« Surtout, ne pas énerver Rachida ! » Le directeur de campagne de Valérie Pécresse l’a fait…

Tous aux abris ! La sulfateuse Dati reprend du service. Sur la chaîne d’information publique France Info, le redoutable maire du 7e arrondissement de Paris et première opposante d’Anne Hidalgo s’est livrée, ce 10 février, à un de ces découpages à la scie sauteuse dont elle a le secret. La victime ? Patrick Stefanini. Le directeur de campagne de Valérie Pécresse n’a pas apprécié que Dati donne des conseils dans son dos à la candidate : « Rachida Dati a mené campagne il y a deux ans, tout le monde en France se souvient de la façon dont cela s’est terminé », a-t-il lâché.

Connaissant la réputation de Rachida Dati, Stefanini a aussitôt nuancé ses propos. Trop tard… « Je n’ai pas de leçons à recevoir de Monsieur Stefanini, tranche Dati, pour plusieurs raisons. ». Et l'élue de Paris sort sa première lame : « D’abord, il faut arrêter la légende [selon laquelle] il a fait gagner des candidats : il n’a jamais fait gagner Jacques Chirac, c’est Antoine Rufenacht […] et la vraie victoire de Jacques Chirac, c’est Jacques Chirac. Stefanini n’existait pas. » La deuxième lame suit aussitôt : selon elle, les dirigeants du parti ont offert à Stefanini « le gite et le couvert […] et des circonscriptions en or partout en France : il n’en a gagné aucune ! Donc, ses leçons de campagne, il ferait mieux de se les garder. Les losers ça ne m’intéresse pas. ».

Ce n’est pas fini. La troisième lame fauche ce qui reste du conseiller de Valérie Pécresse : « Durant, la campagne de François Fillon, il est parti en rase campagne ! Moi, les déserteurs, c’est pas trop mon truc non plus. » Elle a encore des munitions, Rachida Dati, elle poursuit : « Et au final, il a été condamné pour emplois fictifs. » N’en jetez plus ! Conclusion ? Elle conseille à Valérie Pécresse de ne pas trop « montrer » son directeur de campagne et exécute : « Donc, je n’ai pas de leçons à recevoir de Monsieur Stefanini. » On sait pourtant, dans les rangs LR, qu’il vaut mieux éviter « d’énerver Rachida ». Trop tard, l’enfant terrible de la Sarkozie a encore cassé de la vaisselle.

En quelques jours, c’est le deuxième craquement dans la belle façade unitaire née de la primaire LR. Le premier, le départ de l’ancien ministre Éric Woerth chez Macron, a fait trembler l’équipe. Au-delà de l’anecdote, cette passe tendue révèle encore une fois une faille profonde dans la campagne de la candidate LR : sa personnalité. Perçue comme solitaire dans son parti, entourée d’une petite équipe dévouée mais coupée des ramifications complexes des courants LR, Valérie Pécresse ne parvient pas à s'extraire de sa gangue technocrate, brillante sans doute mais dénuée de cette épaisseur humaine qui donne envie de renverser la table ensemble, de ce côté chef de bande pour qui on est prêt à tout. Sarkozy avait fédéré autour de sa personnalité, il avait créé cette magie et cette dynamique palpable dans son entourage. Valérie Pécresse n’y parvient pas et, sur le fond, sur les convictions et les idées - c’est tout de même l’essentiel -, ses atermoiements n’arrangent rien. La rencontre prochaine avec Sarkozy, qui la regarde de haut, a peu de chances de changer la donne.

Le coup de dent de Rachida Dati, après le départ de Woerth sur fond de baisse dans les sondages, annonce une fin de campagne difficile pour Valérie Pécresse. Comme si la bulle sondagière créée au moment de la primaire était en train d’exploser. Coincée entre l’enclume Macron et le marteau Le Pen/Zemmour, Pécresse peine à respirer et ne parvient pas à se défaire d’un boulet qui l’accompagne dans son parti comme en dehors : celui du doute.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

67 commentaires

  1. Il faudrait déjà que VP donne l’impression de croire à ce qu’elle dit.
    Même ressenti qu’avec le félon: elle fait de la représentation.

  2. Elle parle à juste titre et en plus elle est séduisante !!!!! Au moins elle sait qui elle est et ce qu’elle veut, ça change de toutes ces écervelées macroniennes !!!!!

  3. Sans conviction, sans idée et sans charisme, les LR ont choisi la représentante parfaite pour leur donner le coup de grâce.
    Woerth a bien senti que le bateau coulait, c’est pourquoi il se cherche une place chez Macron. Sa seule conviction, c’est la gamelle.!

  4. Woerth l’a bien compris Pécresse ou Macron c’est la même chose, alors mieux vaut rejoindre celui qui est en tête dans les sondages.

  5. J’aime beaucoup Rachida Dati, elle a du caractère. J’ai été dėçue qu’elle ne se présente pas aux primaires. Après l’implosion des LR (qui ne saurait tarder, attendons le grand meeting), elle devrait envisager de rejoindre Reconquête ! avec Ciotti. Vite, ça presse !

  6. Depuis qu’elle a perdu son maroquin à l’Hôte de Bourvallais, Rachida Dati a une réputation de chalumeau au plasma découpant tout ce qui lui déplaît. Maire du VIIème arrondissement, elle n’hésite jamais dans les déclarations tonitruantes et tire sur tout ce qui bouge.

  7. Il faut dire à la décharge de R Dati que Mr Patrick Stefanini n’a pas brillé dans son attaque inutile. Madame Dati a été réélue dans le 7° Arrondissement. Il aurait du se taire…

  8. Bien sûr, mais alors comment expliquer sans être odieux complotiste sa position dans les sondages, « d’après ce qu’ils disent dans le poste »? Je suis dubitatif…

  9. Comment, en ayant claqué la porte du parti pour divergence de vues, puis en étant revenue pour des raisons d’ordre plus logistique que politique, Mme Pécresse pensait-elle sérieusement faire adhérer les membres et les barons du parti à sa candidature?

  10. Concernant les désordres dans la famille LR, ce que je déplore et tiens à dénoncer comme une lâcheté, est la défection d’ERIC CIOTTI à ‘égard de Zemmour qui, lui, aurait pu redonner vie à ce parti moribond

  11. SUITE 3
    Enfin, le conseiller Van Ruymbeke vient de publier ses mémoires, honnête homme! ELF pratiquait la corruption dans un but compréhensible. Elle engraissait surtout l’UNR UDR RPR puis quand Mitterrand est arrivé le recel fut partagé. Je comprends pourquoi, entre autres, les PSPCRPR nous infligeaient leurs valeurs républicaines pour masquer leurs valeurs patrimoniales.

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