[Satire à vue] Dupond-Moretti est trop complexe pour les Français

Dupond-Moretti

Avant que ne s'abatte sur la France les restrictions liées à la « sobriété énergétique », Éric Dupond-Moretti est interrogé par le JDD sur l'avancement de ses usines à gaz personnelles. Au cours de l'interview, le ministre récapitule le cheminement tortueux à l'issue duquel il sera amené à prendre moult mesures éclatantes, dont la très attendue simplification des codes de procédure. Mais résumons calmement.

Un premier complexe gazier intitulé « États généraux de la Justice » fut mis en place en octobre 2021. Des milliers d'employés : universitaires, membres du Conseil d’État, du Conseil supérieur de la magistrature, des avocats, les présidents de la commission des lois des deux assemblées et « nous avons compté 50.000 participants citoyens pour un total d’un million de contributions citoyennes », explique l'industriel. Au terme d'un raffinage intensif de la pensée novatrice des participants, un rapport est déposé sur le bureau du ministre. Effaré par l'épaisseur du dossier, Éric Dupond-Moretti lance la construction d'un second alambic judiciaire consistant en « une large concertation jusqu'à l'automne pour que toutes les parties prenantes [... ] se prononcent sur ce travail et les différentes propositions qui en sont issues ». À l'heure où l'interview du JDD était diffusée, rien n'excluait qu'une troisième unité de tuyauteries soit invitée à livrer un rapport sur les suggestions de la concertation précédente. Phénomène bien connu des amateurs de « Vache qui rit » : la répétition à l'infini de l'image d'un sujet qui lui-même est porteur de l'image, etc. « Éric Dupond qui rit »... La marque étudie le concept.

Le futur emblème du fromage en portions donne les raisons de cet édifice technocratique construit à l'initiative d'Emmanuel Macron : « La Justice est trop complexe pour les Français. » Un peuple de bourriques ne peut appréhender les subtilités judiciaires. « Nous allons, en concertation avec tous les acteurs du monde judiciaire, travailler à une simplification des codes de procédure. » Un langage adapté aux Français pourrait être adopté. « Toi payer amende. Toi plus enflammer voiture dans parking. Si toi recommencer, le monsieur te faire les gros yeux » et autres formules compréhensibles des esprits simples.

Après cet épuisant tour d'horizon des structures de réflexion mises en place par le ministère de la Justice, à chacun de s'imaginer que l'objectif est enfin atteint. Pas si vite, camarade ! Le ministre déclare au JDD que dans un avenir proche, il détaillera « les contours de la prochaine loi de programmation pour la justice issues de ces discussions ». Après mille détours est venu le temps des contours. Du gaz de ces usines nous n'allons pas manquer.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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