La politique d’Emmanuel Macron met à mal le bâtiment

construction immeuble

« Quand le bâtiment va, tout va. » Ce proverbe est empreint de bon sens : le secteur de la construction pèse 12 % du PIB français, il n’est pas délocalisable, contrairement à l’industrie, il génère de l’activité économique et remplit les caisses de l’État avec la TVA. Les dispositifs de Robien ou Pinel, en apparence si coûteux pour le budget, sont en réalité bénéficiaires pour les finances publiques lorsqu’on fait le compte des taxes encaissées et des charges sociales payées sur les salaires. Mieux vaut rémunérer un maçon pour son travail que d’indemniser un chômeur, et pour arriver à ce résultat, tous les moyens sont bons.

Or, le nombre de permis de construire a diminué de 8,6 % en un an, et celui des mises en chantier de 4,6 %. Emmanuel Macron a eu beau promettre, en 2017, un choc de construction, celui-ci ne s’est pas produit. Les chiffres de la construction révèlent, mois après mois, un net ralentissement. Plus grave, c'est dans les régions où existent des pénuries de logements que le fléchissement est le plus fort : -17,6 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, -9,2 % en Île-de-France, -11,7 % en région Auvergne-Rhône-Alpes et -8,4 % en Occitanie. Moins de 400.000 logements sortiront de terre en 2019, contre 418.000 en 2018. La loi ELAN (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique), votée en novembre 2018, promettait de construire plus et de réduire les délais et les prix. Rien de tel n’est arrivé. Les coûts du neuf ont explosé de 7 % en deux ans et même de 15 % en Île-de-France, où les prix de l’immobilier frisent des sommets.

Deux raisons principales expliquent cet échec : les élections municipales de 2020 approchent et les maires se montrent frileux dans la délivrance de permis de construire. Ils sont soucieux de ne pas déplaire à leurs électeurs. La politique de gribouille du gouvernement n’arrange rien : il a raboté le prêt à taux zéro, supprimé l’aide personnalisée au logement que touchaient les ménages les plus modestes, rogné les dispositifs fiscaux de l’investissement locatif et s’est acharné sur les bailleurs privés en augmentant la CSG et en maintenant l’impôt sur la fortune sur les biens immobiliers.

Mais le pire provient des coupes violentes sur les budgets des HLM. On a économisé 1,3 milliard sur leur dos en 2018, autant en 2019. Les bailleurs publics n’ont pas eu d’autre choix que de réduire les constructions de nouveaux logements au détriment des plus fragiles. M. Macron a, jadis, fustigé ses prédécesseurs et l’inefficacité de la politique du logement, qui coûte 40 milliards chaque année, sans parvenir à résorber le mal-logement qui touche 4 millions de Français. Il a oublié (volontairement, par démagogie ?) que ce secteur rapporte 74 milliards par an ! La crise qui touche le bâtiment, en 2019, vient de lui prouver que cette politique si décriée marchait et qu’il n’y avait aucune économie à faire dans ce domaine.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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