Romney adore la haine de Trump : vers une alliance Obama-néoconservateurs ?

Après les généraux de juin qui présentaient Trump comme un factieux tandis que brûlaient statues et symboles de l’ordre américain, après les nouveaux lanceurs d’alerte (des services de renseignement, bien sûr) sur la mollesse de Trump face à l’intrusion inacceptable des Russes dans les affaires intérieures américaines en Afghanistan (ce qui a eu, tout de même, pour résultat de geler les initiatives de Trump en vue de son retrait du pays), certains républicains (qui ont le soutien des « grands » médias, y compris chez Fox News) ont décidément mis le turbo pour faire élire Biden plutôt que Trump.

C’est le cas de Mitt Romney, qui voit un acte grave de corruption en la décision, par Trump, de commuer la peine de Roger Stone, son homme de l’ombre, Trump considérant que ce dernier est une victime, au même titre que Flynn et d’autres, du « Spygate ». Ce coup d’État rampant fait l’objet d’enquêtes criminelles dangereuses pour l’administration Obama partante. Celle-ci avait lancé à l’assaut de Trump la bureaucratie du renseignement, avec l’aide des médias et des saboteurs républicains au Congrès, ce qui coûta à Trump la Chambre des représentants en 2018, ouvrant ainsi la voie à une procédure de destitution, tirée par les cheveux, qui s’étendit jusqu’à début février.

Cela ne marchant pas, il fallut ensuite "arsenaliser" la crise du Covid-19, présentant Trump comme un incapable. Cela ne fonctionna pas, Trump passant au contraire pour un chef d’État courageux, protecteur de sa population. Fin avril, au plus haut dans les sondages, fort de ses soutiens de 2016 (les travailleurs industriels et les protestants fondamentalistes, auxquels s’ajoutaient les femmes blanches des banlieues résidentielles), et enrichi, en 2020, de celui d’une masse croissante d’Hispano-Américains, comme d’un solide contingent d’hommes afro-américains, Trump paraissait tout simplement imbattable.

Il fallut, pour ses adversaires, reprendre le contrôle de la thématique raciale afin de couper les Noirs et les indépendants du trumpisme en ravivant la mythologie des droits civiques. Ce fut le travail de Black Lives Matter. Il fallut aussi convertir une crise technocratique (l’engorgement du système hospitalier dont on craignait qu’il ne vînt à exploser) en une massive et collective dépression nerveuse (« nous allons tous mourir ! »). Ce fut le travail de la bureaucratie sanitaire.

Désormais, les morts-vivants, en quête d’apaisement, fatigués par la guerre civile, sont mûrs pour un Biden aux allures de guérisseur, soudain amoureux du programme économique de Trump. Il suffirait donc à Joe Biden de médiatiser certains de ses futurs ministres ou hauts fonctionnaires, issus de l’establishment, donc incluant des républicains, pour qu’une fois de plus rien ne change aux États-Unis. Michelle Obama rejoindra-t-elle l’équipe Biden ? Ce serait une mauvaise nouvelle pour Trump, qui s’est trop embourgeoisé, aboyant contre le mauvais facteur (les « gauchistes »).

Car l’adversaire reste le même : le parti unique de l’establishment impérial. Un establishment qui veut bloquer les enquêtes du Spygate. D’où cette « union sacrée » anti-Trump que l’on observe aujourd’hui. Bel et bien sortie du bois, ladite union offrirait tous les arguments d’une victoire éclair au Trump de 2016. Mais aujourd’hui ? Il reste un peu plus de trois mois à Trump pour redevenir le révolutionnaire qu’il était en 2016.

André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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