine d’année.
    Allez passer des vacances en Martinique et vous comprendrez ce phénomène.

    • exact impossible en guadelouoe pour un metro blanc de s instaler et en martinque ou j ai vecu dans les annees 70 le racisme anti blanc etait deja bien ancre

  6. Là aussi, un jour, il faudra envoyer l’armée pour reconquérir le territoire. Et plu on attendra et plus ce sera dur. Celà me choque d’ailleurs que des gens qui se plaignent de pauvreté alimentaire soient dotées du dernier scooter et de la dernière tablette à la mode. Qu’ils dépensent leur pognon d’abord pour se nourrir. D’autre part, il n’y a pas de scandale à ce que des produits importés de l’autre coté des mers soient plus chers que s’ils étaient produits sur place. Qu’ils deviennent comme moi « locavores ». Enfin, personne ne nous parle des influences (néfastes) des chinois ou des azeris sur les excités qui manifestent.

  7. Comme pour la Nouvelle-Calédonie les leaders et intellectuels sessionnistes et vivent en métropole. Qui sont ces gens à Paris ou en province qui leur mettent du poison dans la tête ?

  8. Donnez-leur l’indépendance sans le parapluie économique de la métropole et qu’ils se débrouillent , ou est le problème ?? Moi, je donnerai l’indépendance à tout les territoires ultra-marin , je ne garderai que la Guyane !! Bien sur , après avoir renvoyé sur leurs îles tout leurs ressortissants !!

  9. Face à un pouvoir faible, les indépendantistes roulent sur du velours, la « vie chère n’étant pour eux qu’un prétexte de plus..Les Antilles Françaises sur la même voie que la Nouvelle Calédonie ?

  10. Pensant un peu connaître la Martinique pour y séjourner plusieurs mois par an depuis 25 ans, j’ajoute qu’il ne faut pas oublier que l’Azerbaïdjan est tout proche de ce mouvement dont les « responsables » ont été reçus en juillet dernier avec des Guadeloupéens et des Néo Calédoniens pour les « aider »dans leur lutte contre l’état colonialiste et punir la France pour son soutien à l’Arménie, nonobstant sa modestie….
    On peut penser que ces combattants ne sont pas revenus les poches vides, ce qui permet de financer tous ces allers- retours Martinique- Guadeloupe – métropole sachant ce que coûtent les billets d’avion.
    En Martinique la CGTM, notamment, soutient le mouvement avec ses troupes et lorsque l’on sait les dégâts économiques que cause ce syndicat on ne peut qu’en craindre les conséquences.
    Le RPPRAC recrute aussi dans les rangs des Rouge, Vert et Noir, les 3 couleurs des indépendantistes dont l’une des spécificités est de casser tout ce qui a un rapport plus ou moins lointain avec l’histoire ( la décapitation de la statue de Joséphine, la «  belle créole » notamment mais aussi de Victor Schœlcher).
    Enfin dès qu’un mouvement de ce genre se met en place l’une des premières actions est de dévaliser les commerces et plus précisément ceux de téléphonie dont les produits partent immédiatement vers Sainte Lucie par la grâce des mafieux haïtiens et lucéens .
    Nous sommes dans des situations de droit commun, institutionnalisées en défense des peuples caribéens qui majoritairement, du moins en Martinique, rejettent ces agissements, les subissent au quotidien, ce qui ajoute au problème réel du coût de la vie.
    Comme me le disait dernièrement une amie martiniquaise, on devrait leur décerner le prix Nobel de la bêtise.
    Pauvre Martinique, tu mérites mieux !

  11. Pas besoin d’avoir fait « Sciences-Po » ou « L’ENA » pour comprendre que ces manifestations « Anti-Vie-Chère » ne sont qu’un prétexte et que leurs objectifs sont tout autre !

  12. Le RPPRAC en Martinique, le CCAT en Calédonie, des extrémistes manipulés, et fortement racistes (mais antiblancs, donc ce ne serait pas du racisme, n’est-ce-pas ?), même combat contre l’Etat français, qui n’en finit plus de montrer sa faiblesse. « Où sont les hommes ? », chantait l’autre…

  13. « connotation décoloniale » !!
    Sauf à considérer que je me trompe, il me semble que la population (non blanche) des Antilles est la descendante des esclaves amenés sur ces iles ! De quelle décolonisation ou indépendance s’agit il ? Les Antillais ne demandent, avec juste raison, que de pouvoir vivre ou « survivre ». Il n’y a que les antifrançais de LFI pour essayer de diviser un peu plus l’unité nationale. J’ajoute que pour la Corse il existe « la continuité territoriale » Pourquoi n’existerait elle pas pour les Antilles, mais pas que. Que je sache, il n’y a pas de Français de seconde zone ? Il suffit simplement de faire des économies partout où c’est possible et de redistribuer les besoins avec équité aux uns et aux autres.

    • Les Antillais afro-français sont à la fois descendants d’esclaves et descendants d’esclavagistes, on l’oublie souvent. Les maitres esclavagistes prenaient souvent des concubines esclaves et même s’il y avait des abus, pour beaucoup de ces malheureuses esclaves, c’était une opportunité pour vivre mieux. Les enfants métis étaient en général affranchis et souvent dotés d’une petite exploitation eux mêmes.

  14. Alors que le gouvernement accumule les erreurs dans tout les domaines particulièrement en dehors de l’hexagone l’avenir de la situation aux Antilles Française est redoutable, l’avenir vas bientôt nous le faire savoir.

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