Quand Christophe Deloire, nouveau patron de RSF, faisait du Le Pen dans le texte

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Quand on veut grimper au cocotier, c’est mieux d’avoir la culotte propre. C’est cet adage que Christophe Deloire, l’actuel président de Reporters sans frontières, aurait pu méditer avant de partir en croisade contre CNews, chaîne d’information désormais au cœur de toutes les attentions politico-médiatiques.

En effet, que penser de son passage à l’émission Salut les Terriens, animée par Thierry Ardisson, en novembre 2004 ?

Là, mettant ses pas dans ceux de Jean-Marie Le Pen, il met en garde contre l’islamisation rampante de nos banlieues. Un discours que continuera ensuite de tenir Marine Le Pen puis Éric Zemmour, avec plus de virulence encore. Qu’on en juge : « Dans certains quartiers ils veulent changer la société et instaurer la charia. Dans certains quartiers certains élèves refusent les sapins de Noël. D’autres refusent d’aller au Mont Saint-Michel car ils estiment que c’est un lieu qui est religieux. De même, pendant le Ramadan, dans les lycées et les collèges, certains se postent à la sortie des cantines pour vérifier que des musulmans ne vont pas manger. Certains rêvent de transformer la France en République islamiste ! En tout cas, ils en rêvent. »
 
L’arrivisme pour seule feuille de route…

Alors, comment expliquer ce brusque revirement ? Robert Ménard, fondateur historique de RSF nous répond : « Je ne saurais lui reprocher ce qu’il a dit il y a vingt ans. Moi-même, si on me ressortait mes déclarations de l’époque, je serais peut-être tout aussi embarrassé. En revanche, ce qui est sûr, c’est que Christophe Deloire a toujours été “mainstream”, en ce sens où il entend complaire à l’air du temps. Et comme ce dernier est de gauche, il campe donc à gauche. »

À en juger de son pedigree, voilà qui n’est pas faux. Car voilà un homme qui entend réussir. Et vite. En 2012, il se sert de RSF comme d’un marchepied ; ce qui lui permet, trois ans plus tard, de prononcer un discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU, relatif à la protection des journalistes.

Pour se donner un lustre de justicier, il sort ensuite le documentaire, Système B, consacré aux activités de Vincent Bolloré en Afrique. Lesquelles seraient, à l’en croire, si bien protégées, qu’il serait périlleux de les évoquer.

Et voilà qui nous entraîne vers un autre sujet tout aussi brûlant : la possession de journaux et de télévisions par des groupes industriels, ce qui est par exemple interdit aux USA.

Il est vrai qu’à ce compte, il était délicat pour Le Monde de critiquer Yves Saint-Laurent quand Pierre Bergé était l’un des principaux actionnaires de ce quotidien vespéral. Qu’il est tout aussi coton de se pencher sur les coulisses de la multinationale Bouygues quand on travaille à TF1, sur celles de Dassault quand on émarge au Figaro. Pis, évoquer les possibles turpitudes de Bernard Arnault, patron de LVMH (le principal annonceur de la presse française, donc), mais surtout des Échos et du Parisien, ne doit pas être joyeux non plus.

Robert Ménard, interrogé sur ce mélange des genres, remarque : « La presse française perd de l’argent de manière chronique. Pour qu’elle survive, au moins faut-il trouver des gens assez riches pour accepter de perdre de l’argent… » À ce titre, Vincent Bolloré n’agit pas autrement que ses confrères fortunés ; à ce détail près qu’il est de droite.
 
Même Libération s’interroge…

Cela, Christophe Deloire l’a évidemment compris, en lui réservant ses seules attaques. Ce qui peut aussi expliquer qu’Emmanuel Macron l’ait nommé, en novembre 2023, à la tête des États-généraux de l’information. Ce qui faisait alors dire au quotidien Libération, dans un élan de lucidité qu’on ne lui connait pas toujours : « Comment le secrétaire général de l’ONG de défense de la liberté de la presse, toujours prompte à dénoncer la bollorisation des esprits ou les atteintes au secret des sources, va endosser ce rôle d’arbitre. » La question est depuis demeurée sans réponse. Mais il est vrai que pour Christophe Deloire, Reporters sans frontières est un peu devenu Reporters avec muselière.

En revanche, Daniel Schneidermann, sur son site, Arrêt sur images, ne s’embarrasse pas de telles considérations, volant au secours d’un Christophe Deloire quelque peu malmené par le pétulant Pascal Praud sur CNews, ce mardi 13 février. Car pour lui, la cause est entendue : « Parmi les invités non politiques de CNews, l’extrême droite accapare 40 % du temps de parole, contre 17% pour l’ensemble des chaînes. » Hormis le fait que grand gourou télévisuel s’abstienne de définir ce qu’est cette fameuse « extrême droite », on constatera, à la lecture des sondages relatifs aux prochaines élections européennes, que le total du résultat promis aux listes de Jordan Bardella, Marion Maréchal et Nicolas Dupont-Aignan avoisine les… 40 %. Ce qui fait donc de CNews une chaîne particulièrement représentative des opinions du peuple français ; ce qui n’est pas tout à fait le cas de ses concurrentes.

Mieux, et là où Daniel Schneidermann devrait se féliciter, c’est quant aux 60 % de chroniqueurs et d’éditorialistes restants : 40% « d’extrême droite » contre 60% de rétifs à « l’extrême droite » ? Voilà qui place donc CNews en tête de podium de « l’antifascisme », fut-il de café du commerce. Ou alors, c’est à n’y plus rien comprendre.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Va t-on mettre les États généraux de l’information au garage ?
    Entre le vice président qui démissionne pour un procès en harcèlement moral .
    Un machin macroniste qui sert a rien

  2. C’est la France dans toute sa splendeur, la macronie et LFI ont peur donc ils choisissent un personnage pour ne pas dire un pantin aveuglé par son idéologie pour faire taire les opposants, comme Staline à fait en URSS

  3. Les c*ns, ça ose tout, mais lui, il ne peut même pas oser grand chose. Il n’en a même pas même pas les moyens intellectuels

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