Rapport Blanchard sur les noms de rues : pour une diversité clientéliste à sens unique ?

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Le président de la République avait commandé un rapport à Pascal Blanchard, visant à proposer 318 noms de rues plus « diversitaires ». Un rapport remis en mars 2021 au gouvernement. Sans surprise, c'est une farce. Dans un entretien accordé au Figaro, Julien Volper, chercheur associé à l'Institut Thomas-More, explique, après avoir rendu une note intitulée Un communautarisme qui ne dit pas son nom, à quoi ressemblent ces odonymes absurdes, c'est-à-dire à aller à la pêche aux voix communautaristes. 17 % de ces 318 noms sont algériens ou en rapport avec l'Algérie, bien peu viennent d'Asie. La France a pourtant un passé colonial sur ces deux continents. Il y a peut-être moins de haine anti-français en ex-Indochine (peut-être parce que la France a perdu, d'ailleurs, mais n'épiloguons pas). On trouve peu de musulmans emblématiques, comme André du Ryer, dont parle M. Volper, premier traducteur français du Coran (1647) et converti à l'islam. Il faut dire que c'est un homme blanc et qu'il a vécu avant la date de naissance officielle de la France, en 1789.

Autre surprise : les départements et régions d'outre-mer sont cités comme s'il s'agissait de pays. Pourtant, les Antilles sont devenues françaises avant Nice ou la Corse. C'est surprenant. Peu de femmes également, alors qu'elles sont nombreuses à avoir laissé une empreinte importante dans l'Histoire de France : Olympe de Gouges, Jeanne Hachette, Jacqueline de Romilly, Charlotte Corday... sans parler (pitié !) des incontournables Marie Curie et Simone Veil, dont les noms ornent le fronton de milliers de collèges publics.

On voit bien, en fait, si l'on est un peu honnête, de quoi il est question ici. Deux projets sont à l'œuvre : le repli et la diversité clientéliste. Le repli, c'est la possibilité pour chaque communauté d'avoir son totem, sa place, son héros. Cela n'a rien à voir avec l'union nationale ; c'est même le contraire. La diversité clientéliste, c'est la priorité accordée à la couleur de peau (sinon, comment comprendre le statut des départements et régions d'outre-mer, vus comme des pays étrangers) : et quand la couleur de peau compte plus que la personne, il me semble qu'on appelle cela du racisme.

L'immense trompettiste Miles Davis, devenu raciste anti-Blanc sur ses vieux jours, prétendait qu'il pouvait reconnaître un musicien noir sur un disque de jazz, rien qu'au son. Il se trompait deux fois sur trois. Le talent seul doit compter, comme dans une écoute à l'aveugle. Mais Emmanuel Macron ne s'intéresse pas au talent des autres. C'est peut-être pour cela qu'il s'est entouré d'une équipe de seconds couteaux, de stagiaires d'école de commerce et, si l'on en croit Strauss-Kahn, d'après des propos rapportés par Davet et Lhomme dans leur dernier bouquin, Le Traître et le Néant, de « b...es ». Et c'est peut-être pour cela qu'il est prêt à tout, y compris à ce qui peut s'apparenter à du racisme d'État, pour mendier la considération des « quartiers », qui ne l'en mépriseront que davantage.

Quand, dans L'Écume des jours, Boris Vian situait ses personnages sur le boulevard Duke-Ellington, il était dans le vrai, plus qu'un Blanchard, dont les tristes victimes iront faire leurs courses rue Frantz-Fanon*. La politique mémorielle du Président, avec un tropisme algérien qui confine au masochisme (déclaration de « crime contre l'humanité » en parlant de la colonisation, rapport Stora) et un hommage à la « diversité » principalement conçue comme afro-maghrébine et non blanche, peut continuer... au moins jusqu'en mai 2022. Ensuite, on verra.

 

*NDLR : il en existe déjà une dans le 20e arrondissement de Paris.

 

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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