[RÉACTION] Éducation sexuelle (EVARS) : Le Conseil d’État valide la rhétorique woke

Sept associations et 300 parents espéraient l'annulation du programme EVARS par respect des enfants et de leurs parents.
entretien_ecrit Ludovine de La Rochère

Vendredi 27 juin, le Conseil d'État a rejeté les recours de sept associations - parmi lesquelles le Syndicat de la famille, les Juristes pour l'enfance, les Mamans Louves, Famille et Liberté et SOS Éducation - et 300 parents d'élèves qui demandaient l'annulation du programme EVARS (Éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité) décidé par le ministère de l'Éducation nationale. Retour sur cette procédure et réaction de Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la famille pour les lecteurs de BV.

 

Sabine de Villeroché. Pourquoi avoir déposé ce recours, quelles étaient les motivations des parents et associations ?

Ludovine de La Rochère. L’objectif était l’annulation de l’arrêté et de la circulaire publiés au Bulletin officiel de l’Éducation nationale, le 6 février dernier, sur le programme d’éducation affective, relationnelle et sexuelle et sa mise en œuvre. Ce programme est en effet largement inacceptable : non seulement il est fondé sur une vision idéologique de l’homme et de la femme, des relations humaines et de la société, mais en plus, il ne respecte pas l’intimité, la conscience et la maturité des élèves, pas plus que la liberté éducative des parents.

Ainsi, en petite maternelle, il est prévu d’apprendre aux enfants à nommer leurs parties intimes « en allant vers un vocabulaire scientifique » (« pénis », « vulve », par exemple), ce qui ne respecte pas leur âge. Il est aussi prévu de recenser auprès d’eux tous les « types de familles », ce qui va évidemment à l’encontre de la liberté éducative des parents : prétendre que les enfants peuvent avoir deux papas ou deux mamans comme ils peuvent avoir un papa et une maman est susceptible de heurter les convictions de nombreux parents. Et ce n’est pas « neutre » sur le plan des idées, ce qui est une obligation de l’Éducation nationale.

Il faut aussi, dès la maternelle et tout le long de la scolarité, parler aux élèves des « stéréotypes de genre », des « assignations de rôle », des « processus de hiérarchisation », un peu plus tard de la distinction (supposée) entre sexe et genre puis de « l’identité de genre » et autres concepts qui correspondent à la vision caricaturale et simpliste du wokisme, tout comme il faut exposer l’idée que, de manière systémique, les filles seraient victimes et les garçons coupables. Cela parcourt tout le programme et c’est aussi faux que désolant pour les uns et les autres. Certes, il y a des injustices et des inégalités, mais on ne peut pas croire et faire croire que c’est voulu, organisé et institué par notre culture, notre société, nos usages, notre droit, etc.

Par ailleurs, les établissements scolaires ne doivent évoquer cette « éducation » auprès des parents qu’une fois dans l’année pour l’annoncer, mais pas plus. Les parents ne sauront donc pas quand ces séances ont lieu et qui interviendra. Or, évidemment, cela les regarde, et bien plus que n’importe quel membre du personnel enseignant. Il en va même de leur responsabilité de parents, et cela, aussi bien du point de vue du droit français que de celui des conventions internationales.

 

S. d. V. Quelles ont été les motivations du Conseil d’État pour rejeter ces recours ?

L. d. L. R. Le Conseil d’État estime - sans même se donner la peine d’argumenter - que ce programme serait neutre. Et partant de là, il n’irait pas contre la liberté de conscience des élèves ni la liberté éducative des parents. Le Conseil d’État écrit aussi que comme le Code de l’éducation n’oblige pas explicitement à informer les parents sur les séances d’EVARS, l’Éducation nationale serait libre à cet égard. Un sophisme qui dispense l’institution judiciaire de s’interroger sur le respect de l’autorité parentale, qui était la question soulevée.

Avec la même hypocrisie, ou absurdité, le Conseil d’État estime que le programme est progressif parce qu’il est… progressif. Mais la question est évidemment de savoir s’il est suffisamment progressif (ce qui n’est pas le cas) et même s’il permet de s’adapter aux différences de maturité entre élèves d’une même classe. Sur les relations amoureuses, l’aîné d’une famille, par exemple, sera souvent plus ignorant qu’un cadet. Cela peut être aussi simple que cela. Et les adultes n’ont pas à imposer des informations et des préoccupations d’adultes, ou de plus grands, à des enfants ou des adolescents.

Cependant, ce que je viens d’indiquer pour vous répondre, ce sont les avis du Conseil d’État sur les problèmes que nous avons soulevés, avis qui conduisent donc au rejet. Mais ce n’est pas ce qui motive ces avis : en effet, le Conseil d’État n’entre à aucun moment dans le contenu du programme ni dans les débats de fond. Ainsi, cette décision du Conseil d’État n’est en fait qu’une série d’avis de l’auteur ou des auteurs, lesquels déclarent, de façon péremptoire, que le programme est conforme à la volonté du Parlement, qu’il est neutre, qu’il respecte les libertés fondamentales, etc.

C’est finalement une décision purement subjective. Certains diraient « politique ». Pour ma part, je dirais même « idéologique », puisque le Conseil d’État valide la rhétorique woke et valide ce prosélytisme de la maternelle au lycée.

 

S. d. V. Quelles sont les conséquences de cette décision ? Que va-t-il se passer à la rentrée, dans les salles de classe ?

L. d. L. R. Cela signifie que les établissements scolaires seront tenus d’exposer tout cela aux élèves à partir de septembre prochain, et ce, dans le public comme dans le privé sous contrat. J’invite donc tous les parents à s’appuyer sur les deux seules affirmations intéressantes de la décision : l’une d’elles indique que rien n’empêche l’établissement scolaire d’informer plus en détail les parents. Il faut donc le réclamer absolument et obtenir d’avoir des précisions et, surtout, une information en amont des séances. C’est en effet capital pour en parler avec son enfant avant la séance, mais aussi après.

L’autre affirmation est que les responsables des établissements scolaires sont tenus de recevoir, sur ce sujet, les parents qui en font la demande. Or, jusque-là, à chaque fois qu’il y a eu un problème, les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques refusaient systématiquement de recevoir les parents. Désormais, ils seront tenus de répondre aux sollicitations, ce qui devrait les rendre plus prudents malgré tout. Par ailleurs, l’introduction du programme indique que chaque établissement doit s’adapter au contexte local. J’espère donc vivement que l’enseignement catholique saura utiliser cette recommandation pour aborder les sujets demandés dans un état d’esprit différent de celui des auteurs du programme…

De notre côté, avec Juristes pour l’enfance et sans doute les parents et les autres associations requérantes, nous allons saisir la CEDH. Il y a, en effet, matière à faire reconnaître des manquements aux libertés fondamentales inscrites dans la Convention des droits de l’homme.

Mais je voudrais aussi souligner que ces textes - arrêté et circulaire sur le programme EVARS - ne doivent surtout pas être considérés comme définitifs : un autre gouvernement peut tout à fait publier un nouvel arrêté révisant ce programme en profondeur. Le combat continue donc, c’est absolument impératif pour nos enfants et petits-enfants !

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

61 commentaires

  1. Dans le prolongement de ce genre de truc insupportable nous avons, en Belgique, des documents relatifs aux enfants où figure la mention  » Parent un ; parent deux ». Donc bien des gens qui n’en peuvent plus raturent cela et écrivent « Père », « Mère ». A ce stade pas de réaction connue. Il faut en finir avec ces macaqueries !

  2. Le conseil d’état français et une honte pour les Français et la France. Il est miné par le gauchisme et la bien pensance tandis que la France se mexicanise entendez par là une insécurité parmi les premières d’Europe étant donné que ces énergumènes cassent systématiquement les textes de l’assemblée pourtant voté par des représentants du peuple c’es une honte et j’espère qu’un jour toutes ce personnes seront sévèrement condamnées.

  3. Je viens de cliquer sur le lien qui conduit au programme EVARS de l’éducation nationale. Ce que j’y ai lu, au début, ne me pas choqué. Respect de l’autre. Esprit critique vis à vis des sites « non appropriés » (litote) en collège et en lycée.
    Le HIC, c’est qu’il existe un tel programme en école élémentaire et en maternelle !!!!!!!!!!!!!!!!
    Là on entre dans le délire pur et simple.
    Qui peut avoir des idées pareilles ????
    Et Bornette qui plutôt que de se préoccuper de l’effondrement général du niveau, en maths, en Français préfère s’interesser aux « problèmes de genre » inventions sorties du cerveau malade d’une « philosophe » américaine qui s’appelle Judith Butler (si je ne me trompe pas).
    Dans les années 60 nous avons « exporté » la « French Theory » en Amérique. Délires de profs de Normale Sup ou de pseudos élites qui ont détruit la France. Les Derrida, les Sartre, les Foucault et cie ! Autant de gens qui ont réussi à faire croire à des journalistes béats d’admiration qu’ils étaient des génies puisque personne ne pouvaient comprendre leurs laïus abscons. Aujourd’hui, après plus 40 ans de socialisme depuis mai 81, notre malheureux pays reprend en boomerang ce tissu de sonneries. Comme si après Mitterrand, Jospin, Hollande, Macron, nous avions besoin de ça !!

  4. Ce Conseil n’est plus d’Etat il est le Soutien de la Macronie.
    Je crois bien que nous devons ce programme à la môme Aurore Berger. Vous la voyez chef de l’Etat français ? Une éducation déjantée, inappropriée au détriment des fondamentaux, au détriment de ce qui incombe à la parentalité, qui est de sa responsabilité ?

    Imaginez. A la suite de cette éducation scolaire, l’enfant commet un acte répréhensible en la matière. Qui est responsable ? La miss Berger ou les parents ?

    • Quand je vois « Aureure’ Berger avec ses lunettes rondes hypertrophiées je pense toujours à Mademoiselle Jeanne la petite amie de Gaston Lagaffe dans cette célèbre BD ! ;)

  5. Soyons positifs : maintenant que le programme est diffusé, les parents savent ce qu’ils ont intérêt à expliquer à leurs enfants avant les séances mises au programme, depuis la maternelle… Ne laissons pas polluer l’esprit de nos petits par un programme inapproprié.

  6. Partout partout dans des cas comme cela on sent les directives de la presidence de la france. Ou est la logique…..avant on en parlait, maintenant une petite minorite oblige la mojorite de se faire manipuler en criant olus fort copie par les journalistes en echange de survie.????

  7. Le contraire m’eut étonnée !! En plus ça va être obligatoire et les parents ne seront pas prévenus des jours où ces « cours » auraient lieu, des fois qu’ils retirent leurs gamins ce jour là !!! Les mots me manquent enfin si mais ne passeraient pas

    • Un ministre de l’education (je ne donne pas le nom par peur d’être excommunié) à dit un jour :  » l’education des enfants est l’affaire de l’état « . Vaste fumisterie !!

      • J’adore le terme « excommunié » une chose que je connais que trop souvent bref
        Bah non l’éducation n’en déplaise à certains, ce sont les parents qui doivent s’en occuper , le rôle de l’école c’est l’instruction, et certainement pas des sujets que je qualifie d’intimes

  8. « s’adapter aux différences de maturité entre élèves d’une même classe » : le corps enseignant est déjà incapable de le faire pour les disciplines scolaires, les niveaux sont tellement hétérogènes et les effectifs de classe surélevés… Comme pour tout, ce sera tous dans le même moule et à marche forcée… Sur le fond, je vois que la génération 20-30 ans actuelle abreuvée à l’école, puis collège et lycée a bien été formatée à cette idéologie wokiste, ainsi les jeunes enseignants et moins jeunes ne voient rien à redire à ce programme… Le train de la décadence est en route et je ne crois pas qu’il sera arrêté. Ce domaine s’inscrit dans la mer de tout ce qui mène l’occident à sa perte. Cela contaminera t-il le reste du monde petit à petit et mènera à la fin du monde, parmi autres plaies ?

  9. Egalité homme / femme, fort beau mais, le développement de chacun des sexe ne se fait pas au même rythme. Une fille est plus avancé que les garçons dont la puberté survient un peu plus tard. Tenir donc le même discours aux deux par classe d’âge est stupide et va à l’encontre d’un développement sans heurt. Ces pay et autres illuminés sontdans l’ignorance de ce que sont les jeunes mais veulent imposer leurs croyances et visions. C’est criminel pour le développement harmonieux des enfants.

    • oui et pour faire court, on n’aura pas le choix que de dire à nos enfants que ce qu’on leur a raconté à l’école est un mesonge et, pas le choix, de leur asséner que les transgenres, les homos etc……sont surtout des malades, contraires à la nature
      ….exactement tout le contraire de ce qu’on fait depuis de nombreuses années, dans une bonne éducation, pour expliquer justement que d’autres peuvent être différents de nous (parents et grands parents dans la famille) et qu’ils ne faut ni les juger ni les rejeter et que ça appartient à ces gens différets de vivre comme ils l’entendent.
      Je ne vois pas plus improductif que de provoquer, in fine, les parents et les grands parents pour oeuvrer à dégommer ces idées wokistes
      Fallait quand même le faire !!! nous conduire à être obligés de prendre un contre-pied radical qu’on n’a jamais voulu ! mais on sauve les meubles comme on peut et avec ce qu’on a

  10. Et après ça, on rend responsables les parents, qui récupèrent des enfants complètement perturbés par les propagandes idéologiques frappadingues de l’Education Nationale, pas seulement dans le domaine sexuel. On les rend responsables et on les accuse sans vergogne de tous les comportements boiteux ou graves de leurs progénitures.

  11. C’est avec de tels décisions tant tendancieuses du Conseil d’état qu’il ne faut pas chercher plus loin quel sont ses motivations cachée et profondes.

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