Dimanche dernier se tenait au Portugal un congrès organisé par le groupe Identité et Démocratie : cela a été l’occasion d’accueillir un nouveau parti, Chega!, parti de droite portugais qui se veut « national, conservateur, libéral et personnaliste » avec, à sa tête, André Ventura, un professeur de droit.

Matteo Salvini venu en guest-star en a profité pour reprendre une idée déjà évoquée lors de rencontres à Budapest avec Viktor Orbán et Jarosław Kaczyński, du parti polonais Droit et Justice : celle de la création d’un nouveau groupe au Parlement européen qui rassemblerait les élus du CRE (Conservateurs et réformistes européens), d’Identité et Démocratie, les douze députés hongrois, non inscrits depuis qu’ils ont quitté le PPE, mais aussi les déçus du PPE.

« Aujourd’hui au Parlement européen, le centre droit est divisé en trois familles : les populaires, les conservateurs et les identitaires. Mon objectif est de rassembler et de mettre ensemble le meilleur de ces trois familles pour proposer une alternative » car « c’est ensemble que l’on gagne », a-t-il dit en préambule.

Selon le leader de la Ligue, le monde d’après le Covid pourrait être bien pire, mais la situation historique que l’Europe est en train de vivre pourrait aussi être cueillie comme une chance et créer un groupe qui rassemblerait les 130 eurodéputés de droite au Parlement européen permettrait de forger, numériquement, une vraie alternative aux forces de gauche dominantes, auxquelles se rallie régulièrement le PPE en fonction de ses intérêts électoraux. « Un groupe qui respecte chaque nationalité, qui respecte l’Europe des peuples […] qui rassemble tous ceux qui ne veulent plus être des subalternes de la gauche. »

La motion est habile : créer une grande coalition de droite au Parlement européen, sur le modèle de ce qui existe en Italie, favoriserait une clarification des idées et des positionnements au sein du PPE. Exactement ce à quoi nous assistons en ce moment en France.

Et en prenant cette initiative, Matteo Salvini tente également de reprendre la main sur Giorgia Meloni, présidente du groupe des Conservateurs européens et présidente du parti Fratelli d’Italia, et qui en Italie a le vent en poupe. Intégrer cette grande coalition - d’où les partis ne disparaîtraient pas pour autant - ferait sans doute perdre en visibilité à la pétulante Romaine. En Italie, son positionnement comme seul parti d’opposition au gouvernement Draghi s’avère, pour le moment, une stratégie payante.

Sans surprise, donc, du côté de Fratelli d’Italia, on rappelle que les rapprochements avec la galaxie droitière du Parlement européen « ne se font pas avec des formules mathématiques mais avec beaucoup de dialogue et beaucoup de politique ».

Du côté du PPE, la réaction ne s’est pas non plus fait attendre : Antonio Tajani, vice-président du PPE mais aussi vice-président de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi allié de la Ligue, s’est refusé à toute alliance entre le PPE et ID au motif que « le PPE doit conserver son identité » et ne peut s’allier avec un parti où siègent l’AfD et Marine Le Pen, « anti-européens ».

La proposition de Salvini, qui était accompagnée d’un commentaire un peu fielleux - « J’espère que personne ne ressent de jalousie, d’envie, d’esprit de fermeture, parce que c’est le futur de l’Europe qui est en jeu » - semble être pour le moment accueillie fraîchement pas ses alliés italiens.

Alors, un blitz européen qui fait un flop ? Salvini s’attendait sans doute au manque d’enthousiasme de ses compatriotes de Fratelli d’Italia et de Forza Italia.

Pour le moment.

En attendant le dégel, il a est allé passer deux heures à Fatima : « Parce que l’Europe est chrétienne, le Portugal est chrétien, l’Italie est chrétienne et qu’il n’y aura jamais de place pour le fanatisme islamique. J’ai consacré la santé, le futur et la sérénité de mon peuple, les Italiens, au Cœur immaculé de Marie. »

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31 mai 2021 à 22:56

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