Un homme lynché par des villageois : quand la nature humaine plonge dans la barbarie

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« Tout le monde sait, mais personne ne parle », écrit Nice-Matin dans son édition du 3 décembre. Pendant près d'un mois et demi, on n'a rien su de ce crime sordide qui s'est produit dans un village des Alpes-Maritimes, jusqu'à ce qu'on en parle dans la presse régionale. Le 12 octobre, un homme, soupçonné de cambriolage, a été lynché par les habitants. Il en est mort, deux jours plus tard, dans un hôpital de Nice.

Selon Nice-Matin, les gendarmes, après avoir d'abord été alertés pour un « cambriolage », ont ensuite appris que « le présumé suspect [avait] été arrêté, neutralisé par des habitants ». Plusieurs sources assurent que « certains avaient des chiens, ils ont lancé au moins l’un d’entre eux sur la victime […] ». Un témoin de la scène raconte : « Plusieurs personnes, des jeunes, sont à l’origine de la chasse à l’homme. Il y en avait un qui avait deux chiens, il frappait le jeune homme. » Le propriétaire d'un bar-tabac confie que « c’est triste pour ce jeune », précisant : « Il venait faire des paris sportifs, ici, mais je pense qu’il n’avait pas vraiment eu le temps de se faire des amis, cela ne faisait pas longtemps qu’il était à L’Escarène. »

Le procureur de Nice a confirmé « l'ouverture d’une information judiciaire du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », ajoutant qu'« aucune mise en examen n’est encore intervenue ». L'enquête est en cours pour identifier les auteurs et déterminer leur implication, images de vidéosurveillance à l'appui. L'un des auteurs serait en fuite à l'étranger. Alors, comment expliquer cet acte odieux ? La peur de « l'étranger » qui n'est pas du village, alimentée par l'insécurité grandissante, même dans nos campagnes ? L'impuissance de l'institution judiciaire, qui conduit des hommes à se faire justice eux-mêmes ? Rien ne permet, à ce stade, d'émettre ces hypothèses.

Tout laisse à penser qu'il s'agit plutôt d'une éruption soudaine de l'inhumanité, voire de la barbarie latente dans chaque homme, qui peut ressurgir en certaines circonstances, surtout lorsqu'on est en groupe et que l'imagination et la passion l'emportent sur la lucidité et la raison. « L'homme n'est ni ange ni bête », écrivait Pascal, attribuant la chute dans la bestialité à la nature duelle de l'homme. Dans tout individu, une bête sommeille, qui peut se réveiller quand elle n'est pas suffisamment maîtrisée par l'éducation morale et l'apprentissage de la raison.

Pascal ajoutait que « le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ». L'Histoire le confirme malheureusement, qui est pleine de ces dérèglements. Que dire du massacre des Vendéens ou de la Terreur révolutionnaire, ordonnés par des hommes qui mettaient la vertu en exergue ? Que dire de l'épuration sauvage de la Libération, sinon qu'ils étaient moins des actes de justice que des manifestations, à grande échelle, d'une bêtise associée au fanatisme ? Que dire du terrorisme islamique, sinon qu'il est le fait d'énergumènes persuadés que leur cause est juste ? C'est l'honneur de la civilisation occidentale d'avoir cherché à lutter contre cet ensauvagement de l'homme.

« Chassez le naturel, il revient au galop », dit le proverbe. Il ne faut pas grand-chose pour que l'homme civilisé revienne à la barbarie. C'est vrai de tous les hommes, quelle que soit leur place dans la société. Nos dirigeants ne sont pas plus à l'abri de cette perversion que le commun des mortels : ils se prétendent raisonnables et vouloir l'intérêt général, alors qu'ils sont souvent les jouets de leurs préjugés et de leur égocentrisme. S'ils affichent toujours de bonnes intentions, ils n'en ont pas moins les mains sales.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

73 commentaires

  1. « un homme, soupçonné de cambriolage, a été lynché par les habitants »
    Si ce soupçon n’est pas confirmé, oui, c’est crime (pas plus odieux qu’un autre, genre tuerie de nos anciens à coup de rivotril)
    Si ce soupçon est confirmé, ce ne sont pas les habitants qui sont coupables, mais la justice qui , systématiquement relaxe tant les cambrioleurs que les violeurs, que les meurtriers (les pauvres, ils sont déséquilibrés, et bien voyons!)
    Il faut bien que nous nous défendions nous même, puisque les autorités n’en sont pas capables.
    Ce genre d’événement risque de se produire de plus en plus si nous ne sommes aps protégés.
    La colère, la peur, de se voir massacrés, cambriolés, violés et autres joyeusetés à la mode, augmentent la colère, qui, alors , n’a plus de limites.
    C’est instinctif

  2. Laxisme judiciaire ! Excuses bidon en faveur des délinquants (pour moi il n’y a pas de petits délinquants ), alors je comprends très bien la réaction de ces habitants ! Et avant de condamner ces derniers , commencez donc par condamner le laxisme de nos juges et gouvernants depuis plus de 40 ans !

  3. Quelqu’un a dit il n’y a pas si longtemps « nous sommes côte à côte bientôt nous serons face à face. »..
    Et bien voilà on, y est..
    La bonne idée que de vouloir mettre les immigrés à la campagne,
    Quand on est gouvernés par des idéologues qui du haut de leur savoir livresque ne comprennent rien à rien à la nature humaine il ne faut pas s’étonner des résultats. Ceux qui pensent que nous sommes un peuple sans racine, sans histoire, sans attachement à sa terre, à ses biens, que ce qui est à moi est à toi, feraient bien de revoir leur conception de notre monde. Que ceux qui nous gouvernent n’oubleint jamais que nous sommes le peuple de la Révolution, ce peuple là, peut courber l’échine un certain moment, mais viendra le temps de la Révolte, il faut s’y attendre…..

  4. Cette semaine, pour la dernière manifestation de « jeunes » à Bruxelles, le média officiel parle lors de son jt d’encadrement des « jeunes » par des « jeunes plus agés » !!!!

  5. A force de désespérer le citoyen lambda sur les promesses cyniques de SÉCURITÉ publique, premier devoir d’un État digne de ce nom envers sa population, tenues par des irresponsables politiques surprotégés bardés de « sentiments », on en arrive à des solutions empiriques, des « voisins vigilants » au retour irrépressible d’une colère « populaire » de type médiéval. Le gvt dépassé sait sans doute pourquoi il vient de lancer en catastrophe une grande collecte « citoyenne » très médiatisée de « confiscation » des armes de tous calibres, aujourd’hui prêtes à resservir…

  6. C’est un acte barbare que le lynchage, de plus opportuniste. Savaient-ils vraiment que c’était ce jeune homme, plutôt que le signaler aux gendarmes qui font leur travail ? Ils ont commis un acte plus grave eux-mêmes que le voleur présumé, cambriolage contre homicide involontaire. L’insécurité pressentie nous fait perdre la raison.

  7. Chaque fois qu’il s’agit d’un délinquant, la presse dit ‘les jeunes’ ou ‘jeune homme’. Selon la presse locale, le jeune homme avait 28 ans et c’est un homme. Un cambrioleur a été pris en flagrant délit et tabassé par des habitants. Il n’y a pas si longtemps, on pendait les voleurs. Pour les politiques et la presse, les cambriolages sont des événements statistiques. Les personnes concernées sont triplement pénalisées : d’abord par les dégâts matériels, ensuite par le long parcours formel : police et assurances, ainsi que la récupération de documents, et enfin par le sentiment d’insécurité ou d’impuissance. J’ai été cambriolé trois fois et j’aurais volontiers tabassé l’un des voleurs.

  8. Toujours se méfier des groupes agressifs à l’idéologie opportuniste commune. Ils ne se maîtrisent pas. Mais plus fondamentalement. En laïcité, qui enseigne aux enfants, futurs adultes, quelle est la valeur intrinsèque de l’Humain ? Des jeunes se conduisent comme des barbares, à considérer les Hommes moins bien que les bêtes. Rien ne les retient, l’Homme devenant un simple tas de matière à modeler. Si le défaut d’éducation dite « spirituelle », la seule en mesure de redonner de l’Humain au corps, est une des raisons de cet ensauvagement, ne doit -on pas considérer également une frustration latente de plus en plus difficile à contenir, qui se transforme à un moment ou à un autre en agression débridée? Frustration de ne pas dominer, de se constater soumis, voire proche de l’ignoré en défaut de considération. Ce qui n’excuse pas pour autant cette sauvagerie non significativement réprimée, la répression le seul palliatif immédiat dans l’attente des effets d’une rééducation à long terme.

    • beaucoup de moralisation mais aucune information sur ce cambriolage et le lien objectif avec le présumé coupable. J’ai horreur de ces articles donneurs de leçons, pas un mot sur le cambriolé, sa peur, son préjudice, ses plaintes antérieures et leur suite éventuelle. J’ai de la peine pour bvd voltaire et leur choix pour un citoyen qui subirait, non protégé et devrait se laisser tondre.

  9. Il faudrait arrêter de parler d’impuissance judiciaire et autres impuissances. Nos gouvernants connaissent les problèmes qui agitent la France. Et quand on sait et qu’on ne fait rien, qu’on détient le pouvoir, c’est de la complicité ! Mais où est la logique actuellement ?

  10. c est le résultat d une justice devenu totalement inexistante ,corrompue qui ne fait plus son devoir de proteger les citoyens , tout cela n a qu un l objectif entretenir le chaos , les injustices pour declencher la colere du peuple , le grand plan de destruction de la france

  11. Un crime inexcusable, oui. Mais dans ce climat d’insécurité et de violences, les citoyens sont exaspérés par la multiplication des agressions , vols , viols , etc. En plus, les auteurs de ces faits ne sont punis que de faibles peines et encore , souvent il faut attendre la récidive pour qu’une peine de prison soit prononcée..Notre gouvernement est responsable de la montée de l’insécurité , elle gagne petites villes et campagnes, alors on en arrive à la création de milices, où comme dans ce village , une transformation du citoyen tranquille en justicier féroce et aveugle .
    Je comprends pourquoi ce gouvernement a lancé cette campagne de récupération des armes, il a bien trop peur que ces armes se retournent vers des  » zélites » qui nous disent qu’il n’y a qu’un sentiment d’insécurité .

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