Les soutiens à Boualem Sansal s’invitent sous les fenêtres de l’ambassade algérienne

Ce 16 mai au matin, les abords de l’ambassade d’Algérie à Paris, à deux pas du paisible parc Monceau, connaissent une subite agitation. Sous le drapeau algérien qui flotte en façade, de nombreuses personnalités françaises se sont donné rendez-vous discrètement pour créer un effet de surprise. Avec un objectif simple : obtenir enfin la libération d’un écrivain innocent, enfermé, victime depuis six mois, ce 16 mai, de la dictature algérienne.
« La France est un grand pays, on ne peut pas accepter cela, confie à BV l’ancien membre du Conseil constitutionnel et ancien ministre des Affaires européennes (sous Raffarin) Noëlle Lenoir, après la manifestation. Le fait que l’Algérie détienne un otage ne peut être toléré. »
Outre Noëlle Lenoir, présidente du Comité de soutien à Boualem Sansal, le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire Arnaud Benedetti, fondateur du Comite de soutien, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, l’écrivain pourfendeur des ZFE Alexandre Jardin, le psychanalyste Michel Gad Wolkowicz et le philosophe Pascal Bruckner, entre autres, sont venus dire qu’ils n’oublieraient pas Boualem Sansal. Curieusement, on n’a pas vu les élus de La France insoumise, qui ont voté contre une demande de libération immédiate de Sansal, le 7 mai dernier, à l’Assemblée.
"Pour Boualem Sansal nous gardons de l'espoir" @jmblanquer du @LabRepublique.
@jean_bexon https://t.co/VC63i3FOn8 pic.twitter.com/AKrP4AbTkC— Jean Bexon (@jean_bexon) May 16, 2025
Six mois inefficaces et humiliants
Devant la presse présente sur place, la présidente du Comité de soutien à Boualem Sansal rend hommage à « cet écrivain hors normes connu dans le monde entier » et appelle le président Tebboune à le « libérer sans tarder » après la lettre des filles de Sansal, « avant qu’il ne meure en prison ». Elle met en cause un procès bâclé en vingt minutes condamnant l’écrivain franco-algérien et l’appel « infâme » du parquet. Elle aimerait qu’Alger « cesse de se réclamer du droit international qu’il ne respecte absolument pas ».
Voilà six mois que cela dure et que Boualem Sansal endure. Six mois que cet écrivain amoureux de la France, qui avait donné une interview touchante et passionnante à Gabrielle Cluzel, le 8 octobre 2022, croupit, malade, dans les geôles du président algérien Tebboune. Six mois que ceux qui se préoccupent de l’avenir d’un écrivain français et de l’honneur de la France se mobilisent. Six mois que le tandem Macron-Barrot démontre, jour après jour, son incapacité à régler une situation devenue depuis longtemps inacceptable. Alors que Donald Trump, à peine élu, a fait plier le gouvernement mexicain, grand pourvoyeur d’immigration aux États-Unis, la France patine et subit humiliation sur humiliation de la part d’un pays dont le PIB par habitant est… plus de huit fois inférieur à celui de la France !
« Bruxelles doit sanctionner Alger »
La Macronie a-t-elle suffisamment de sens de l’honneur pour imposer une décision aussi élémentaire, alors même que les droits de la défense sont refusés à Boualem Sansal, privé d’avocat ? Pascal Bruckner dénonce « la passivité du gouvernement français », remarquant que Macron n’a pipé mot de la situation lors de son grand oral. Les deux stratégies ont échoué, constate le philosophe, la méthode dure et la méthode douce : « Plus la France est faible et plus l’Algérie cogne. » Logique. Et il interroge : « Qu’est-ce qui fait peur à Macron en Algérie qu’on ne puisse contrecarrer ? » C’est bien la question sans réponse qui sous-tend ce dossier. « Le pouvoir algérien nous déteste, poursuit Bruckner. Si on coupe les visas, il sera obligé d’agir. » On en est loin. Il semble même que les soutiens de l’écrivain commencent à douter du gouvernement français, car ils se tournent vers… les instances supranationales. Selon Arnaud Benedetti, la France va saisir la Cour de justice internationale. Benedetti réclame que l’écrivain soit désigné comme ambassadeur pour la francophonie. Bruckner, lui, veut que l’UE se mouille : « Bruxelles doit sanctionner Alger », dit-il. Blanquer évoque une pétition franco-allemande. Les écrivains américains et tchèques sont en cours de mobilisation.
Auprès de BV, Noëlle Lenoir évoque la saisine pour défaillance dans sa réponse et dans l’action de la médiatrice européenne, Kaja Kallas, chargée de la protection des citoyens européens : Sansal est devenu européen en décrochant la qualité de Français. Cette saisine a été déclarée recevable voilà une semaine.
L’Europe sauvera-t-elle Boualem Sansal ? Elle ne sauvera pas, quoi qu’il en soit, l’honneur de Macron et de Barrot, paralysés depuis six mois sur ce dossier.
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54 commentaires
J’ai l’impression que l’opposition entre la France et l’Algérie est éternelle. Qu’elle sera sans fin. Comme le conflit entre Israël et les palestiniens.
Barrot est aux ordres de Macron. Macron se moque éperdument de la France et se rêve en dirigeant de l’Europe. Il est donc nécessaire que l’Europe montre sa pertinence en « gérant » le cas de Boualem Sansal, ce que Macron s’attribuera.
Les décisions invraisemblables, les postures ridicules sont la caractéristique première de la macronie. Mais le record est sans nul doute détenu en matière de diplomatie et de relations internationales. Ce qui n’empêche nullement Macron de brandir des sabres de bois avec à peu près tout le monde. On voit d’ailleurs la crédibilité dont il est l’objet…
Durant son show de trois heures sur Tf1…Mr Macron a-t-il parlé de Boualem Sansal..
Je n’ai pas la télé…
Et si oui qu’a-t-il dit …MERCI de me répondre.
Ah. Vous nous l’apprenez. La plupart des médias ordinaires n’en ont pas parlé…
6 mois pour une phase de négociation, c’était peut-être normal. Mais dans la mesure où le Gouvernement algérien semble s’être de plus en plus durci, cela va finir en effet par passer pour de la faiblesse. Doublée peut-être d’une incapacité à envisager de se passer, pour l’hiver prochain, du gaz algérien… En sommes-nous réduits là ?
Il en aura fallu un temps, c’est incroyable…
« l’honneur de Macron et de Barrot » Aussi évanescente que l’arlésienne.
Domage que vous ne nous ayez pas prévenus de cette manifestation
Comme si ça servait à quelque chose !!
Ne pas baisser les bras et parler haut et fort pour la libération de l’excellent Boualem Sansal.
Les nôtres au gouvernement ne sont même pas à la cheville d’un despote éclairé.
Organiser une grande manifestation des algériens en France, partout sur le territoire pour défendre B Sansal nous éclairera.
Que voilà une idée qu’elle est bonne! Succès assuré!
Je ne comprends même pas qu’un drapeau algérien puisse encore flotter sur une façade de bâtiment en France ! Qu’attend on pour l’arracher ou au moins pour le mettre en berne ? Combien de drapeaux français flottent encore sur des bâtiments en Algérie ? Pourtant, la France en a construit des bâtiments en Algérie, bâtiments et nombreuses infrastructures construites et offertes à ce pays par la France. J’ai peut-être mal vu, mais je ne vois pas de proches du gouvernement participer à cette manifestation : est-ce bien normal ou les responsables de la situation dramatique de cet écrivain exceptionnel et innocent s’en lavent les mains ? Comme Ponce Pilate en son temps ….
Le sang sur les mains ne s’efface jamais !!
Boualem est ni plus ni moins otage que ceux du Hamas à Gaza. Je ne nous imagine pas intervenir à la Netanyaou (une fois suffit…) mais tout de même, pour lui comme pour l’idée que le monde peut se faire de nous je ne me sens vraiment pas bien.
« Les Français sous les fenêtres de l’ambassade Algérienne ??? » Parce que l’ambassade en question est toujours en fonction ? On attend quoi pour la fermer ? Qu’ils se décident à fermer la nôtre en Algérie ? Simplement pour qu’on puisse nous accorder la permission de leur donner « la réplique » ?
(Messieurs les…Algériens, tirez les premiers !) Ça devient grotesque !
C’est une réalité tristement avérée . Pauvre France . ;-((