Qui, au ministère de l’Intérieur, pour prendre la tête de la « reconquête républicaine » ?

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La France vit sous la menace permanente du terrorisme islamiste mais, à cette heure, la France n’a pas de ministre de l’Intérieur. Certes, le Premier ministre assure l’intérim, mais cela n’est qu’habillage administratif pour assurer la continuité de l’État à la tête d’un ministère régalien par excellence. Alors, qui va prendre la place ? Au passage, on notera que Jacqueline Gourault, le ministre MoDem sans portefeuille auprès du ministre de l’Intérieur, est restée sur le banc de touche pour cet intérim. Cela dit toute son importance dans le dispositif. François Bayrou appréciera. Les paris sont donc ouverts. Qui, pour succéder à Gérard Collomb ?

Manuel Valls aurait pu postuler. Il avait la carrure. Mais il a fait ses valises pour Barcelone et Emmanuel Macron n’avait peut-être pas trop envie de l’avoir dans les pattes. Alors, qui ? Il paraît que Christophe Castaner en rêve. Il paraît, aussi, que pour être ministre de l’Intérieur, il faut avoir une certaine envergure. Et puis, qui prendrait alors le machin en marche ? Le ministre des élections ne peut pas être le patron du parti de la majorité. Gérald Darmanin rêverait (cela fait beaucoup de monde qui rêve) aussi d’un grand ministère régalien. Mais on aimerait bien que celui qui a juré-craché que tout ira bien en 2019 avec le prélèvement à la source de l’impôt soit à son fauteuil pour rendre des comptes aux Français si, par malheur, cela ne marchait pas si bien. Une personnalité non politique, spécialiste de la sécurité ? Frédéric Péchenard, proche de Nicolas Sarkozy, ancien directeur général de la police nationale, n’a pas fermé la porte, déclarant au JDD, ce week-end, qu’"il y réfléchirait" si on lui proposait la place. On a même évoqué le général d’armée Denis Favier, ancien directeur général de la gendarmerie. Ce serait une première sous la Ve République. Le fait que l’on réfléchisse à des personnalités non politiques révèle bien les failles du dispositif mis en place par Emmanuel Macron.

Alors qui ? Jean-Yves Le Drian ? Pourquoi pas. L’homme est solide, fiable et au fait des questions de sécurité. Ce ne serait pas la première fois qu’un ministre enchaîne plusieurs ministères régaliens. On se souvient de Michèle Alliot-Marie, qui passa de la Défense à l’Intérieur en 2007. Mais alors, qui aux Affaires étrangères ? Bruno Le Maire s’y verrait sans doute. Et Gérald Darmanin pourrait monter d’un cran à l’Économie en gardant la charge des Comptes publics, flanqué d’un secrétaire d’État.

En tout cas, il faut à ce poste un homme - ou une femme – à la hauteur pour prendre la tête de cette "reconquête républicaine" évoquée par Gérard Collomb dans son discours d’adieu à Beauvau. Les reconquêtes (en espagnol Reconquista) ne se font pas dans l’angélisme. Point positif, si l'on peut dire, de cette démission après plusieurs jours de guignolade : le tableau sécuritaire de notre pays dressé par le ministre sortant dans sa courte allocution. Un tableau terrible où l'on voit que la "loi du plus fort", celle des islamistes et des trafiquants, s'impose dans maints quartiers de notre territoire. Un tableau qui signe, en quelque sorte, son échec et, donc, celui d’Emmanuel Macron, mais surtout qui a de quoi inquiéter les Français.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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