Une proposition de loi pour protéger les paysans des plaintes des néo-ruraux

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Chose promise, chose due. À la suite de témoignages excédés de la part des agriculteurs lors de son passage au Salon de l'agriculture, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a lancé une proposition de loi (PPL) visant à protéger ces derniers des plaintes de leur voisinage au sujet des troubles engendrés par les bruits ou odeurs de la vie campagnarde. « Il faut réduire drastiquement les procès abusifs et respecter ceux qui étaient là avant et qui connaissent mieux que personne le territoire. C’est aussi simple que ça ! », confie ainsi le ministre au Figaro, exposant sa volonté de modifier le Code civil pour y ajouter un paragraphe sur les troubles anormaux du voisinage. L'intention est juste, elle est surtout nécessaire pour ces paysans que leurs nouveaux voisins s'emploient à tourmenter, voire à ruiner lorsque la justice leur donne raison. « Il y a 490 dossiers d’agriculteurs en procédure avec leurs voisins pour troubles anormaux de voisinage dans toute la France, estime Luc Smessaert, éleveur laitier dans l’Oise et vice-président du syndicat agricole majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), toujours auprès du Figaro. C’est beaucoup trop. Cette épée de Damoclès au-dessus de la tête des agriculteurs les freine dans leur développement économique et peut les atteindre psychologiquement, eux et leur famille. En outre, cela peut dissuader des jeunes qui veulent s’installer dans le secteur. »

Des citadins excédés par les nuisances de la campagne

Depuis plusieurs années en effet, des citadins en mal de « vert » ont investi les campagnes pour y trouver le calme et la sérénité que la ville ne leur offrait plus. Les voilà qui découvrent la joie des vastes maisons, des magnifiques paysages, d'un rythme tranquille et... du bruit. Pas celui des voitures, qui berçait jadis leur sommeil, mais celui, insupportable, des habitants de la campagne : des cocoricos à tire-larigot, des cancanements à foison, des tintements de cloche toujours bien à l'heure. Bref, un cauchemar sonore pour ces pauvre néo-ruraux, à quoi s'ajoutent les odeurs de ces mêmes habitants : étables trop proches de chez eux, crottin de cheval sur les routes... on en passe. Un cocktail explosif qui a mené un certain nombre d'entre eux à engager des actions en justice.

Des volatiles traduits en justice

Nous parlions, il y a quelques mois, de la victoire judiciaire du coq Saturnin, dans l'Aude, mais il n'est pas le seul volatile à avoir été traduit en justice pour avoir eu le malheur de se comporter selon sa nature. Quelques années auparavant, ce sont les canards et les oies de Dominique Douthe, aide-ménagère de 67 ans, qui se voyaient menacés d'être abattus à cause de leurs cancanements. Une situation très éprouvante pour cette femme aux revenus modestes qui, comme le rapportait à l'époque Le Parisien, n'en « dor[mait] plus la nuit et pre[nait] des anxiolytiques ». Le tribunal avait finalement débouté les voisins grincheux. Un verdict bien plus clément que celui dont a écopé Clément, éleveur à Saint-Aubin-en-Bray (Oise). Ce dernier a été condamné en appel, le 8 mars dernier, à verser 102.000 euros de dommages et intérêts à des voisins qui se plaignaient du bruit et de l'odeur de ses vaches. « Je n'ai pas cet argent sur mon compte. Cela veut dire la fin de mon exploitation », réagissait alors le jeune éleveur de 33 ans, abattu par ce coup de massue judiciaire.

Non contents de se montrer parfaitement déconnectés du réel, de refuser ce patrimoine qui fait la beauté de nos campagnes, ces trouble-fête ne semblent pas se rendre compte que ces élevages représentent parfois tout le revenu des personnes qu'ils attaquent. Ainsi cette PPL, qui sera examinée le 4 décembre à l'Assemblée nationale, se présente-t-elle comme un texte salutaire pour nos éleveurs, empêtrés dans des procès d'un nouveau genre. Gageons que ce texte garantira une bonne fois pour toutes la tranquillité de ces Français laborieux, contre ces troubles anormaux du voisinage occasionnés par les nouveaux arrivants.

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

43 commentaires

  1. « Non contents de se montrer parfaitement déconnectés du réel,  » Ne concerne pas que les voisins grincheux, mais tout autant les magistrats condamnant à outrance au nom de leur justice stalinienne.

  2. Pour que ces néo-ruraux, résidents secondaires, soient tranquilles à la campagne, il n’y a qu’à déménager en ville : les coqs, les bovins, les porcs, les ânes, et les fosses à purin.

  3. Il faut créer une campagne pour citadins différente de la campagne « 100% campagne » qui fait mon bonheur depuis ma naissance. Quand je vais en ville, j’endure les nuisances mais je ne m’y installe pas !

  4. Sans compter que les bruits de la campagne, dont le chant du coq et le son d’une cloche, sont autrement apaisants et rassurants que le bruit de moteurs citadins rugissant sous nos fenêtres et empoisonnant notre atmosphère !
    Mais l’esprit de la Douce France étant mort, ne nous demandons plus pour qui sonne le glas.

  5. Moi, citadine vivant désormais à la campagne, lorsque je vois du beau crottin sur le chemin, je sors un sac de ma poche et en prélève pour mon jardin.

  6. « Il faut réduire drastiquement les procès abusifs et respecter ceux qui étaient là avant et qui connaissent mieux que personne le territoire. C’est aussi simple que ça ! », cette phrase devrait s’adresser également aux français de souche qui s’opposent à la dispersion des migrants dans les campagnes .

  7. Il ne faut pas oublier que les grands parents, voire, les parents de ces bobos néoruraux avaient il n’y a pas longtemps de la bouse de vache à leurs sabots.. Quand notre agriculture et élevage auront disparu, ils mangeront de la viande artificielle ( pour enrichir les initiateurs américains à l’origine de cette folie comme bill Gate ) et des légumes cultivés hors sol ou des insectes. Mais qui prendra alors la défense de ces pauvres bestioles. Le monde devient fou.

  8. Il fit couper la tête à son coq de colère
    Pour l’avoir éveillé plus tard qu’à l’ordinaire.
    Il disait qu’un plaideur dont l’affaire allait mal
    Avait graisse’ la patte à ce pauvre animal.

    Racine, les Plaideurs.

  9. Il y a des lois, des règlements et des arrêtés municipaux et préfectoraux…que chacun les appliquent ce n’est pas plus compliqué que ca. Le soucis est malheureusement quand certains « ruraux « en place depuis longtemps n’en ont jamais tenu compte et s’étonnent quand des « néo-ruraux » s’en plaignent. J’ai déjà entendu la chanson : on état là avant vous !
    Si la justice a pu leur donné parfois raison ce n’est sans doute pas pour rien. Je vous signale aussi que certains « ruraux » sont parfois assez sadiques pour rajouter de la nuisance aux nuisances…dans l’espoir de faire déguerpir l’indésiré…

  10. « Il faut réduire drastiquement les procès abusifs et respecter ceux qui étaient là avant et qui connaissent mieux que personne le territoire. C’est aussi simple que ça ! »,
    Donc respecter ceux qui connaissent leur territoire, qui étaient là avant d’avoir des C.A.D*A et autres hébergements dont les locataires refusent notre culture (non agricole il est vrai) en saccageant nos églises, nos cimetières et agressent nos femmes, nos filles et nos mères pour cause de mode vestimentaire.
    A quand une loi pour nous protéger?

    • Il est urgent que les néo-ruraux acceptent la vie que nous menons à la campagne, qui est notre choix, quelquefois depuis des générations : le chant du coq, les cloches, les tracteurs, quelquefois de la terre sur les routes valent mieux que le bruit, les embouteillages, les odeurs et les malfaisants que l’on trouvent en ville, si cela ne leur convient pas, personne ne les retient !

  11. A la campagne, les vaches, les coqs, les cloches sont prioritaires… Ceux qui n’ont pas pris en compte ces inconvénients avant de s’y installer, n’ont qu’une chose à faire :dégager.

  12. Par contre, les néo-ruraux s’accoutument-t-ils très bien des éoliennes ? Ils les découvrent, parce qu’en ville il y en à très peu. Il vaut mieux les mettre chez les « culs terreux » que dans le quartier des bobos du marais à Paris.

  13. ci gît la tranquillité de nos campagnes, les citadins fuient la ville pour avoir la paix mais comme les migrants il ne connaissent pas le mode de vie et les coutumes rurales. De plus à l’occasion des JO de 2024, on veut planquer ces derniers dans nos belles régions et c’est la double peine pour les habitants de la campagne et des petites villes de province. Au certificat d’études d’un passé bien révolu on savait que pour résoudre le problème de la baignoire qui déborde, il fallait avant tout fermer le robinet d’alimentation, mais visiblement le niveau baisse sauf bien sur celui de la baignoire qui continue à déborder.

  14. Et si nos politicards, qui semble s’ennuyer, nous pondaient d’urgence une loi contre la connerie : cela coûterait moins cher au pays et serait bien plus efficace que la ponte explosive de leurs lois qui ne servent à rien et ne sont jamais appliquées. De plus, toutes ces lois coûtent un pognon de dingue par le biais de l’aide juridictionnelle et de l’encombrement des tribunaux où l’on passe des journées à délibérer pour tout et n’importe quoi …

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