USA : Disney punit DeSantis, mais rien ne va plus chez Mickey

Mandatory Credit: Photo by Charles Sykes/Shutterstock
Mandatory Credit: Photo by Charles Sykes/Shutterstock

C’est un bras de fer, financier tant que judiciaire, qui s’annonce acharné. La lutte n’en finit plus d’opposer Ron DeSantis, gouverneur républicain de Floride et candidat à la primaire de son parti, en perspective de la prochaine élection présidentielle, au groupe Disney, notamment la branche chargée de gérer le parc d’attractions Disneyworld d’Orlando dans ce même État.

Tout d’abord dauphin, puis challenger de Donald Trump, Ron DeSantis a porté les premiers coups, avec la promulgation d’une loi, tôt rebaptisée « Don’t say gay » (« Ne parlez pas des homosexuels ») par ses opposants. De quoi s’agissait-il ? Tout bonnement d’interdire d’évoquer les questions de genre et d’homosexualité à l’école jusqu’à l’équivalent de notre CE2. En ligne de mire, le puissant empire aux grandes oreilles, à juste titre soupçonné de désormais se servir de ses films pour accompagner cette propagande à destination des bambins.

Résultat : en avril dernier, Bob Iger, patron de Disney, évoque le premier amendement de la Constitution américaine garantissant la liberté l’expression. Là, nous ne sommes pas loin du dévoiement. Si se proclamer homosexuel et en tirer une œuvre artistique relève bel et bien de la liberté d’expression, l’endoctrinement des enfants dès l'école primaire participe d’un tout autre domaine. On n’a jamais vu Michou ou Catherine Lara venir « conférencer » dans nos maternelles afin d’y détailler leurs mœurs.

Nouvelle étape dans l’escalade : Bob Iger vient d’annuler un projet de campus en Floride dont le coût global était estimé à plus d’un milliard d’euros. Il aurait permis de créer deux mille emplois dans cet État traditionnellement républicain. Mais les belles déclarations d’intention de Disney, qui devraient lui assurer la relative bienveillance de l’aile gauche du Parti démocrate, ne sont pas sans arrière-pensées. Ainsi ce géant du divertissement n’est-il pas exactement au sommet de sa forme économique.

Avant la pandémie, ses bénéfices se montaient, chaque année, à 11 milliards de dollars, contre 3,5 en 2022, pour un chiffre d’affaires global de 82 milliards de dollars annuels. Depuis, le groupe a accumulé les erreurs de stratégie, ayant racheté bien trop cher des entreprises comme la Fox ou dépensé des milliards pour s’emparer de la franchise Star Wars, avant d’en gaspiller plus encore dans sa chaîne de streaming Disney+ censée concurrencer un autre géant du secteur, Netflix.

Pis : ses films accumulent les échecs en salles. La politique artistique du groupe est en effet plus qu’hésitante. Ayant, de longue date, capitalisé sur des œuvres familiales et visibles par tous, l’empire Disney a peut-être imprudemment pris en marche le train de la culture wokiste. Comment perdre son public historique tout en peinant à en toucher un nouveau... Au lieu de travailler sur des sujets originaux, les films Disney ne sont plus que suites et remakes. Comme si l’imagination avait déserté ce monde imaginaire. Bref, ses actuels dirigeants ont oublié que Walt Disney, le père fondateur, était avant tout artiste et visionnaire. Et, paradoxalement, que ses valeurs n’étaient guère progressistes : Walt était un anticommuniste forcené et un philosémite des plus modérés.

Aujourd’hui, les seuls restes de l’empire rapportant encore de l’argent sont les parcs d’attractions, Disneyland en Californie et Disneyworld en… Floride. Les malheurs conjoints de Ron et de Mickey font un heureux : Donald Trump ! L’ancien pétulant président peut ainsi se venger d’un Ron DeSantis qu’il ne nomme plus désormais que par ce surnom, « DeSanctus », en tweetant : « Il est complètement détruit par Disney. Le prochain de Disney sera de dire qu’ils n’investiront plus d’argent en Floride à cause de son gouverneur. "DeSanctus" est pris dans un piège à souris. »

Ce duel à venir, politique celui-là, entre Trump et DeSantis pourrait bien ne pas connaître de vainqueur : juste des vaincus.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

13 commentaires

  1. Je n’ai jamais payé un sou pour visiter les parcs Disney ! En 1966, je travaillais pour une entre prise US à Anaheim. Notre parking était attenant a DisneyLand. Il suffisait de sauter le mur pour entrer dans le parc. En 1984, Je visitais un client et ami à Orlando. Il s’appelait Tom Sawyer comme le héros de Mark Twain. Il avait vendu sa station de Radio-TV locale à Disney, ainsi que le terrain de sa plantation d’oranges familiale. Il m’a montré comment entrer à DisneyWorld en se faisant passer pour un employé !

  2. Un milliard d’euros pour la Floride c’est une larme dans l’Océan…..De toutes les façons les U.S.A. se cherchent des investissements et travaux à l’étranger…..En Ukraine pour reconstruire par exemple, et la ce sont des centaines de milliards sinon mille milliards

  3. Heureusement que Disney a abandonné son projet de campus!
    Sans quoi, imaginez une seconde ce que ça aurait donné!
    Quand je pense que ce sont les mêmes qui ont lutté bec et ongles contre les deux ou trois établissements qui n’enseignaient pas l’évolution darwinienne, qui aujourd’hui veulent massivement imposer la théorie du genre, c’est cocasse!
    Aujourd’hui l’obscurantisme vient du prétendu « progressisme » avec la nouvelle religion woke, qui s’avère être encore plus agressive contre las vérités scientifiques.

  4. Le problème des ego est vraiment un phénomène universellement partagé – héla- pour le malheur des peuples

  5. « Il est complètement détruit par Disney. Le prochain de Disney sera de dire qu’ils n’investiront plus d’argent en Floride à cause de son gouverneur. « ? Aux USA tout le monde pense au contraire que Disney construit DeSantis.

  6. Pas du tout convainquant. Disney ne fera pas l’élection, mais l’antiwokisme, si. De Santis n’aura que 45 ans l’an prochain alors que Trump aurait 81 ans à la fin de son éventuel nouveau mandat (voyez l’état de Biden à cet âge). Ron (zéro scandale) a déjà collecté 10 fois plus de fonds de campagne que Don (x scandales vrais ou faux) : aux USA c’est un signe qui ne trompe pas. Ron pour 8 ans nous redonnera de l’oxygène en menant la même excellente politique que Trump : pas de guerres, paix avec la Russie, contention de la Chine. En mai 2024 Ursula saute et en novembre Jo dégage. Vive 2024.

  7. Disney wokisé à donf, ne fait plus recette, la marque est exsangue.
    Les enfants iront chercher le rêve ailleurs.

  8. Disney a perdu son charme depuis qu’il adhère inconditionnellement à la culture wooke et participe à l’endoctrinement de nos enfants. Je boycotte !

  9. Maintenant la marque « Disney » est l’équivalent d’un panneau « sens interdit ». Pas question de valider la bêtise de ces gens en payant pour leur propagande. Il ne suffit que de regarder leur petite sirène. Elle ne fait pas très danoise. Bientôt, ces serrés-du-bonnet, nous expliqueront que les contes de Grimm et d’Andersen viennent d’Afrique. Boycott de Disney !

  10. Disney est dans une position de grand écart ideologique que j’ai du mal à comprendre, co-proprietaire avec Murdoch de Fox Corporation et donc de Fox News, qui n’est pas vraiment connue comme un media de gauche, et sympathisant de l’idéologie woke dans ses productions cinematographiques. On a du mal à comprendre comment ils ont été amenés à ratisser aussi large …

  11. Il convient que chacun adopte deux règles. Le boycott des sociétés faisant la promotion du wokisme et autres délires, et adopter en toutes circonstances un vote le plus conservateur qui soit.

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