Sondage : 80 % des Français favorables à l’obligation vaccinale pour les enseignants. Et, donc ?
Il y a deux jours, je disais à ma femme : « Tu vas voir : comme pour les soignants, quelques jours avant la rentrée, ils vont nous sortir un sondage disant que 80 % des Français souhaitent la vaccination obligatoire pour les enseignants, et hop, forts de ce soutien "populaire", ils l'imposeront tôt ou tard. »
Le sondage de ma prophétie complotiste vient de sortir, vendredi, dans le JDD : l'IFOP a bien fait les choses, avec un parfait sens du timing, et ce sont donc 79 % des Français favorables à une telle obligation pour « tous les enseignants« ». Ou plutôt - acte manqué du journal ? - 79 % dans le titre, mais 71 % dans le corps de l'article transcrivant les résultats de l'enquête.
Dans le détail, 44 % y sont très favorables et toutes les catégories, notamment en termes de sympathies politiques sont sur cette ligne, « y compris parmi les opposants les plus résolus à la politique sanitaire du gouvernement (58 % d'adhésion à la mesure chez les sympathisants de La France insoumise, 68 % chez ceux du Rassemblement national) ».
Jean Castex avait rappelé qu'il n'instaurerait pas l'obligation vaccinale pour les enseignants. Mais au train où vont les reniements de la parole gouvernementale sur ces questions, rien n'est exclu dans les semaines qui viennent. D'ailleurs, M. Blanquer n'est toujours pas sorti du bois. Ou de son hamac. Il faudrait peut-être qu'il nous donne quelques précisions sur les campagnes de vaccination dans les collèges et les lycées. Il n'en voulait pas, il y a un mois. Mais MM. Castex et Véran nous les ont annoncées. D'ailleurs, nous avons tous noté, dans les propos de M. Véran à l'Assemblée, la nuance sur le passe sanitaire : « Il ne sera pas obligatoire dans les collèges et les lycées, pour les élèves. » Mais pour nous ?
Le gouvernement, fort de ce sondage à 80 %, aurait de bons arguments à faire valoir.
D'abord, à force d'instiller la peur dans l'opinion publique, le gouvernement va être pris au piège des surenchères qu'il génère lui-même et obligé de répondre aux inquiétudes des parents : le prof va être vu comme une menace sanitaire pour leurs chérubins.
Ensuite, cette obligation pourrait très bien être défendue au nom de la continuité du service public éducatif, thème populaire que le Président Macron ne cesse de présenter comme l'un de ses grands succès. Et, donc, pour éviter sa désorganisation, avec l'absence éventuelle de professeurs malades ou cas contacts et la fermeture de classes, l'obligation serait la solution. Ce qui ne simplifierait pas fondamentalement la question des cas contacts puisque, à la rentrée, peu de jeunes seront vaccinés. J'imagine d'ici les nouveaux protocoles sanitaires et les migraines des chefs d'établissement.
Enfin, dans la stratégie de division de la société française adoptée par le gouvernement, on voit mal comment les enseignants pourraient réussir à exiger et obtenir pour eux une exception alors qu'ils accueillent eux aussi du public.
Bien sûr, vous avez compris : il n'y aura pas d'obligation vaccinale stricto sensu pour les enseignants, seulement l'obligation du passe, comme pour les autres salariés.
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