Starmer durcit le ton sur l’immigration : vraie ambition ou coup de com’ ?

Le 12 mai 2025, Keir Starmer, Premier ministre britannique, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ».
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Le Royaume-Uni vit un virage à 180°. Le 12 mai 2025, Keir Starmer, Premier ministre britannique, a promis de « reprendre le contrôle des frontières » avec un plan musclé pour réduire l’immigration légale et illégale. Interdiction des visas pour les soignants étrangers, durcissement des conditions de séjour pour la citoyenneté (de 5 à 10 ans) et renforcement des expulsions : ces mesures, présentées dans un Livre blanc, visent à répondre à un solde migratoire record de 906.000 personnes, en 2023. Pourtant, ce virage des travaillistes, qui dénonçaient jadis l’inaction des conservateurs, intervient après l’abandon immédiat du plan Rwanda, une mesure controversée mais symbolique de la droite. 

Des électeurs travaillistes tentés par Farage

Alors que la gauche britannique a largement critiqué la droite pour son ton ferme, aujourd’hui, elle adopte une rhétorique proche de celle de Nigel Farage, leader de Reform UK, pour mieux le concurrencer. Ce dernier, fort d’un siège arraché aux travaillistes à Runcorn et Helsby et d’un sondage Ipsos plaçant Reform UK comme principal parti d’opposition, capitalise sur le mécontentement populaire. Selon YouGov, l’immigration est désormais la première préoccupation des Britanniques, un terrain fertile pour Farage dont le discours sans concession séduit les électeurs déçus par quatorze ans de gestion conservatrice. Starmer, en durcissant le ton, semble vouloir couper l’herbe sous le pied de Reform UK.

Mais le Premier ministre se montre bien paradoxal. À peine arrivé au pouvoir, Starmer a supprimé le plan Rwanda, qu’il qualifiait de « gadget » inefficace, sans proposer d’alternative immédiate pour endiguer les traversées illégales de la Manche, qui ont atteint le chiffre de 13.500, en 2024. Cette décision, saluée par l’aile gauche du Labour, contraste avec ses récentes promesses de fermeté. Nigel Farage n’a pas manqué de dénoncer cette incohérence, accusant Starmer d’« hypocrisie » et de manquer de solutions concrètes.

Un pari risqué aux résultats incertains

Les mesures annoncées, comme la suppression des visas pour les soignants étrangers et l’augmentation des exigences linguistiques, ont suscité des critiques dans plusieurs secteurs, en particulier celui de la santé - qui redoute une aggravation des pénuries de personnel - et des entreprises. La Confédération de l’industrie britannique, notamment, avertit que ces mesures pourraient freiner l’investissement et la croissance économique. Un argument que Starmer rejette - à raison - d’un revers de main, affirmant que l’immigration massive n’a pas soutenu la croissance, ces dernières années.

Parallèlement, la popularité de Nigel Farage ne fait que grimper. La figure historique du Brexit a l'avantage de la constance sur le sujet migratoire : il propose des contrôles stricts aux frontières et la réduction drastique de l’immigration, légale comme illégale. Porté par des victoires électorales locales et un discours direct, l’homme met une pression constante sur Starmer. Si ce dernier échoue à réduire les flux migratoires d’ici 2029 - le cap qu’il s’est fixé -, il risque de renforcer Reform UK, qui pourrait capitaliser sur le sentiment d’une promesse non tenue ou décevoir sa base la plus à gauche encline à dénoncer une politique « xénophobe ». Ce virage migratoire sauvera-t-il le soldat Starmer ?

Vos commentaires

29 commentaires

  1. C’est la conséquence des dernières élections locales au Royaume Uni , le parti Réform UK fait un score remarquable , alors le Premier Ministre travailliste parle fort , mais agira peu , les juges aussi en GB vont lui dire que tout cela n’est pas possible .

  2. Dans ce dossier extrêmement sensible au Royaume-Uni, Elon Musk vient d’entrer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Par un message sur X, il dénonce le pouvoir travailliste anglais : « Au Royaume-Uni, des crimes graves comme le viol nécessitent l’approbation du service du procureur (CPS) pour que la police puisse inculper les suspects. Qui était à la tête du CPS, lorsque des gangs de violeurs ont pu exploiter de jeunes filles sans avoir à faire face à la Justice ? Keir Starmer », écrit Elon Musk. « Une nouvelle élection devrait être organisée au Royaume-Uni », ajoute-t-il.
    Une commission d’enquête parlementaire au Royaume Uni pour auditionner le premier Ministre ?

  3. Il ferait mieux de faire un grand ménage au R U, car son pays va mal, libérer les patriotes coupables d’avoir osé dire ce qu’ils pensaient, notamment après l’ignoble assassinat des trois fillettes …..Il ne protège en rien les Anglais de souche, on sait de quel côté il est

  4. Monsieur avait tout de même ouvert des portes de prison pour embastiller son opposition…qu’il tente aujourd’hui de doubler sur sa droite…

  5. Starmer se conduit comme ses pairs, Sanchez, Macron, Merz, Tusk etc… durer au pouvoir, tout faire pour le garder, et donc en situation de difficulté face aux populations qui en ont marre de leurs promesses vides, jouer dans le sens du poil, comme je caresse mon chat quand il demande pour manger, caresse juste pour dire qu’il n’est pas l’heure de manger, je sais que tu es là, tu as des réserves dans ta bedaine, patiente et fiche moi la paix. C’est ça en grand…

  6. Coup de com’. C’est le grand copain de macron, ça ne peut donc qu’être de la com’. Ce sont les mêmes tous les deux, du baratin et aucune action.

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