[UNE PROF EN FRANCE] Pourquoi ne sort-on pas du collège unique ?

Connaissez-vous un ministre qui aura le courage d’affronter le Moloch idéologique ?
Capture d'écran X Gouvernement
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Instauré en 1975 par la loi Haby, le collège unique visait à unifier les différentes filières de l'enseignement secondaire pour offrir une éducation égalitaire à tous les élèves français. Sur le papier, l’idée pouvait paraître belle à ceux qui s’étaient laissés convaincre par le miroir aux alouettes de l’égalité des chances et de l’ascenseur social. Près de cinquante ans plus tard, cette réforme fait l'objet de nombreuses critiques concernant son efficacité et ses conséquences désastreuses sur le système éducatif français sont de plus en plus manifestes.

Dans les années 1970, le système éducatif français était caractérisé par une segmentation précoce des élèves en différentes filières. Les objectifs de la loi Haby visaient à offrir un socle commun de connaissances à tous les élèves jusqu'à la fin de la classe de troisième, à favoriser la mixité sociale et l'égalité des chances et à retarder l'orientation des élèves pour éviter les déterminismes sociaux précoces. Il s'agissait également de promouvoir la cohésion sociale en mélangeant des élèves de différentes origines sociales et culturelles.

Rien de tout cela n’a réellement fonctionné.

Loin d’avoir été réduites, les inégalités sociales se sont trouvées exacerbées tout en étant camouflées derrière un discours hypocrite et des stratégies de contournement toujours plus coûteuses.

Le dernier rapport de la Cour des comptes atteste que les résultats scolaires restent fortement corrélés au milieu socio-économique des élèves. Les enfants issus de milieux défavorisés rencontrent davantage de difficultés et sont sous-représentés dans les filières d’excellence. Le contexte sociologique global, avec l’explosion migratoire et l’effondrement des valeurs éducatives d’autorité et de discipline, a amplifié le phénomène en ajoutant de la violence et une fracture culturelle à un tableau déjà peu engageant.

Les enseignants doivent en outre gérer des classes aux niveaux très disparates, sans aucune formation ni aucun accompagnement ayant démontré une quelconque efficacité. On expérimente sans cesse, on cherche, on propose des solutions, mais l’abîme de l’échec est là, sous nos yeux, immense, parce que, malgré tous les efforts que l’on peut faire, toute notre bonne volonté et tout l’aveuglement idéologique qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes, un rond n’est pas un carré, une mule ne remporte pas un concours de CSO, un cheval ne porte pas des sacs de farine sur une route de montagne.

Le collège unique sacrifie tout le monde : les bons élèves, sérieux et travailleurs, qui ne sont ni nourris ni vraiment pris en compte, comme les élèves en difficulté, que l’on confronte quotidiennement à des contenus qui sont pour eux hors de portée et auxquels on ne propose, avant quinze ans, aucune solution alternative. On atteint ainsi des taux de décrochage scolaire assez préoccupants et une baisse irrémédiable du niveau global.

Errare humanum est, perseverare diabolicum. Abroger la réforme Haby et refondre entièrement le système du collège, point charnière absolu du désastre scolaire dont l’ampleur se révèle un peu plus chaque jour, ce devrait être la priorité de tout gouvernement digne et désireux de rendre à la France un peu de son lustre et de sa grandeur. Sans réforme du collège, aucun redressement de l’école primaire - urgent et nécessaire - ne sera envisageable ni utile. Connaissez-vous un ministre qui aura le courage d’affronter le Moloch idéologique qui a pénétré de ses effluves pestilentiels tout le système ? Il surgira peut-être de la société civile. Espérons-le…

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Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

45 commentaires

  1. On pourrait gloser des heures sur ce qui est le plus déterminant entre l’enseignement primaire et le secondaire, mais il faut quand même souligner le niveau scandaleusement bas d’une majorité d’élèves entrant en sixième. Les bases fondamentales de français et de calcul apprises à l’école primaire devraient pourtant être maîtrisées par tous, ce qui est loin d’être le cas. Le collège unique est certes une aberration mais rien ne changera si l’on ne réforme pas aussi l’école, en commençant par desidéologiser la formation des enseignants et en restaurant leur autorité.

  2. Le Molloch , c’est la gauche française qui règne sur la France depuis la révolution, qui s’entête dans son idéologie , alors que tout s’effondre , qu’elle nous mène à la ruine économique, sociale, civilisationelle

  3. On ne change pas une équipe qui perd. Nivellement par le bas pour tout le monde. Plus de voie de garage, plus de lycée poubelle, rien ne doit dépasser, rien ne doit transpirer et l’on peut observer dès maintenant les résultats. Déjà dans la rue où, on bouscule sans excuse aucune une personne. Chez les commerçants où, le bonjour se fait souvent discret voir absent. Dans les transports en commun où, on ne cède pas sa place à plus âgé, encore heureux de ne pas s’asseoir sur un siège pollué de pieds indélicats mais aussi et surtout, à l’Assemblée Nationale où, cela est désormais « acté », l’on constate la perte totale de niveau de beaucoup de députés. C’est cela la France Haby d’aujourd’hui.

  4. Le collège unique c’est la garderie des ados égarés. Imaginez-les dans des classes ce CM2 si on maintient la scolarisation jusqu’à 16ans obligatoire.

  5. Amener les élèves brillants au niveau des cancres est bien plus facile que l’inverse……Et ça nos Ministres successifs y arrivent parfaitement.

  6. Réintroduire l’examen d’entrée au collège et valoriser l’enseignement professionnel seraient un début de solution à ce problème.

  7. Pour cela il faudrait sortir de la pensée unique, et arrêter d’être dirigés par des gens intellectuellement hémiplégiques et sans intelligence aucune, sinon animés d’un esprit progressiste fasciné par les philosophies du chaos .

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