[SANTÉ] Ces médecins étrangers qui pallient le manque de praticiens hospitaliers

La question du sort des médecins de nationalité étrangère venus exercer sur le territoire français s'invite régulièrement dans la presse. Récemment, un collectif de soignants regroupant des médecins hospitaliers et des syndicats réservé aux praticiens diplômés hors de l'Union européenne (PADHUE) manifestaient, certains allant même jusqu'à entamer une grève de la faim pour attirer l'attention sur leur sort.
Des médecins étrangers devenus indispensables à la bonne marche des hôpitaux
Ces professionnels sont maintenant indispensables à la bonne marche des hôpitaux, étant donné le manque criant de médecins autochtones (le nombre des médecins étrangers avec diplôme européen ou extra-européen a augmenté de 113,9 % depuis 2010*), mais les diplômes obtenus hors de l'Union européenne ne sont pas reconnus en France. Parmi les diplômes extra-européens, la majorité est issue du Maghreb. Les motivations de ces médecins sont principalement professionnelles afin d'accéder à des moyens difficilement disponibles dans leur pays d'origine, mais aussi le désir d'avoir une meilleure qualité de vie pour eux et leur famille.
Une main-d'œuvre à bon marché maintenue dans la précarité
Cependant, pour que les titulaires d’un diplôme obtenu hors de l'Union européenne soient autorisés à exercer en France, il faut que ces praticiens passent des épreuves de vérification des connaissances (EVC) et travaillent dans les hôpitaux publics sous la responsabilité d'un médecin titulaire avant d'obtenir une autorisation définitive d'exercice. Processus logique. Cependant, des formalités administratives contraignantes sont venues compliquer l'obtention de ce sésame : diminution du nombre de postes prévus et admission de candidats ayant parfois des notes inférieures à celles de ceux inscrits sur la liste principale mais bénéficiant d'un statut de réfugiés ou d'apatrides inscrits sur liste complémentaire. Pour les membres du collectif de soutien aux PADHUE [praticien à diplôme hors Union européenne, NDLR], c'est le moyen de les garder dans la précarité et de fournir aux hôpitaux une main-d'œuvre médicale à bon marché. En effet, ces médecins à diplôme étranger en cours de régularisation exercent actuellement dans les hôpitaux, où ils occupent des postes subalternes comme internes ou attachés, avec des salaires qui correspondent à environ 30 % du salaire d’un praticien hospitalier titulaire, pour un travail absolument identique. On comprend que les autorités administratives ne se hâtent que très lentement pour titulariser ces médecins qui ne coûtent pas cher et qui sont maintenant indispensables au bon fonctionnement de nombreux services.
L'an dernier, ce sont plus de 3.800 praticiens étrangers qui ont été autorisés à travailler dans les hôpitaux. Cela permettra de pallier provisoirement le manque de médecins, et pour 2025, le ministre de la Santé Yannick Neuder a souligné, dans un communiqué, le besoin de simplifier la procédure de régularisation afin d'augmenter le nombre de praticiens dans les établissements de soins. Tant mieux si cela peut améliorer la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les établissements de soins publics (résultat de nombreuses années d’incurie et d'incompétence des responsables sanitaires), mais cela ne modifiera en rien le problème du manque de médecin libéraux et celui des déserts médicaux.
*source : note du CNOM (Conseil national des médecins) publiée en mars 2025
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