Souhaiter (encore et toujours) Joyeux Noël plutôt que bonnes fêtes

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Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 23/12/2022.

Nous sommes entre Noël et jour de l'An. Trop tard pour se souhaiter un « Joyeux Noël », trop tôt pour se souhaiter « la Bonne Année » ? Quoi qu'il en soit, la question se pose cette année comme l'an passé...

Faites-vous partie de ce gang secret qui a frappé durant le mois de décembre dans tous les commerces de France et de Navarre, répondant au nom mystérieux de QFJN : qui fête Joyeux Noël ?

Tout se passe au moment précis où, ayant remis le ticket, la vendeuse referme d’un coup sec sa caisse et congédie courtoisement le client pour passer au suivant : « Passez de bonnes fêtes ! » Saisissant son paquet doré par le bolduc, le gang dégaine aussi sec : « Joyeux Noël ! »

Parler de « fêtes », c’est un peu bête car ça ne veut rien dire. On peut fêter tout et n’importe quoi : son bac, son permis, sa promotion, sa guérison, un nouvel emploi… On sent dans ce terme générique prudent un peu de cette inconsciente couardise qui, dans un climat de laïcité exacerbée, noie le poisson - c’est le cas de le dire. Si on avait dit à nos grands-parents que, un jour, on se sentirait une âme de résistant, un courage ébouriffant à souhaiter Joyeux Noël... À chaque génération ses (petits) combats et notre guerre de tranchées à nous est aussi sémantique.

Notez que l’on peut claironner « Noël, Noël ! » à d’autres moments de l’année car, autrefois, il s’agissait d’un cri de réjouissance pour toutes sortes de circonstances. Le 31 décembre, par exemple ? Convenons que l’usage est plutôt, ce soir-là, de souhaiter « Bonne Année ! », mais cela non plus n’est pas étranger à la chrétienté : tous nos vœux pour 2023… sous-entendu « de notre ère », ma chère !

On peut tournicoter l’affaire dans tous les sens, édulcorer, occulter, ignorer, contourner, éviter, ratiociner… notre société et notre calendrier en sont tous imprégnés. Et c’est réjouissant : Noël, Noël !

On n'aime rien tant que les pulls en laine véritable, les draps en fil de coton, le jus de fruit 100 % pressé, les purées maison. Tout cela a bien plus de prix que les succédanés au rabais fabriqués avec du synthétique, des additifs et autres composants n'ayant originellement rien à voir avec le produit affiché. Alors, pourquoi n’aurions-nous pas droit à un 25 décembre authentique et de qualité, avec de vrais morceaux de Noël dedans ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

94 commentaires

  1. C’est étrange, quand même, j’entend souvent « joyeux Noël », mais très très rarement « bonne fête de la nativité ».

  2. Moi je suis d’accord pour éviter le mot Noël: « BONNE CELEBRATION DE LA NAISSANCE DE NOTRE SAUVEUR JESUS-CHRIST » devrait convenir!

    • Pour les chrétiens qui veulent commémorer la naissance du christ, oui.
      Mais pour ceux qui veulent fêter le solstice d’hiver, le début d’un nouveau cycle de la nature, Noël est adéquate.

  3. Dans ma tête, souhaiter de bonnes fêtes c’est souhaiter à la personne de bien faire la fête, incluant donc les deux réveillons, le repas de Noël, du jour de l’an et de l’épiphanie. Vu qu’il s’agit avant tout à faire la bringue, en souhaitant de bonnes fêtes de fin d’année, on est donc dans une approche totalement consumériste de la période. Période que je déteste et que j’appréhende, car dans mon idéal, Noël n’est pas une fête, c’est un moment de communion pour se retrouver en famille, la nouvelle année, c’est un moment de convivialité pour retrouver ses amis, l’épiphanie c’est un dernier moment de partage, plus restreint pour souder la famille au foyer. Avec l’approche de « festivités » telle qu’on la connaît aujourd’hui, oui on me dit que ma vision est fantasmée, et c’est pourquoi cela me fait ne pas aimer cette période. La messe de minuit est finalement le seul moment solennel. Souhaiter Joyeux Noël n’est pas un acte de résistance, c’est le terme qui reflète ce que les fêtes de fin d’année étaient, souhaiter bonnes fêtes n’est pas un acte de complaisance, c’est le terme qui reflète que que les fêtes de fin d’année sont devenues. Souhaiter bonne année est aussi obsolète que joyeux Noël.

  4. L’on m’aura tant souhaité de « bonnes fêtes » (ad nauseam, donc) que j’en fus devenu « aigri » contre le concept festif même…restant nonobstant « joyeux » face à la splendeur, à la « magie » (tant pis pour le lieu commun !) de Noël !

  5. Attention attention… Dans nombre de pays anglophones des gens disent Xmas,( voire écrivent même Christmas !!) C’est à dénoncer de toute urgence ! Question complémentaire : Quand donc arrêtera-t-on ces stupidités destinées à dénigrer ce qui nous reste de culture ?

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