Quand l’Éducation nationale constate elle-même l’effondrement de l’orthographe…

salle classe vide ecole

On reproche souvent à notre école l’effondrement du niveau des mathématiques. L’étude qui vient de paraître rétablit l’équité : le niveau du français s’effondre aussi. Pas de jaloux ! Rassurons-nous, nos pédagogistes ont bien tout démoli sans rien oublier derrière eux.

Il leur sera difficile, cette fois, de hurler à la « fake news » et au complotisme venu des méchants réacs : les éléments sont dévoilés par… le ministère de l’Éducation nationale lui-même. Dans une « note d’information » toute chaude, les fonctionnaires du bon monsieur Pap Ndiaye parlent clair : « Les élèves évalués, dans le cadre d’une dictée, au cours moyen deuxième année (CM2) en 2021 ont de moins bons résultats en orthographe que ceux évalués en 1987, 2007 et 2015. » Boum !

On a désormais le recul pour évaluer les fabuleuses trouvailles de la réforme Haby, sortie en 1974 et censée apporter la lumière des hommes intelligents aux pauvres instituteurs obscurs d’autrefois. Oublié, le professeur juché sur une estrade, en blouse grise et cravate, détenteur du savoir et qui en faisait partager les richesses à des élèves plus ignorants que lui. Avec Haby, puis avec les pédagogistes, c’était bien plus complexe, bien plus intelligent, bien plus « moderne » quoi. L’élève ne s’instruisait pas tout seul, non, ce serait trop simple. Il construisait lui-même ses apprentissages dans un cadre habilement tricoté par un maître devenu copain, à la fois présent et discret, chargé d’accoucher sa classe d’un savoir qu’elle était avide de s’approprier, bien sûr. Ainsi, l’élève serait-il savant et épanoui.

Près de cinquante ans plus tard, l’Éducation nationale revient donc sur Terre. L’élève est certes épanoui, si épanoui qu’il n’hésite pas à injurier son professeur, mettre les pieds sur la table, écouter son téléphone en cours, regarder le match, voire trafiquer de la drogue ou cultiver un islamisme de bon aloi.

Pour l’étude savante, en revanche, on repassera. La note du ministère s’appuie sur une dictée donnée aux enfants sur un modèle identique à plusieurs années de distance : une dizaine de lignes à chaque fois, 67 mots et 16 signes de ponctuation. « En 2021, les élèves font en moyenne 19,4 erreurs, contre 18 en 2015, 14,7 en 2007 et 10,7 en 1987, relèvent paisiblement les auteurs. La baisse des résultats continue de concerner l’ensemble des élèves, quels que soient leur sexe et leur âge. »

La balance ploie sous les échecs : la part des bons élèves, ceux qui font peu de fautes d’orthographe, s’est effondrée : la proportion des élèves dont la copie comptait cinq erreurs ou moins est tombée de 30,7 % en 1987 à 15,6 % en 2007, pour atteindre… 7 % en 2021 ! A contrario, le bataillon des massacreurs de l’orthographe, ceux dont la copie est maculée de rouge, s’est, lui, considérablement élargi : les copies de 15 fautes ou plus sont passées de 26,2 % en 1987 à 45,7 % en 2007 pour atteindre 63 % en 2021 ! Plus de six élèves sur dix auraient porté le bonnet d’âne dans les classes des instituteurs d’autrefois. « La baisse constatée pour chaque période d’observation entre 1987 et 2015 se poursuit en 2021, mais de façon moins marquée, se rassure le ministère. Ainsi, les compétences orthographiques mesurées diminuent, mais moins qu’à la période précédente. » C’est certain qu’à partir d’une faute par mot, il devient difficile d’aggraver les statistiques. Des mesures confirmées par d’autres. Par le classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), par exemple, qui fait référence dans le monde : la France est passée, entre 2000 et 2018, du 15e au 23e rang sur 41 pour la lecture, du 11e au 25e rang pour les maths et du 13e au 25e rang pour les sciences. Un succès complet !

Robert Redeker, dans L’École fantôme, ou Jean-Paul Brighelli ont bien démonté la mécanique : « Comprenons-nous bien, écrivait Brighelli dans une tribune parue dans Le Point, en novembre 2014, titrée « Comment les pédagogistes ont tué l’école »Ce qui se joue depuis trente ans, c'est la mort programmée de l'école - ça, c'est quasiment acquis - et, en sous-main, la mort décidée de la France - ou tout au moins son déclin. »

Il s’agit bien de cela. Pendant des décennies, nos pédagogistes ont patiemment détruit l'école et sapé l'avenir du pays. Et comme « une fois qu'on a franchi les bornes, il n'y a plus de limites », certains font aujourd'hui la morale à... Gabrielle Cluzel ! Combien de destins d’élèves saccagés, de professeurs amers, poussés à bout par la négation même du sens de leur métier, cassés par les inspections pour avoir tenté de résister à ce rouleau compresseur cruel et désastreux qu’il fut si longtemps interdit de critiquer ?

Soyons justes. Les trissotins démolisseurs de l’école n’ont pas été aidés par un deuxième facteur : difficile de modeler des petits Rimbaud quand la classe tient de la tour de Babel et que bien des élèves n’articulent pas un mot de la langue de leur pays d’accueil. Mais justement, ce sont les mêmes. Les mêmes gouvernements, depuis 1974, ont sorti le rasoir double lame : ils se sont patiemment attachés à démolir le principal outil d’intégration des immigrés, l'école, tout en ouvrant toujours plus grandes nos portes au monde entier et pas seulement aux élites intellectuelles suisses. La responsabilité politique, la responsabilité devant l’Histoire de ces gouvernants démolisseurs est immense.

Mais il n'est pas dit que les victimes ne se retournent pas un jour contre ces politiques irresponsables, qu'ils ne collent pas un jour le bonnet d'âne à Macron et ses prédécesseurs. Le devine-t-il ? Quand ses services sonnent le tocsin, Emmanuel Macron, lui, accélère la course, nomme le wokiste Pap Ndiaye, nivelle les vieux et prestigieux établissements publics (Henri-IV, Louis-le-Grand...), accueille plus d'immigrés, comme lancé dans une course suicidaire à haut risque, dans un mauvais remake de La Mort aux trousses. Le happy end n'est pas garanti...

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

53 commentaires

  1. quand on a plus les mots pour se faire comprendre, reste les beuglements, la violence et la frustration !
    Einstein a dit que s’il y avait une 3ème guerre mondiale, elle se ferait à coup de gourdins et de batons…. on y va…

  2. Il n’y a pas que l’orthographe mais aussi le français oral , parlé ! Remarquez… à la TV même ceux qui sont censés être instruits, ne font plus aucune liaison. A savoir ce que ça donne en dictée quand il y a un pluriel ?? On est loin du film avec Fernandel, instituteur … » Les moutonsss paissssennnt….
    ..

  3. On fabrique des crétins inemployables, imbus de leur personne, agressifs et obtus, qui désormais se caractérisent, faute de personnalité et de culture, par la consommation à outrance et l’affichage de signes extérieurs (vêtements de marque, téléphone, coiffures délirantes, piercings, tatouages, …) pour cacher leur pauvreté intellectuelle. Ils sont tellement paumés qu’ils ne savent même plus s’ils sont homme ou femme … Par contre on a toujours une petite élite qui fréquente les bonnes écoles, lit les bons livres, voit les bons films, obtient les bons diplômes et bien sûr les bonnes places, les bons salaires et habite les beaux quartiers préservés des bienfaits de la diversité.

  4. Je me rappelle la crainte des cinq fautes car la note tombait immédiatement ZÉRO et j’en ai eu mais, ça fait du bien maintenant, car « ils » m’ont appris ces « vieux prof à l’ancienne » à écouter, lire, écrire, parler correctement, compter et surtout TRAVAILLER pour obtenir un minimum de savoir intelligent, ce qui n’est pas le cas d’un grande majorité qui m’entoure actuellement….. Dommage !!!!

  5. Retour à l’âge de pierre , les professeurs ont cédé au langage arabo franglais des banlieues accent compris , le résultat est là

  6. Qui perd sa langue perd son identité ! Ecrire comme un cochon, parler comme une vache espagnole… de borborygmes en onomatopées, on y est… Néandertal, le retour annoncé !!!

  7. Dans un pays sous-développé, ce qu’est devenue la France, il ne fallait pas s’attendre à autre chose.
    Et si il n’y avait que l’effondrement de « l’ortografe », cela pourrait se corriger avec un peu de volonté politique, mais cela est loin d’être le cas. L’effondrement va continuer jusque la disparition de la langue française et comme dans certains continents, il y aura des centaines de tribus parlant chacune leur dialecte, et s’entretuant à l’occasion !
    Certainement une volonté venu de l’europe pour ne pas dire plus, de détruire les peuples et les remplacer par une sorte de melting-pot ingérable du point de vue humain, mais extrêmement plus économiquement.
    Le grand remplacement que nous vivons actuellement n’en est que les prémices !

  8. Pas besoin d’aller dans des banlieues « multiculturelles » pour constater ce désastre, dans nos bourgs de province, écoles privées et publiques confondues, c’est du pareil au même : en CM2, ils ont bien du mal à lire, l’écriture est bourrée de fautes d’orthographe et surtout de français, ils confondent les mots, ne savent pas ce qu’est la ponctuation (et que dire des liaisons… En gros, ils ne comprennent pas ce qu’ils lisent ou ce qu’ils sont censés écrire…. Évidemment, ils ne risquent pas d’être familiarisés avec les mots (même les plus courants) vu qu’ils ne lisent pas ou très très peu. Les tablettes et smartphones avec les jeux vidéo et les « réseaux sociaux » sont autant d’outils de crétinisation des individus, en particulier des enfants. Ils sont malheureusement mis à disposition par des parents dont déjà beaucoup ne maîtrisent pas la langue et qui, surtout, ne s’occupent pas de leurs enfants pour les faire travailler à la maison, les faire lire, et donc les faire progresser. Bien sûr, il y a des exceptions, en particulier justement ceux dont les parents s’attachent à leur instruction et leur éducation, mais ils sont rares. C’est une catastrophe nationale à venir, tant le niveau intellectuel est en baisse, tant pour la pratique des métiers dits « intellectuels » ou scientifiques que pour les métiers dits « manuels » qui requièrent compréhension, imagination, initiative et précision. Quant au calcul, c’est idem… Combien de soit-disant bacheliers (avec ou sans mention) seraient aujourd’hui capables de passer le « certificat d’études » (certificat de fin d’études primaires !) des années 60 et avant ?….. Il est plus que temps de reprendre les choses en main, du côté de l’état (l’instruction) et du côté des familles (l’éducation).

    • Vous parlez des « fote dortografe » mais j’ai dû intervenir auprès de mes petits-enfants car ils n’envoyaient des sms dans leur charabia avec en lieu et place des mots, des espèces de trucs et quantité de smileys, je devrais dire des petites figurines pour rester français. Avec un tel langage comment voulez-vous qu’ils sachent écrire, parler, avoir une culture générale quelque peu développée ? Et que dire de ceux qui ne parlent le français qu’à l’école !

  9. Le Français récupère ses lettre de noblesse et on pourrait s’en réjouir si ce n’était pas si tard!
    Quand j’étais collégienne, dans les années 70, les maths étaient considérés comme la reine des matières : il suffisait d’être bon en math pour que toutes les portes s’ouvrent et qu’importe le niveau dans les autres matières.
    Les filières littéraires récupéraient alors d’office les mauvais en maths, sorte de rebus de l’orientation !
    Dommage d’avoir sous estimé ainsi la culture générale et littéraire qui font ensuite défaut toute la vie et leur avoir privilégié la culture des  » patates »(les maths modernes)

  10. C’est toute la lttérature qui va disparaître .Un texte avec une orthographe fantaisiste ou personnelle est incompréhensible .
    On va reconstruire une nouvelle tour de Babel(oued)

  11. la descente de l’orthographe remonte en 1974 je cois , quand ils ont changé la méthode d’apprentissage de la lecture , je m’en souvient , beaucoup d’élèves de la classe de CP de mon fils ont redoublé ( 10 sur 15 ) , cette année là changement d’instit et de méthode fut catastrophique !!

  12. Ce plan suit une volonté délibérée de tuer la France et l’Occident alors toutes ces larmes de crocodile sont comiques.
    Lisez Brighielli .Tout est dit .

  13. Le minimum serait que les responsables de ce désastre soient frappés d’indignité nationale. Les élèves passés et présents ont le droit de savoir qui les a conduit au déclassement.

    • Le problème est que les élèves passés ou présents ,n’ont pas conscience qu’on les a mené au déclassement.Pour paraphraser notre regretté Coluche :: » l’intelligence, pourvu qu’on en soit pourvu , on pense qu’on en à toujours assez vu que c’est avec ça qu’on juge « . Vous n’avez qu’à remplacer le mot « intelligence »par celui «  d’éducation »

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