Tout semble bien aller pour Trump. Son taux d’approbation (sondages Rasmussen – les plus fiables) oscille entre les 48 % et 52 % depuis plusieurs semaines ; l’équipe du procureur Mueller, pourtant très motivée, n’est pas parvenue, en deux ans, à criminaliser le comportement de Trump lors de sa campagne de 2016 ; le ministre de la Justice Barr a non seulement dégommé la thèse de l’entrave à la justice mais est maintenant en voie de ruiner la légitimité de deux ans d’enquêtes anti-Trump (y compris l’enquête Mueller), plaçant la bureaucratie du Renseignement sur la défensive (affaire dite du « Spygate » qui semble montrer que Trump a bel et bien fait l’objet d’un coup d’État de moins en moins discret) ; les électorats hispano-américain et afro-américain – nous l’avons déjà dit ici – semblent de mieux en mieux comprendre Trump, bien mieux que les élites ; l’économie tient la route ; les négociations commerciales internationales semblent provoquer un retour des emplois industriels au pays ; le Mexique – traditionnellement pourvoyeur de drogues et de serfs à son voisin du nord – finit par céder, etc.

Bref, si l’on ajoute à cela les discussions du G20 à Osaka, et la visite surprise de Trump en Corée du Nord, ne serait-ce que de quelques dizaines de mètres, sans oublier l’apparente division des démocrates, tout semble sourire à Trump.

Pas si vite ! Car c’est sans compter sur les néoconservateurs et leurs alliés du complexe militaro-industriel, qui contrôlent le sommet de l’appareil d’État, les états-majors des deux partis, ainsi que les conseils d’administration des médias et des « think tanks ». Tous cornaqués par les lobbies, étrangers ou non, implantés à Washington.

Jusqu’ici, Trump a survécu grâce à l’appui inconditionnel des chrétiens et juifs fondamentalistes, s’alignant sans retenue sur Netanyahou. Il a, ensuite, duré grâce au soutien des industries de l’armement (d’où les orgies commerciales organisées en Arabie, l’an dernier, et les bras tordus des membres de l’OTAN pour leur faire renoncer à leurs industries militaires nationales). Mais il risque gros : le système financier et technétronique américain a déjà « voté Chine », le complexe militaro-industriel qui noyaute la Maison-Blanche veut la guerre avec l’Iran (et met en place les cliquets de non-retour), tout comme il rejette l’idée d’un traité de paix avec la Corée du Nord (juridiquement, les protagonistes sont toujours en guerre).

La coalition de « l’État profond » a ainsi deux préoccupations : la politique étrangère et l’affaire « Spygate ». Pour la première, si Trump « n’est pas sage », le Sénat républicain (composé, pour la plupart, d’anti-Trump), pourrait bel et bien se joindre à la Chambre lors d’une procédure de destitution, factice on non. Quant à la seconde, qui pourrait, aux yeux de l’opinion, annuler toute tentative de destitution de Trump, elle représente un danger mortel pour ce marécage qui détient le pouvoir réel sur le pays. Aussi un piège semble-t-il se mettre en place pour a minima destituer le ministre de la Justice Barr. D’où la convocation, par le Congrès, du procureur Mueller, qui pourrait soit se taire (et en rester à son rapport) soit, de quelques mots, brandir la foudre contre Barr, si ce dernier, non plus, « n’est pas sage ».

Trump devrait gagner en 2020. Mais, pour ce faire, sous quelles fourches Caudines devra-t-il passer ? Pourra-t-il continuer éternellement à jouer au chat et à la souris avec les néoconservateurs ? L’enquête du « Spygate » sera-t-elle sabordée ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:50.

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01 juillet 2019 à 6:58

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