Comment un pays dont les enquêtes disent être majoritairement de sensibilité de droite se retrouve-t-il, au terme de la séquence électorale 2022, dirigé par un Président du centre extrême et une Assemblée nationale dominée par l'alliance des centristes ?

La droite - toute la droite - a failli, nous avons tous participé à maintenir le Président sortant au pouvoir et à faire en sorte qu'il dispose d'une majorité, fût-elle relative, au Parlement.

Nous sommes tous responsables de la réélection d'Emmanuel Macron mais engoncés dans nos certitudes, et pour satisfaire notre ego, nous rejetterons notre échec sur l'autre. Nous n'aurons à aucun moment le courage de faire ce bilan indispensable pour tirer les conclusions de ce raté collectif et travailler sur les points à améliorer. Certains se satisferont d'avoir conservés leurs acquis, d'autres d'avoir limité la casse et, comme d'habitude pour celui ou celle qui a tiré le meilleur profit de la séquence, on repartira sur la même rengaine, répétant aux défaits « rejoignez-moi » comme si d'un claquement de doigt on pouvait tout régler en rassemblant des gens qui ont tant de problèmes d'ego.

Problèmes d'ego ? On y est, le mot est lâché, ils ne reconnaîtront jamais que ce qui a fait perdre la droite n'est pas lié à un programme politique mais surtout à cette fierté mal placée.

Les électeurs de droite sont otages de leaders qui persévèrent dans ce strabisme altérant la bonne perception des enjeux politiques de notre époque. On se félicite d'avoir gagné quelques voix alors que le peuple de droite espère la victoire attendue depuis 2007, puisqu'en 2012, il n'y avait aucun candidat de droite en finale de l'élection présidentielle, Sarkozy ayant viré centriste pendant son quinquennat.

La grande famille de droite est bien partie pour se prendre une nouvelle claque en 2027, parce que personne n'aura eu le courage de poser les bonnes questions. Il est facile de prendre le peuple à témoin quand le peuple lui-même ne sait pas ce qu'il veut. Il est aisé de dire qu'on a plus de légitimité parce qu'on a eu une voix de plus que notre concurrent de droite, mais est-ce qu'on prend le temps de se dire que ces querelles font le terreau des défaites à venir ?

Le dernier épisode de notre bêtise est la séquence de l'élection du président de la commission des finances de l'Assemblée nationale. La gauche arrive à faire ce que la droite ne peut et risque de ne jamais pouvoir faire.

Nous sommes tous responsables, et moi le premier, responsables d'avoir entretenu la division qui a conduit à cet échec électoral, ne nous voilons pas la face. C'est vrai que les scores des candidats de notre sensibilité politique à la présidentielle sont historiques (Marine Le Pen 23 % + Éric Zemmour 7 % + Nicolas Dupont-Aignan 2 %, soit un 32 % jamais atteint auparavant), c'est vrai qu'ils le sont tout autant aux législatives, avec la fin du plafond de verre dans nombre de circonscriptions, mais en vérité, la grande famille de la droite française n'a pas gagné, elle a perdu : Macron est encore au pouvoir et ses affidés dirigent le Parlement.

Allons-nous continuer comme cela, en 2027, nous satisfaire de petites places alors que le peuple de droite attend une victoire ?

Oui, certainement, si nous n'avons pas l'honnêteté de reconnaître que nous ne gagnerons jamais les uns sans les autres, et nous en reviendrons à la même situation dans cinq ans, on sera défait mais heureux d'avoir gagné quelques voix...

Finalement, Guy Mollet avait bien raison lorsqu'il affirmait que la droite française est la plus bête du monde. C'était en 1957, mais c'est encore vrai aujourd'hui et ça le sera encore demain. Tous ces rendez-vous politiques manqués confirment que le problème ne vient pas du positionnement mais des personnes et, très franchement, le peuple en a ras le bol de son élite.

C'est aujourd'hui que nous devons préparer 2027 en nous parlant sans condescendance, sans invectives, sinon la droite perdra dans cinq ans et dans dix ans.

5300 vues

02 juillet 2022 à 17:45

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.

67 commentaires

  1. Bête à manger du foin . Les politiciens qui se disent de droite votent plus facilement pour l’extrême gauche que pour l’extrême droite . L’important n’est-il pas de se procurer des sinécures juteuses en dépit des opinions affichées pour être élu ? Pas étonnant donc qu’un Français sur deux s’abstienne désormais.

  2. La preuve que la droite est la plus bête du monde est dan le fait qu’elle ai permis l’élection d’Eric Coquerel à un poste qui aurait du revenir à un élu du RN beaucoup plus proche de la conviction de ses électeurs pour rien en contrepartie

  3. C’est foutu. N’en déplaise à certains, le cordon sanitaire fonctionne toujours et il n’y a aucune raison pour que les castors s’abstiennent de faire barrage. Sans unité et un niveau beaucoup plus élevé dans la combativité, la droite demeurera ce qu’elle est.

  4. Les gaulois, dont je ne suis pas, sont bien à plaindre, qui ne pipent mot sur mes 35% et mon N D-A à l’Elysée:
    pour envier mon idée
    pour me traiter de tous les noms
    Motus…..ils vaquent à leur train-train et votent n’importent comment!
    ça se paie cher!

  5. Élites, laissez-moi rire, elles sont disparues il y a belle lurette ; des crétins malhonnêtes plutôt, élus par des ignares élevés à la téléréalité et les chaînes (d’information) continues.
    En 2027 la France sera déjà arrivé à la fin de sa mutation en quart monde!

  6. Mes 35% avec Ciotti et mon N D-A à l’Elysée suite aux retraits de MLP et EZ: personne n’y a mis un pouce fût-il vers le bas!
    Il n’est pas étonnant que l’on en soit là mon cher Verlaine!

  7. « Nous sommes tous responsables de la réélection d’Emmanuel Macron » Holà !! Tous ? NON-NON-NON !! Les abstentionnistes oui , surtout au 1° tour qui est le plus important quitte à voter par exemple un Jean Lassalle + Les abstentionnistes du 2° tour ! Plus de 70% des Français ne voulaient plus de Macron mais il a été réélu. A l’avenir, que les abstentionnistes qui ont largement contribué à cette réélection se taisent et rentrent dans leur bergerie.

    1. Une grande majorité de français ne voulait pas non plus de MLP, mais les médias aux ordres ont fait sa campagne afin d’assurer la réélection de macron
      Et il en sera de même en 2027 avec une abstention en forte augmentation

  8. La Droite ? C’est le « plus petit dénominateur commun » de la Pensée !
    Un Jacob inexistant et une Pécresse, précieuse ridicule. Beau tandem !
    Oser , n’est pas leur truc ! Des Suiveurs du Tour de France apportant les gamelles !

  9. En 2027 j’aurai 83 ans, si Dieu veut. Qu’est-ce que j’en ai à cirer ? Mon argument est nul, tant pis.

  10. Bien sûr, Monsieur Djeni, vous avez raison dans votre analyse. Malheureusement, 2022 constituait la dernière chance de salut pour notre pays, tant les dégats sont avancés et semblent irréversibles. Zemmour est arrivé trop tard.

  11. Certes, le pouvoir d’achat a son importance, mais pensons avant cela au devenir de la France, à nos racines, à notre civilisation. 80% des Français ne se rendent pas compte que le grand remplacement est déjà bel et bien en route depuis bien longtemps. Ce mal est profond et je crois qu’il est déjà trop tard pour changer le cours de cette progression. Nos militaires sont aussi passifs que nos politiques. J’ai 88 ans et reste persuadé que je serai enterré en terre islamique que j’ai quitté en 1950

  12. Merci Monsieur Djeni pour cet article qui reflète parfaitement ce qu’est la droite française , un clan d’égos persuadés d’avoir raison .

  13. Adhérent au RN, je n’ai cessé de l’écrire à son Président et Marine Le Pen. Mais devant l’attitude rigide persistante des LR d’où je viens, il était impossible d’arriver à un accord des 5 parties prenantes. Et ça continue. On l’a vu avec la Présidence de la Commission des fiances. On ne veut pas admettre que l’Union fait la force et l’oignon la soupe. Malgré mes dons, j’ai rendu ma carte d’adhérent. Tous m’ont découragés.

Les commentaires sont fermés.