[Témoignage] Noël pour les chrétiens en Terre sainte
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En ces jours où, dans le monde entier, les chrétiens célèbrent Noël, BV a une pensée pour ceux qui, en Terre sainte, vivent des jours éprouvants depuis que le conflit ensanglante la région. Claire Safar est française, mariée à un chrétien de Jérusalem. Maman de six enfants et co-directrice de l'agence de pèlerinage Terra Dei, elle réside dans la région depuis des années. Nous avons recueilli son témoignage, particulièrement émouvant.
Sabine de Villeroché. Ce 16 décembre, on a appris que deux chrétiennes, Nahida et sa fille Samar, ont été assassinées par un soldat de Tsahal « à l'intérieur de la paroisse de Gaza ». La population chrétienne est donc elle aussi concernée et exposée par ce conflit israélo-palestinien ?
Claire Safar. La mort tragique de deux paroissiennes de la paroisse catholique de la Sainte Famille à Gaza a, pour moi, été un électrochoc et une souffrance infinie, de même que la mort des trois otages israéliens tués également par l'armée israélienne, signe d'une perte de contrôle général au sein de l'armée.
Depuis le début de conflit, nous avons des nouvelles des chrétiens de Gaza qui ont décidé de rester dans le nord de la bande de Gaza, n'ayant nulle part où trouver refuge dans le sud. Ils ont également suivi les religieuses de mère Teresa pour lesquelles il n'était pas question de quitter le foyer de personnes handicapées dont elles s'occupent. Les chrétiens ont une vraie place ici, à la fois en Israël et dans les territoires palestiniens. Ils sont, nous sommes, ou nous tendons à être, des ponts entre les communautés. Depuis le 7 octobre, nous sommes passés de l'effroi d'un massacre de personnes innocentes, côté israélien, à l'effroi d'un déferlement de violence contre des personnes innocentes, côté palestinien. Les chrétiens sont directement concernés : dans les territoires palestiniens, ils sont enfermés depuis deux mois sans possibilité de sortir (les check-point ont rouvert, il y a peu, sous condition) et avec un ravitaillement au compte-gouttes. La différence avec ceux de Gaza, c'est qu'ils ne sont pas bombardés... Au même titre que les musulmans, les chrétiens palestiniens ont perdu leurs emplois et vivent de plus en plus dans la pauvreté.
S. d. V. Qu'est-ce qui, en tant que Française, vous a amenée à vivre en Terre sainte ? Et quel était votre quotidien, avant ce 7 octobre ?
C. S. Ce qui m'a amenée à vivre ici, entre Jérusalem et Bethleem, c'est mon mari ! Nous nous sommes rencontrés lors d'un pèlerinage ici où mon mari était guide... Il est né à Jérusalem et y a toujours vécu. Nous appartenons à l'Église syriaque catholique, une toute petite communauté où l'on prie en araméen.
Le 7 octobre était censé être une journée festive, puisque nous étions invités à un repas pour fêter la Saint Abraham à Jérusalem, et nous devions ensuite rejoindre des amis à Jéricho ! Un week-end comme tout les autres, avant, avec pas mal de sorties et de balades. Que nous ne faisons plus depuis le 7 octobre.
S. d. V. Qu'est ce qui a changé, depuis ce 7 octobre, pour vous et votre famille ; que sera, pour vous, Noël, cette année ?
C. S. Les trois premières semaines de guerre, nous n'avons pas eu la possibilité de sortir de chez nous. Puis la vie a repris petit à petit avec l'école pour les enfants, mais toujours sans travail. Nous sommes dans le tourisme et plus aucun groupe n'est venu ici, depuis le début de la guerre...
Nous allions beaucoup nous balader dans les territoires palestiniens, à Jericho, Bethléem, etc. Nous n'avons pas pu y retourner depuis.
Pour Noël, chaque année depuis notre mariage, nous avons comme tradition d'aller à la messe de minuit au Champ des bergers, près de Bethléem, et de recevoir chez nous les personnes seules. Cette année, nous ne pourrons pas y aller mais irons célébrer Noël avec la communauté maronite de Jérusalem. Le patriarche nous a demandé de ne pas faire de grandes festivités et nous n'avons pas le cœur à le faire, mais Noël reste Noël et ce petit bébé innocent dans la crèche est notre petite lumière d'espérance en tant que chrétien. Nous nous devons aussi de l'entretenir même au cœur de la nuit.
Bien sûr, le cœur et les finances ne sont pas au rendez-vous d'un Noël démonstratif, mais notre Noël sera grandiose à sa façon, parce qu'au cœur de nos obscurité, Dieu seul suffit... En union avec nos frères et sœurs de Gaza, qui sont pour nous un incroyable exemple de foi, nous nous devons de célébrer la venue de ce petit bébé qui a tout porté !
10 commentaires
Encore une qui croit que la guerre se règle avec un code de la route. Ne pensez-vous pas que ces soldats qui on tiré sur ce qui ensuite est apparu être des otages ne doivent être terriblement affectés ?
Après la messe de minuit d’hier soir, j’ai du envoyer un mail au curé de ma paroisse pour lui reprocher l’absence d’Orgues remplacées par des guitares et des tambourins, et son homélie d’un rare niveau de banalité, mais surtout son oubli de parler des Chrétien d’Orient. J’aurais apprécié que le produit de la quête leur soit adressé. Mais en religion comme en politique la lâcheté aura toujours sa place.
Pourquoi dire « assassinés par un soldat israélien «, comme si un soldat israélien les avait délibérément tués. C’est de la médisance. Car ou bien ils ont été tués involontairement lors d’un bombardement ou bien ils opposaient une résistance dangereuse pour des combattants de Tsahal.
Ceux qui parlent ainsi sont les mêmes qui osent hurler : « Plus jamais çà », et qui font tout pour que ça recommence
Ces 2 personnes ont été abattues par un tirreur d’élite israélien, à la lunette contre des civiles nous pouvons dire un assassinssinat en effet…
Bravo et merci.
J’ai fait un pèlerinage en Terre Sainte avec Terra Dei pendant la funeste semaine du 7 octobre. C’était probablement le dernier où l’un des derniers, avec un retour en France difficile et retardé. Je mesure ce que Claire et son mari vivent et leur souhaite un saint jour de Noel, à défaut d’être totalement joyeux
Que l’enfant de la crèche les bénisse et tous les hommes bonne volonté de cette terre meurtrie.
Il faut qu’Israël gagne cette guerre le plus vite possible après détruit le Hamas pour que le peuple retrouve la paix
Oui. Mais il faudra accepter les dommages collatéraux. C’est l’incontournable de la guerre. Si non, on joue aux billes, et je préfère.
Malheureusement les guerres frappent toujours en majorité les innocents , ce sont les dirigeants qui les déclarent et c’est le peuple qui trinquent . Soutiens à Israël et une prière pour que ce conflit prenne fin rapidement , que ce peuple d’Israël retrouve paix et sérénité , un joyeux noël à eux .