[TRIBUNE ] « Grosse Suisse molle » : petit à petit, Loiseau défait son nid

nathalie loiseau

Les excuses auront été pires que l’offense, et s’il convient de dénoncer proprement et fermement les propos de Mme Loiseau, il apparaît plus intéressant de comprendre ce que ces mots disent de son auteur en particulier et de l’aveuglement de toute une partie de la classe politique sur les sujets concernés de l’autre.

En exprimant le souhait que l’Union européenne ne soit pas une « grosse Suisse molle » et en se faisant reprendre par l’ambassadeur, Mme Loiseau a commis une faute diplomatique. Elle s’est piteusement justifiée de cette bourde en expliquant qu’il s’agissait d’une conversation au retour d’un voyage en Ukraine (comme si cela pouvait servir d’absolution) et qu’elle aimait la Suisse parce qu’une partie de sa famille habitait à Annemasse. C’est à peu près aussi cohérent que de dire qu’on aime l’Allemagne parce qu’on habite à Strasbourg. « Je ne peux pas vous dire mieux », a-t-elle conclu. C’est inquiétant, d’abord pour elle.

Mme Loiseau est l’ancienne patronne de l’ENA, elle affiche 25 ans de carrière diplomatique, elle a été ministre des Affaires européennes sous Édouard Philippe et, surtout, tête de liste de La République en marche aux élections européennes, choisie par Emmanuel Macron. Rien que ça ! Au Parlement européen, elle dirige la sous-commission Sécurité et Défense, qui siège sous la tutelle de la commission des Affaires étrangères. Mme Loiseau se drape des oripeaux de la compétence, ne manquant jamais une occasion de rappeler aux populistes leur prétendu « manque de niveau ».

Pour cette raison, sa faute diplomatique est encore plus impardonnable. Elle l’est aussi parce qu’elle ne correspond à aucune réalité, aussi bien au regard de l’Histoire de la Suisse qu’à propos de l’affaire ukrainienne.

N’en déplaise à Mme Loiseau, sa neutralité, la Suisse l’a conquise par un sens militaire aiguisé. L’histoire militaire des cantons suisses est réputée depuis le Moyen Âge. Le choix des gardes suisses pour défendre la papauté ne relève pas du folklore, pas plus hier qu’aujourd’hui. L’importance de la victoire de Marignan dans la mémoire française n’est pas due qu’à l’assonance de sa date, 1515. Les mercenaires suisses défendant à l’époque le duché de Milan étaient réputés invincibles. Plus proche de nous, ce fut ensuite la diplomatie des cantons fédérés qui permettra au pays d’échapper aux affres des guerres mondiales, avec une défense féroce de sa neutralité. Et contrairement à ce que Mme Loiseau souhaite, une bonne diplomatie ne consiste pas à s’immiscer dans des affaires qui ne sont pas de notre ressort.

Sur l’Ukraine, comme sur tout autre sujet international d’ailleurs, l’Union européenne n’a aucun mandat pour porter la voix des peuples européens. Quel message pourrait-elle d’ailleurs porter qui serait différent de celui des Américains, patrons de l’OTAN, sous la tutelle de laquelle toute entreprise de défense européenne doit se conduire. C’est Mme Loiseau qui l'affirme elle-même dans son rapport sur la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune présenté fin 2021.

L’affaire ukrainienne illustre la stratégie de l’administration Biden qui consiste à diviser l’Europe et empêcher que se crée un axe stratégique Paris-Berlin-Moscou. Cette stratégie est ancienne, elle se fait à coups de dollars et d’injonctions morales, et elle fonctionne. Si l’Europe voulait exister, c’est autour de cet axe qu’elle pourrait le faire. Mais personne ne semble l’avoir compris ou s’en inquiéter, ni au Quai d’Orsay ni à Bruxelles.

À quelque chose malheur est bon pour Nathalie Loiseau : sans sa bourde, qui aurait entendu parler de son déplacement en Ukraine ?

Quant aux nations, pour avoir une voix, elles doivent refuser de se diluer dans la chimère macronienne de l’Union européenne, d’une part, et dans la tutelle bien réelle de l’OTAN, par sa participation au commandement militaire intégré, d'autre part. C’est le projet de retour à l’indépendance nationale que propose Éric Zemmour.

Peut-être, alors, pourrons-nous avoir une parole aussi libre que celle de la grande Suisse ferme.

Jérôme Rivière
Jérôme Rivière
Député français au Parlement européen, porte-parole pour la campagne d’Eric Zemmour, vice-président de Reconquête !

Vos commentaires

39 commentaires

  1. L égalité homme/femme existera lorsqu une femme incompétente sera nommée à un poste de haute responsabilité… Ben voilà, on y est….

  2. Quand j’ai lu sa déclaration, je n’avais pas vu le mot « suisse ». Je me suis dit, « grosse, molle », elle fait son autoportrait. Quelle lucidité !

  3. hélas nous nous trouvons encore devant la volonté de parler pour ne rien dire; mais en plus l’incompétence et la meconnaissace historique apparait, confondre Gestapo avec gaspacho ??? mettre oradour sur glane dans la creuse, et j’en passe….ensuite bien sur l’insulte est plus importante lorsque l’on attaque un pays… avec lequel on (les deux) se sont engagés a ne plus se faire la guerre…. O K c’était sous toutankamon ???

  4. La Suisse est tout sauf molle, et c’est en outre un exemple de démocratie. Neutre et stable en lien avec ses racines, la Suisse est l’exemple à suivre. On ne peut dire de même de la démocrature de l’Europe de Bruxelles… Dans cette séquence malheureuse, Loiseau illustre l’arrogance et le mépris de sa caste technocratique. Ces gens là, de devraient pas pouvoir faire de la politique mais devraient rester des fonctionnaires aux services des politiques.

  5. Les Suisses ont créé le RIC (référendum d’initiative citoyenne), un grand pas vers la démocratie citoyenne. La France macronienne a créé le pépiement de Loiseau, un grand pas vers la….

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