"Qui veut se faire arrêter pacifiquement ?" : c’est ainsi que le commissaire Pierre Vandersmissen, qui dirige le service d'intervention de la police locale de Bruxelles-Ixelles et que l’on a l’habitude de voir lorsque la situation se tend dans la capitale belge, s’est adressé hier aux gilets jaunes, dans une séquence digne des plus grands bêtisiers, mais qui témoigne aussi du surréalisme propre à la Belgique.

Lorsque la situation est tendue à Paris, il n’est pas rare que des soubresauts ébranlent Bruxelles. Un millier de gilets jaunes ont ainsi exprimé leur colère en plein cœur de la ville et dans le quartier européen. Quelques échauffourées ont éclaté et 450 personnes ont, finalement, été arrêtées administrativement. Parmi les manifestants, des militants d’extrême gauche et d’autres de ce qu’il est désormais coutume d’appeler l’ultra-droite, mais aussi nombre de citoyens en souffrance.

Les causes de la colère sont relativement similaires à celles qui mobilisent, aujourd’hui, les Français : pouvoir d’achat en berne, fiscalité excessive, fossé entre la Belgique dite d’en haut et celle d’en bas… Dans un pays fort syndicalisé, ce qui explique que les mouvements citoyens sont souvent ancrés à gauche, il est rassurant de constater - une fois n’est pas coutume - que les syndicats n’ont aucune mainmise sur les gilets jaunes.

La journée en Belgique a pourtant été marquée par un événement autrement plus notable : la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), plus grand parti de Belgique, a quitté le gouvernement fédéral devant l’insistance du Premier ministre, le libéral francophone Charles Michel, à ratifier le pacte de Marrakech sur les migrations.

Le parti flamand, souvent associé à la couleur… jaune (tout un symbole), fait preuve de courage en refusant la société multiculturelle sous-jacente au texte découlant de la déclaration de New York, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 19 septembre 2016. Bien sûr, nous répètent en boucle les bien-pensants, croyant berner le citoyen lambda - de moins en moins dupe -, le pacte est « non contraignant ».

Le désormais ex-ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a expliqué, dans une vidéo, les raisons du refus de son parti d’avaliser le texte :

"Nous ne pouvons accepter que notre politique de migration puisse faire contre la volonté de l’opinion […] Le pacte de Marrakech ne fait aucune distinction entre migration légale et illégale, ce qui est au cœur de notre politique de migration. Le pacte souhaite un assouplissement de la politique de regroupement familial ; nous voulons au contraire la restreindre. Il préconise également que les prestations sociales soient étendues, aussi pour les illégaux. Le pacte rendra plus difficile le renvoi des illégaux, alors qu’il est déjà difficile aujourd’hui de les renvoyer […] Le danger est également trop important que des activistes et des ONG l’utilisent en justice pour nous contraindre."

Lors du débat à la Chambre des représentants, cette semaine, les députés du Mouvement réformateur (centre droit), parti du Premier ministre, ont trouvé une majorité de rechange, avec les socialistes, les communistes et les écologistes, pour soutenir le pacte. Du côté francophone, seul Aldo Carcaci, député du Parti populaire (droite populiste), a voté contre.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:01.

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09 décembre 2018 à 15:47

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