[Une prof en France] Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

BELLOUBET

À l'heure de l'écologie triomphante, notre gouvernement jusqu'au-boutiste a décidé de transformer l'Éducation nationale en recyclerie… Vous savez, ce sont ces organismes dans lesquels vous apportez les objets qui ne vous servent plus à rien ou qui sont défectueux pour qu'on leur redonne une deuxième vie ou qu'on les dépèce en pièces détachées qui serviront à fabriquer de nouveaux objets qui ne serviront à rien.

On nous a donc refilé une antiquité, qui fonctionne selon les règles de l'ancien temps, celui dont plus personne ne veut, hors quelques enseignants crispés sur leurs certitudes et leur idéologie. Ce petit robot-soldat des années 1980 contient un disque pré-enregistré, comme les poupées qui disent « maman » et « je voudrais un câlin », sur lequel on retrouve la ritournelle des classes hétérogènes qui sont une chance pour tous les élèves, des talents également partagés entre tous les humains et des études scientifiques qui seraient unanimes pour prouver que tout ce qui est en place depuis 40 ans fonctionne à merveille. Cette chansonnette a un petit air désuet, c'est mignon, c'est attendrissant, on entend presque derrière les accents de Lionel Jospin et de Najat Vallaud-Belkacem, qu'on avait presque oubliés et qu'il est toujours émouvant de réentendre. Ah, la nostalgie ! Cela ferait presque passer Gabriel Attal et ses trois annonces directement piochées dans la pédagogie des années 50 pour un penseur innovant et délicieusement disruptif…

Plus sérieusement, on se demande surtout où nous mène cette sempiternelle spirale. On piétine, on hésite, on assène des contre-vérités pour se donner de l'assurance et ne surtout rien changer, et pendant ce temps-là, les élèves continuent à ne savoir ni lire, ni compter, alors que cela ne paraît quand même pas si difficile vu de l'extérieur.

Quand on voyage en avion - je profite des derniers moments où cette image parlera encore à la majeure partie d'entre nous, avant qu'on ne nous interdise de faire cette expérience -, on ne peut qu'être rassuré par la présence d'un pilote expérimenté en cas de perturbations fortes. Les perturbations nous semblent fortes à l'Éducation nationale, mais on se rend compte que notre avion n'a pas vraiment de pilote et que l'on a juste un équipage amateur compulsant avec conviction le manuel d'un Yakovlev Yak-42 écrit en cyrillique… Alors, avec résignation, on attend le crash et on ne peut pas s'organiser de manière préventive, car ils ont évidemment enlevé tous les gilets de sauvetage et les masques à oxygène : interdiction de l'école à la maison, inspections musclées et incessantes des écoles hors contrat, guerre contre les écoles privées qui restent performantes, limitation de l'accès aux cours par correspondance, surveillance accrue de tous les acteurs du milieu…

Mais en France, on plaisante même quand on est en colère et on fait face, même quand la bataille semble perdue. Enfin, ça, c'est la légende du roman national… Parfois - souvent ? -, on capitule ou on collabore. Il va falloir que j'étudie ce que Mme Belloubet propose comme avantages à ceux qui feront semblant de croire aux vérités qu'elle assène et qui accepteront de rester à bord pour la dernière vrille.

Virginie Fontcalel
Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Tant qu’à faire d’engager une antiquité, il aurait été préférable d’en engager une qui aurait enseigné dans les années 60. Là, nous aurions pu avoir un peu d’espoir.

  2. Macron s’entoure de petits subordonnés aux ordres bien le doigt sur la couture afin de régner en maître absolu. Ça c’est dans sa on esprit machiavélique car en réalité ça ne fonctionne pas la preuve le déclin de la France à plusieurs niveaux et la régression. Bref l’incompétence de ce gouvernement ouvre les yeux et les oreilles à beaucoup d’électeurs qui ne manqueront de voter autrement que pour ces charlots.

  3. On ne veut pas que les jeunes deviennent intelligents mais les moutons bêlants du mondialisme sans aucun esprit critique. Il faut que les gens soient bêtes au sens littéral du terme, prêts à avaler toutes les idéologies mortifères pour eux mêmes.
    Je connaissais un tourneur fraiseur qui avaient obtenu tous les prix d’excellence de l’école primaire, prix d’excellence dont il ne se vantait même pas et qui trônaient dans son grenier , il a préféré ouvrir son petit atelier en banlieue et il était heureux comme cela !

  4. Il y en a marre de ces idéologues qui régissent toute la société. Cela va du journaliste en passant par les pédagogues , la justice, beaucoup d’avocats et enseignants qui se font plaisir de voir leur idéologie appliquée concrètement même si cela ne donne aucun résultat y compris si cela les amène à ne devenir que les gardiens d’une immense garderie du vivre ensemble sans aucune règle .
    J’ai été ouvrier toute ma vie active , je savais déjà déchiffrer et à peu prêt lire en maternelle où nous étions déjà évalués vers l’âge de 3 ans ! Je vous parle de l’année 1959 !
    M

    • Là, je crois que vous exagérez ! A l’époque, l’ école maternelle n’ avait pas encore été développée comme maintenant.

  5. Tant qu’indignité et mépris règneront au plus haut sommet de l’état, il ne servira à rien de s’épancher sur l’insignifiance d’individus qui ne doivent leurs postes qu’à cette absolue certitude qu’a leur maître de ne jamais être gêné par leurs ombres.

  6. le problème pour ce gouvernement c’est de trouver des personnes qui veulent bien occuper ces postes. Le bateau coule lentement et les rats quittent le navire….. la seule qui voulait encore monter à bord c’est Belloubet….et je ne pense pas qu’il va changer quelque chose à l’éducation nationale….

  7. Avec une Éducation nationale aussi lamentable (et surtout en province ), on ne peut qu’être ébahis devant la qualité des interventions de nos paysans, devant leurs connaissances, leur éloquence et leur courage ! L’Europe n’a qu’a bien se tenir !

    • Beaucoup moins contaminés que les citadins par un multiculturalisme forcené, ils représentent ce que fut l’âme de notre beau pays! Malheureusement, l’Europe de Bruxelles actuelle favorise leur disparition avec l’ignoble complicité de dirigeants « hexagonaux ».

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