Trump est un génie, c’est lui qui le dit !
Trump a battu pendant la campagne des présidentielles les « idiots intelligents » (ces « intelligent yet idiots » - les IYI - excellemment définis par Nassim Nicholas Taleb dans son étude Skin in the Game). Vivant dans leur bulle, à Washington, New York, Boston, Los Angeles, San Francisco, Portland ou Seattle, ils incarnent "ceux de la mer", les mondialistes élitistes. Ils n’ont pas vu venir la revanche des « débiles », "ceux de la terre", les laissés-pour-compte du nouvel « ordre » mondial mis en place par ces mêmes IYI.
On peut donc dire que le candidat Trump a eu du génie. Il suffit de relire son discours de candidature du 16 juin 2015, fusant du cocon de la Trump Tower, pour se rendre compte que la bête de scène avait vu et senti ce que les prisonniers de leur "Petit Trianon" psychique n’avaient su anticiper : le rejet du « système » par la majorité des Américains. Il suffisait donc de faire voter ceux qui ne votent jamais et d’endormir ceux qui en profitent. Et de vendre aux médias la corde pour se faire pendre. "Pure Genius"…
Mais c’était un « petit » génie. Nous l’avons écrit à de multiples reprises : la campagne de Trump n’était que le prolongement du plan d’affaire de la Trump Organization. Trump n’est pas un homme d’État mais un homme de coups. Et le coup était tentant : faire de 60 millions d’électeurs potentiels la clientèle captive d’un nouveau réseau de médias, capable d’hypnotiser les populations pour trente ans. C’était, enfin, un génie puéril : naïf, Trump s’est fait flouer dans l’affaire russe.
En Août 2016, Steve Bannon, patron de Breitbart News, avait été propulsé dans la campagne Trump par la richissime famille Mercer alors que Paul Manafort, le directeur de campagne imposé par le couple « Jared-Ivanka » (en remplacement de l’efficace Corey Lewandowski) venait de se faire remercier pour ses liens « douteux » avec les oligarques ukrainiens (il a, depuis, été inculpé).
Dès octobre, Bannon sauva la candidature de Trump, « mortellement » atteinte par la publication des bandes sonores "Access Hollywood" qui le présentaient comme un prédateur sexuel. Dans leur (excellent) livre Let Trump be Trump, Lewandowski et Bossie l’ont confirmé : alors que tout son état-major disait à Trump de se retirer de la campagne, sauf à se faire lessiver par les électeurs, Bannon s’est levé, a parlé et a renversé la situation.
Ensuite, il a "retourné" le tout proche débat public avec Hillary en rassemblant au premier rang du public, à deux mètres du podium, un échantillon des victimes sexuelles de Bill Clinton, lui-même assis derrière Hillary. Hillary, paralysée, ne put exploiter "Access Hollywood".
Bannon avait surtout pour mission de mettre de l’ordre dans les idées de Trump et de lui fournir une idéologie, autrement dit le « pourquoi » de son programme. Lecteur de Gibbon, de Thucydide, et de Julius Evola, Bannon a forgé une doctrine trumpiste, « multipolaire », amplement reprise dans le tranchant discours du président du 20 janvier 2017, lors de sa prestation de serment (autant que dans son discours de Varsovie). Le « système », le sourire en coin, a depuis verrouillé la Maison-Blanche, laissant Trump se présenter à la presse comme un génie, et sa fille comme la madone de l’emploi, tandis qu’il se prétend encore populiste.
Candidat « génial », Trump sera-t-il un président « nul » ? Certainement pas, puisqu’il n’est que fantoche. Ouvrons les yeux…
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