Qui est responsable de la situation ?

gilet jaune

La crise des gilets jaunes, qui en est à sa 9e étape, est révélatrice d'une vérité essentielle que nos dirigeants ont depuis longtemps oubliée. La politique doit servir exclusivement les exigences du peuple, et le personnel politique ne devrait avoir d'autre préoccupation que d'être au service de la communauté des citoyens. Or, au travers de l'expression des ego surdimensionnés des élites autoproclamées, qui ont en charge la direction des affaires, on voit bien que c'est tout le contraire qui fait loi, aboutissant à une exaspération populaire qui se traduit par une presque révolution.

Ce qui est en cause au premier chef est donc l'attitude hautaine et figée du pouvoir qui néglige les aspirations du plus grand nombre au profit de ses propres orientations établies sur des bases qui ne sont rien moins qu'un déni de démocratie. C'est là la violence initiale.

La manifestation des gilets jaunes, c'est d'abord la revendication légitime de la frange de tous ceux qui aspirent à pouvoir satisfaire leurs besoins primaires, c'est-à-dire pouvoir se nourrir, se loger se vêtir et se soigner dignement avec le produit de leur travail. Or, quand le gouvernement rogne sur les allocations des plus démunis et, dans le même temps, permet aux plus riches de s'exonérer des charges qui devraient leur incomber (suppression de l'ISF), il commet une double faute : l'injustice et la maladresse symbolique.

Celle-ci est le trait commun des décisions prises depuis quarante ans comme, par exemple, celle de privilégier la lutte contre l'inflation au détriment du niveau de l'emploi en ayant recours à une main-d'œuvre immigrée qui tire les salaires vers le bas et bouleverse l'ordre social.

Cette manifestation inédite par sa forme, par son ampleur et sa pérennité, c'est aussi une exigence en matière de démocratie. Les citoyens ont une demande de participation plus active à l'exercice du pouvoir parce qu'ils ont le sentiment avéré que les orientations décisives pour l'avenir sont non seulement contraires à leur volonté mais de surcroît jamais conformes au respect de l'intérêt collectif. Un certain nombre de décisions à caractère sociétal ont été prises qui modifient profondément le paysage communautaire français et sur lesquelles les Français ne se sont pas directement prononcés.

Ce qui est en cause, enfin, c'est l'inadéquation des institutions aux réalités d'aujourd'hui. La République, après de multiples modifications, s'est ancrée dans un régime à caractère présidentiel qui ne convient plus à l'état d'une France qui n'est plus tout à fait celle des premières heures de la Constitution de 1958.

Le premier magistrat de France, clé de voûte de tout le système et véritable monarque républicain, est aujourd'hui élu par défaut, par rejet de l'autre, et cette réalité ne devrait pas lui permettre de se sentir détenteur d'un blanc-seing pour agir sans contrôle. Ses électeurs, s'ils ont glissé un bulletin en sa faveur, n'en ont pas pour autant acquiescé à toutes ses propositions. L'affirmer serait une tentative de supercherie. Il conviendrait que soient établies des procédures de contrôle de légitimité à espace régulier.

Si l'on ajoute à tout ce qui précède la dérive narcissique des édiles dont le degré élevé d'égotisme les conduit à tous les écarts de langage et de comportement arrogant, on comprend bien que la révolte devient légitime et les excès inévitables.

L'insolence juvénile du Président et de ses acolytes et leur irrespect sont la véritable violence qui a conduit à la situation explosive d'aujourd'hui. Il est bon de leur rappeler qu'ils sont au service des Français mais que l'inverse n'est pas vrai.

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Jean-Jacques Fifre
Retraité - Ancien directeur administratif et financier dans le privé

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