Retour au vert de la France millénaire…

Retour au vert de la France millénaire…

La Douce France est d'abord celle des paysages, souvent des bourgs et villages si pittoresques, parfois aussi de villes à l'authenticité préservée. Pour l'avoir traversée, survolée et observée, j'atteste qu'il n'y a « rien à jeter » de ces magnifiques et si différents panoramas. Sans prétendre défier notre astronaute-photographe Thomas Pesquet, j'ai eu dans ma carrière le privilège de débusquer des détails géographiques et des manifestations humaines depuis la troisième dimension, comme de découvrir la Bretagne dans son intégralité ou la Corse enneigée depuis le continent...

En cette fin de juillet, ce fut un retour aux sources de mon enfance et adolescence, le Limousin. Cette province de passage est mal connue et un tantinet hétérogène, entre la Creuse, austère et peu peuplée, celle qui fournissait naguère les maçons à Paris, la Haute-Vienne de Limoges et de sa fameuse porcelaine et la Corrèze (de Chirac et Hollande...) qui exhale déjà l'accent et la bonne chère du Sud-Ouest.

Pour avoir été incluse dans cette grande région hétéroclite, la Nouvelle-Aquitaine, qui va de Saint-Jean-de-Luz à Aubusson, elle perd totalement l'identité héritée de son histoire tumultueuse !

Pour les béotiens complets et les Parisiens qui tentent de se hâter en bouchonnant vers le sud, les limites visibles depuis l'A20 sont les belles limousines à la robe marron tirant vers un lumineux acajou, très visibles sur le vert permanent et tendre des prés. Bien entendu, je parle des vaches, que l'on ne peut ignorer depuis La Souterraine (célèbre en ce moment) jusqu'au sud de Brive-la-Gaillarde.

Mon petit coin de Limousin est la limite nord de cette Occitanie où les anciens parlent encore le patois qui est devenu, avec les linguistes universitaires, l'occitan limousin. Je l'ai appris (et le pratique joyeusement à l'occasion) dans la cour de récréation de mon époque, à l'insu des parents, à qui les maîtres d'école recommandaient, sur injonction du ministre, de ne s'adresser à leurs rejetons qu'en français, langue creuset de l'unité nationale ! Tout le contraire des recommandations de Najat Vallaud-Belkacem ! On le chante encore avec bonheur !

Pour la traduction, on peut me contacter...

Cet endroit serein, fait de douces collines remplies de chants et de vols d'oiseaux et de bruissements nombreux et naturels, est un pêle-mêle de vert des prés et forêts, d'ambre des rus et rivières jamais taris, sous un ciel azur soutenu, constellé de cumulus bien blancs et boursouflés. Parfois (souvent), je ne le conteste point, ils se transforment en arrosoirs, ce qui comble les innombrables étangs, leurs occupants sous-marins et les pêcheurs qui viennent les taquiner...

Ce doux refuge, toujours dans la famille, dû à un grand-père meunier industrieux et responsable, est voisin d'un château vénérable qui, depuis six siècles, appartient à la même lignée des Bonneval.

Fierté du bourg blotti à ses pieds, il impose sa majesté dans le paysage environnant, avec ses quatre tours rondes couvertes d'ardoises et coiffées de magnifiques faîtières en fer forgé, refaites par un artisan local dans les années 70. Construit au XIVe siècle sur l'emplacement d'un édifice datant de 930, il fut remanié au XVIIIe.

Mais l'épisode le plus étrange de cette longue et ininterrompue saga familiale est la vie d'un des descendants, le turbulent comte Claude-Alexandre de Bonneval (1675-1747). Officier disgracié à la suite d'une attitude insolente à l'égard du ministre de la Guerre et d'une offense faite à Mme de Maintenon, il se mit, après quelques péripéties, au service du sultan ottoman Mahmud Ier, se convertit à l'islam sous le nom de Humbaraci Ahmed Pacha et mourut à Constantinople en 1747. Enterré à Istanbul, il est connu à travers son étonnante trajectoire sous la distinction de Bonneval Pacha...

270 ans plus tard, la marquise des lieux fait elle-même visiter ce trésor architectural, à la riche bibliothèque et aux fantômes gracieux qui hantent ses coursives...

Henri Gizardin
Henri Gizardin
Ancien pilote de chasse - Son blog.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois